Ethnologue : une image stéréotypée du Tibet bien loin de la réalité (INTERVIEW)

Publié le 2015-03-12 à 17:02 | french.xinhuanet.com

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BERLIN, 12 mars (Xinhua) -- L'ethnologue allemand Ingo Nentwig, qui a passé plus d'un mois au Tibet, où il a vécu avec un gardien de troupeau et sa famille pendant plus d'une semaine, a déclaré que l'image stéréotypée qu'ont les Occidentaux sur le Tibet est bien loin de la réalité.

Dans un récent entretien accordé à Xinhua, M. Nentwig a discuté de son voyage au Tibet en juin 2002. Il était alors chargé du contenu est-asiatique des expositions du Musée d'ethnologie de Leipzig.

La collection d'objets tibétains du musée était principalement constituée d'objets religieux. Estimant que la culture tibétaine n'était pas seulement liée à la religion, il s'est rendu au Tibet pour une étude sur le terrain.

Dans un petit village de la préfecture de Nagqu, à une altitude d'environ 4.800 mètres, M. Nentwig a fait l'expérience de la vie quotidienne d'un gardien de troupeau en vivant avec sa famille pendant plus d'une semaine.

Cette famille possédait 20 yaks, environ 80 chèvres et moutons, et deux chevaux. Il a documenté toutes leurs activités liées à la production et à la consommation de produits laitiers.

"Ce que vous entendez peut être faux, ce que vous voyez est vrai", a-t-il dit.

Afin d'avoir une vue globale de la manière de penser tibétaine, il a tenté de rencontrer des personnes de tous les milieux, dont des anciens aristocrates, des officiels du gouvernement tibétain, des universitaires, des moines, et des chauffeurs.

Il s'est rendu à Lhassa, capitale de la région autonome du Tibet, pour rencontrer des universitaires de l'Université du Tibet, de l'Académie tibétaine des Sciences sociales, du musée du palais Potala et du musée du Tibet.

Ce voyage lui a aussi permis d'être le témoin du damage de l'argile Aga durant la rénovation du temple Jokhang dans la préfecture de Maizhokunggar, et des débats de sutra au monastère de Sera près de Lhassa.

A travers ces contacts, il s'est rendu compte que la plupart des rumeurs à propos du Tibet étaient fausses.

Les Tibétains moyens, comme les personnes des autres groupes ethniques en Chine, sont terre à terre et ont les même joies et tristesses que les autres personnes, a indiqué M. Nentwig. Les différences se retrouvent surtout dans les traditions et comportements culturels.

A part des déformations de la vérité délibérées et une propagande anti-Chine, il y aussi de fausses idées en Occident telles que la confusion entre modernisation et "sinisation" quand on parle de projets d'infrastructures modernes ou de nouvelles publications, précise M. Nentwig.

Un exemple pour illustrer cela serait le chemin de fer entre Xining, dans la province du Qinhai, et Lhassa. Certaines critiques sont apparues arguant qu'il s'agit d'un outil pour le mouvement de migration d'un grand nombre de Chinois de l'ethnie Han au Tibet soutenu par le gouvernement. "Mais j'ai trouvé beaucoup de moines tibétains parmi les voyageurs (...) Ce chemin de fer rend vraiment le voyage au Tibet plus facile, et il rend aussi la tâche beaucoup plus facile aux pèlerins tibétains voulant voyager à travers le Tibet", a indiqué M. Nentwig.

"La construction de chemins de fer, d'usines, et d'autres projets de développement locaux fait juste partie d'un processus de modernisation normal, et ils ne sont pas des éléments de sinisation", a-t-il ajouté.

Selon l'universitaire allemand, le soi-disant "génocide culturel" au Tibet ne sont que des inepties.

"C'est un fait que le groupe de l'ethnie Han est le plus grand des 56 groupes ethniques de Chine. Il est ainsi normal lors de la modernisation de la Chine d'avoir plus ou moins d'éléments culturels Han. Mais la rencontre d'une grande variété de cultures bénéficie et inspire les cultures des minorités ethniques", a-t-il noté.

En 2008, le Tripitaka tibétain, un ensemble des 232 volumes du canon bouddhique, a été publié en caractères tibétains par le Centre de recherche tibétologique de Chine après plus de 20 ans d'efforts d'assemblage des experts.

M. Nentwig a cité cela comme un bon exemple des efforts de la Chine pour protéger et promouvoir l'ancienne culture tibétaine.

Il a souligné qu'avant les années 1950, le Tibet avait peu de livres exceptés les classiques religieux, mais qu'il existe maintenant une grande variété de publications tibétaines de classiques de la philosophie, de littérature occidentale, et de littérature scientifique moderne.

"La culture n'est pas seulement la religion. Les Tibétains ont maintenant de parfaites conditions pour apprécier une véritable vie spirituelle avec leur propre langage. C'est vraiment un développement important", a commenté l'ethnologue allemand.

"Dans toutes les cultures, la préservation dans son propre intérêt sans renouveau ne peut mener qu'au déclin. Pour la culture tibétaine, les rencontres et l'échange avec les cultures d'autres groupes ethniques chinois, dont les Han, lui permettront de survivre et de prospérer sur le long-terme", a conclu M. Nentwig.

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