Le Soudan du Sud accuse les sanctions imposées par les États-Unis d'entraver les progrès de la paix

French.xinhuanet.com|Publié le 2019-12-14 à 07:03
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JUBA, 13 décembre (Xinhua) -- Le Soudan du Sud a déclaré vendredi que les sanctions récemment imposées par les États-Unis à certains de ses représentants compromettent les progrès de la paix.

Le ministre de l'Information Michael Makuei Lueth a accusé Washington d'entraver le processus de paix en cours en imposant des sanctions et des restrictions en matière de visas à des personnes qui, selon les États-Unis, s'opposent à un processus de paix encore fragile.

"La position du gouvernement américain est très claire, ils ne sont pas pour la paix au Soudan du Sud. Chaque fois qu'ils voient des progrès se réaliser au Soudan du Sud, ils ont tendance à les contrecarrer", a déclaré M. Makuei aux journalistes à Juba, au terme d'une autre rencontre entre le président Salva Kiir et Riek Machar.

Washington a également rappelé récemment Thomas Hushek, l'envoyé au Soudan du Sud, pour de nouvelles consultations après que MM. Kiir et Machar ne sont pas parvenus, le 12 novembre, à former le gouvernement transitoire d'union nationale.

"S'ils veulent la paix au Soudan du Sud, il n'y a aucune raison pour qu'à chaque fois que nous faisons des progrès, ils trouvent quelque chose pour anéantir les progrès réalisés", a-t-il ajouté.

Depuis 2017, les États-Unis imposent des sanctions et des restrictions de voyage aux représentants du gouvernement et de l'opposition sous prétexte qu'ils ont alimenté le conflit qui dure depuis cinq ans et font obstacle à la mise en œuvre de l'accord de paix revitalisé signé en septembre 2018 en Éthiopie, ont fait remarquer des observateurs locaux.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré jeudi qu'il refuserait de délivrer des visas aux personnes compromettant ou entravant le processus de paix au Soudan du Sud.

Les propos de M. Pompeo s'inscrivent dans le droit fil de la récente restriction de voyage imposée par le département d'État américain à cinq agents des services de renseignement du Soudan du Sud accusés d'avoir organisé, en 2017 dans la capitale kényane, l'enlèvement de deux opposants au gouvernement.

Les États-Unis accusent les cinq agents du meurtre d'Aggrey Idri, membre du SPLM-IO (Mouvement populaire de libération du Soudan - Opposition), dirigé par MM. Machar et Dong Samuel Luak, avocat spécialisé dans les droits de l'homme à Juba, ce que le gouvernement dément.

"Bien sûr, c'est la position du gouvernement américain, ils sont libres de décider de ce qu'ils veulent faire, mais pour nous ici, nous ne sommes même pas intéressés par les voyages", a souligné M. Makuei.

Les sanctions ciblent des fonctionnaires du gouvernement, mais épargnent ses opposants, notamment l'ancien chef de l'armée Paul Malong, qui était également sanctionné par les États-Unis, en les laissant circuler librement sans restriction, a dit le ministre sud-soudanais.

"Si les Américains étaient intéressés par la mise en œuvre de la paix, ils n'auraient pas mis tous ces obstacles pour entraver le processus (de paix), le paradoxe est qu'ils décrètent des restrictions pour d'autres personnes et qu'en même temps, Paul Malong, qu'ils ont sanctionné, est désormais libre et qu'ils ne le mettent pas en cause", a indiqué M. Makuei.

Le Soudan du Sud est entré en conflit en décembre 2013, après que le président Salva Kiir a limogé son adjoint Machar, ce qui a conduit à des combats entre les soldats loyaux envers leurs dirigeants respectifs.

MM. Kiir et Machar devraient former le gouvernement transitoire d'union nationale en février 2020.

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