(Avis d'invités) Les "connaisseurs de la Chine" connaissent-ils vraiment la Chine ? - Xinhua - french.news.cn

(Avis d'invités) Les "connaisseurs de la Chine" connaissent-ils vraiment la Chine ?

French.news.cn | 2025-12-04 à 22:34

Par Yi Fan

BEIJING, 4 décembre (Xinhua) -- "Tout ce que nous entendons est une opinion et non un fait. Tout ce que nous voyons est une perspective et non la vérité". Ces mots de Marc Aurèle, écrits il y a plus de 1.800 ans, retrouvent une actualité troublante à l'heure où les fausses informations sur la Chine se multiplient.

Nous avons parfois l'impression de connaître presque aussi bien un pays lointain que notre voisin de palier. Mais si cette connaissance repose sur des études et reportages non objectifs, ne risquons-nous pas de vivre dans un univers parallèle, une sorte de Truman Show géopolitique ?

C'est précisément l'alerte lancée par le think tank américain RAND dans son rapport Stabilizing the US-China Rivalry, qui montre comment la mauvaise traduction de textes officiels chinois a pu fausser la perception de la Chine et perturber l'élaboration de politiques à son égard.

LA CHINE, VICTIME DE MAUVAISES INTERPRETATIONS

Certains intellectuels chinois ont évoqué l'éventualité d'un rapport de forces complexe et parfois tendu pour une longue période entre la Chine et les pays occidentaux vu leurs différences en termes de système politique et d'idéologie. Ces analyses s'inscrivent dans une logique de sécurité nationale et dressent un constat alarmant qui appelle à un renforcement de la résilience du pays face aux risques, ce qui est une nécessité pour n'importe quel pays. Cependant, aux yeux de certains "connaisseurs de la Chine", c'est une preuve de la volonté chinoise de rechercher une "confrontation violente" avec des pays qui ne sont pas de son camp.

Le terme chinois fabao, très présent dans les documents officiels, en est un autre exemple. Certains sinologues occidentaux le traduisent par "arme magique", ce qui lui donne une connotation guerrière et destructrice. Or, ce mot d'origine bouddhique signifie un outil, une méthode ou une expérience efficace pour la gouvernance de l'Etat, l'édification du Parti ou d'autres contextes politiques. En effet, les véritables connaisseurs de la Chine savent que dès la période des Royaumes combattants d'il y a deux mille ans, les philosophes chinois ont avancé l'idée de l'"amour universel" et de la "non-agression" et qu'il n'existe pas d'agressivité ou de bellicosité dans l'ADN des Chinois vu l'histoire du pays.

"Expansionniste" est une autre étiquette que les Occidentaux collent souvent à la Chine. Les formulations dans le rapport du XXe Congrès du Parti communiste chinois "bâtir une armée de premier rang mondial", un moyen légitime pour le renforcement de la défense nationale, sont interprétées par des chercheurs américains comme une ambition de "construire une armée capable de projeter sa puissance à l'échelle mondiale" afin de "renforcer la présence militaire chinoise au-delà de l'Asie de l'Est et de positionner son armée comme un concurrent des Etats-Unis", et ce, malgré le fait que la Chine n'a jamais envahi un pouce de terre des autres pays et qu'elle a inscrit dans sa Constitution la poursuite de la voie du développement pacifique.

ERREUR INVOLONTAIRE OU INTENTION DELIBEREE ?

Ces mauvaises interprétations pourraient-elles résulter d'une maîtrise approximative du chinois ? C'est probable. Cependant, comme le souligne le rapport de RAND, plusieurs auteurs ont tendance à "traduire certains termes chinois par des équivalents anglais plus belliqueux que ne le laisse entendre le texte original en chinois".

Dans le climat politique américain, afficher sa fermeté à l'égard de Beijing est devenu politiquement correct. Pour certains médias et chercheurs, c'est un excellent moyen de capter l'attention. Une analyse objective et rationnelle peut passer inaperçue alors qu'une prétendue "menace chinoise" sensationnaliste leur permet de se faire un nom. Ces chercheurs mettent à profit leurs connaissances de la Chine non pas pour faire découvrir une vraie Chine, mais pour collecter voire fabriquer des "preuves" destinées à conforter une thèse préétablie : celle d'une Chine menaçante. De tels "experts de la Chine" prouvent que comprendre la Chine est avant tout une question de volonté et non une question de compétence. Les mauvaises interprétations sont loin d'être une simple erreur. Avec une intention malveillante, plus on est compétent, plus les dégâts sont importants.

POUR UNE LECTURE JUSTE DE LA CHINE

Lutter contre les mauvaises interprétations ne veut pas dire l'imposition d'une lecture unique de la Chine. C'est dans la nature des choses que chacun ait son opinion. L'essentiel, c'est d'avoir une vraie volonté d'objectivité, de rejeter les préjugés et de regarder le pays tel qu'il est.

Pour les décideurs politiques, la perception stratégique est le "premier bouton" des relations sino-américaines qui doit être correctement ajusté. Une perception stratégique juste les aide à prendre des décisions éclairées, plutôt que des décisions fondées sur des informations erronées. Sinon, les relations bilatérales risquent d'être détournées de leur cap.

Pour les experts, l'intégrité académique et la rigueur professionnelle sont fondamentales. Pour comprendre un pays aussi vaste et complexe que la Chine, il faut y mettre du temps et de la patience, étudier sérieusement les documents originaux et procéder à une réflexion profonde pour parvenir à des conclusions solides et fournir des bases fiables aux décideurs politiques.

Pour les médias, vérité, authenticité et impartialité devraient primer sur la recherche du sensationnel. La Chine, comme tout pays, a ses imperfections. Elle a le courage d'accepter les critiques à condition qu'elles soient fondées sur la réalité, non sur de fausses informations ou des faits inventés.

Le chemin vers la compréhension d'une civilisation différente de la sienne est long et demande de la patience, du respect et de l'appréciation. Mais cela en vaut la peine. Fin

Note de la rédaction : Yi Fan est un spécialiste en relations internationales basé à Beijing. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les positions de l'Agence de presse Xinhua.

Vous avez une question, une remarque, des suggestions ? Contactez notre équipe de rédaction par e-mail à xinhuanet_french@news.cn
Sponsored by Xinhua News Agency. Copyright © 2000- XINHUANET.com All rights reserved.