7% ou moins, ce n'est un cauchemar ni pour l'économie chinoise, ni pour le monde (COMMENTAIRE)
Publié le 2015-02-06 à 21:32 | french.xinhuanet.com
BEIJING, 6 février (Xinhua) -- Selon certains observateurs internationaux, l'année 2015 sera un tournant décisif pour l'économie chinoise, qui présente la croissance la plus faible que cette économie émergente dynamique a vue depuis des décennies.
En outre, la Banque populaire de Chine, banque centrale chinoise, a récemment réduit le ratio de réserves de dépôts des banques commerciales, action interprétée par certains analystes de marché comme un autre signe négatif pour l'économie chinoise.
Pour l'Occident, la croissance à deux chiffres de la Chine des dernières trente années était inimaginable. Cependant, quand elle a commencé à ralentir à un niveau plus ordinaire, le monde a semblé être pris au dépourvu.
Pendant longtemps, il y a eu un "complexe de rapidité" en Chine.
"Le PIB de la Chine augmente à son rythme le plus lent depuis 24 ans", "Fin de l'essor chinois"... ces commentaires négatifs ont fait les unes internationales quand la Chine a annoncé le mois dernier que la croissance de son PIB avait ralenti à 7,4% en 2014.
Il y a eu de nombreuses discussions quant à l'entrée du taux de croissance de la Chine dans la dénommée "ère du six", c'est à dire dans un rayon entre 6 et 6,9% de croissance. Plus récemment, le Fond monétaire international (FMI) a revu à la baisse les taux de croissance de la Chine pour 2015 et 2016, qu'il a estimés respectivement à 6,8% et 6,3%.
Malgré tout, le FMI a remarqué des signes positifs pour l'économie chinoise. Le représentant en chef du FMI à Beijing, Alfred Schipke, a déclaré aux médias que le secteur des services a joué un rôle plus important dans l'économie chinoise, avec une augmentation de la consommation domestique, et la mise en oeuvre du processus de désendettement des secteurs immobilier et financier.
Plusieurs médias internationaux ont par la suite répété cette information. On pouvait lire dans un article récent publié par le média allemand Spiegel Online "Le ralentissement de la croissance chinoise est une bonne chose!" C'est le prix que la Chine doit payer pour la mise en oeuvre de ses réformes, réduire ses coûts environnementaux, réduire le risque d'éclatement de la bulle immobilière, et empêcher l'élargissement de l'écart entre les revenus, indiquait l'article.
Certains économistes avaient déjà remarqué que le ralentissement actuel de l'économie chinoise était en partie un choix prudent des responsables politiques.
Un taux de croissance plus bas, de 7%, "est un choix judicieux" du gouvernement chinois, déclarait Michael Spence, lauréat du Prix Nobel, à Xinhua en mars 2010, alors que le "Douzième plan quinquennal" était grandement discuté en Chine.
L'économie chinoise a besoin de garder " un calme stratégique" et de s'adapter à la "nouvelle norme", a commenté le président chinois Xi Jinping sur l'économie chinoise, commentaire ayant reçu un fort soutien.
Cependant, des critiques et des doutes apparaissent à propos de la Chine.
"A trop emprunté, a trop construit", pouvait-on lire dans un récent éditorial dans le Financial Times faisant part des ses fortes inquiétudes à propos de l'économie chinoise. Ils se demandent si le logement, la dette des gouvernements locaux, et les risques financiers ne vont finalement pas causer une crise du chômage, qui est un sujet clé pour les législateurs chinois.
La Chine a cependant répondu à ces questions.
Le taux d'épargne de la Chine est à plus de 50%, et le gouvernement chinois est capable d'assurer qu'il n'y aura aucun risque financier régional ou systémique, a affirmé le Premier ministre chinois Li Keqiang lors du Forum économique mondial tenu en janvier en Suisse.
Durant plusieurs années consécutives après que la crise financière a commencé en 2008, la Chine a été le premier contributeur à la croissance économique mondiale.
Quant au marché du travail, la création d'emploi en zone urbaine en Chine a augmenté de 13 millions d'emplois l'an dernier, alors que l'économie était en baisse.
La Chine devrait se soulager du fardeau de garder son taux de croissance à 8% ou 7%, suggèrent plusieurs stratèges économiques.
Huang Yiping, vice-président de l'Ecole du développement national de l'Université de Beijing, a souligné que la connection entre emploi et croissance n'était pas si proche que ce que l'on croit. Même si la croissance chinoise diminue à 6%, cela ne serait pas la fin du monde pour le marché du travail chinois, a-t-il indiqué.
Pour ceux qui suspectent que la Chine puisse faire faillite, la nouvelle observation de Paul Krugman, ancien gagnant du Prix Nobel, pourrait les faire réfléchir.
"Est-ce que la Chine va céder?", a-t-il écrit dans les colonnes du New York Times en décembre 2011. Peut-être y croyait-il à ce moment.
Cependant, il semble avoir récemment trouvé une réponse différente à sa question. Il a annoncé au public chinois à Shanghai que la Chine avait désamorcé avec succès une partie des risques financiers, et ce en partie grâce aux efforts du gouvernement chinois et des autorités de régulation. Bien qu'il y ait des bulles d'actifs et des risques de croissance moindre, les perspectives à long-terme de l'économie chinoise sont positives, a souligné M. Krugman.
Certains observateurs internationaux indiquent que pour la Chine, il n'y a aucun besoin de s'infliger un objectif de croissance à 7%.
Ce ne sera un cauchemar ni pour la Chine, ni pour le monde, que de dire au revoir à "l'ère du sept (pour cent de croissance)".
"Nous devrions dépasser ce 'complexe de rapidité'," a déclaré Xie Lujing, analyste supérieur du marché de capitaux chinois et directeur du département de Développement stratégique de China Business News. "Nous ferions mieux d'accueillir un 6% sain plutôt qu'un faux 10%", a-t-il ajouté.