Les propos de Trump sur le "bon anglais" du président libérien suscitent une colère en Afrique (SYNTHESE) - Xinhua - french.news.cn

Les propos de Trump sur le "bon anglais" du président libérien suscitent une colère en Afrique (SYNTHESE)

French.news.cn | 2025-07-12 à 04:31

MONROVIA, 11 juillet (Xinhua) -- Les récentes remarques du président américain Donald Trump sur le "bon anglais" du président libérien Joseph Boakai ont suscité de nombreuses critiques dans toute l'Afrique, beaucoup dénonçant ce commentaire qu'ils qualifient de condescendant et reflétant de l'ignorance au sujet du continent.

Ces éloges d'apparence inoffensive ont été prononcés mercredi lors de la rencontre entre Donald Trump à la Maison Blanche avec cinq dirigeants ouest-africains en visite, dont le président Boakai.

Suite au discours du chef de l'Etat libérien lors de la réunion, Donald Trump a exprimé sa surprise face au "bon anglais" de celui-ci, demandant même où son interlocuteur avait appris à parler "si magnifiquement", et en particulier si c'était "au Liberia". Joseph Boakai a confirmé avoir en effet été éduqué au Liberia.

Si le gouvernement libérien a minimisé l'incident, affirmant qu'il n'y eu aucune offense et que Donald Trump reconnaissait simplement l'accent du Liberia, influencé par les Américains, le tumulte que l'affaire a suscité auprès d'une grande partie du public africain, en particulier en ligne, a raconté une toute autre histoire.

Les internautes africains, dont beaucoup ont exprimé un sentiment d'indignation et de déception face au commentaire du président américain, ont fait part de leurs opinions avec force sur des plateformes comme X (ex-Twitter) et Facebook, rappelant que l'anglais est la langue officielle du Liberia, une nation par ailleurs fondée au 19e siècle par des esclaves américains affranchis.

"Il est décevant qu'un leader mondial ne sache pas quelle est la langue officielle d'un pays qui a des liens historiques aussi profonds avec les Etats-Unis", a écrit Sam Yates, un Libérien vivant au Nigeria, sur Facebook. "Est-ce que Trump pense que nous ne parlons que des langues 'de la jungle' ? L'anglais est enseigné dans les écoles à travers l'Afrique, souvent à un niveau très élevé", a-t-il souligné.

"Nous ne sommes pas allés à Washington pour un concours d'expression anglaise. Nous avons opté pour des discussions substantielles sur le développement mutuel et le partenariat", a ajouté M. Yates.

De nombreux internautes ont réagi avec colère à un stéréotype persistant qui voudrait que même si l'histoire coloniale a établi l'anglais, le français et le portugais comme langues officielles dans une grande partie de l'Afrique, les Africains ne seraient toujours pas capables de les parler couramment.

Certains internautes ont lié les commentaires de Donald Trump à la question plus large des perceptions de l'Afrique en Occident, faisant valoir que les remarques du président américain ont souligné une tendance qui existe chez certains occidentaux, celle de voir l'Afrique à travers le prisme d'une dépendance à l'aide ou d'exotisme culturel, plutôt que comme un continent avec des sociétés modernes diverses et des populations hautement instruites.

"Ce n'est pas un compliment ; c'est une insulte à peine voilée sous couvert d'éloges. Cela montre un manque fondamental de compréhension et de respect de l'intellect et de l'éducation africains", a écrit Richard Donkor, un utilisateur ghanéen de X.

Foday Massaquoi, président du Congrès pour le changement démocratique - Conseil des patriotes, une formation d'opposition, a pour sa part estimé que la réunion de la Maison Blanche a été mal dirigée, et décrit les remarques de Donald Trump comme "irrespectueuses".

Il a également noté le manque de respect du président américain envers les dirigeants africains. "Le président Trump s'est montré condescendant ; il a été très irrespectueux envers le dirigeant africain ... et cela prouve que l'Occident ne nous prend pas au sérieux en tant qu'Africains", a-t-il affirmé.

Plus tôt cette année, Lawal Sale, un analyste des affaires mondiales basé dans la capitale nigériane Abuja, avait déjà alerté les dirigeants africains sur le style de communication souvent non conventionnel de Donald Trump lors de réunions prévues avec des dirigeants étrangers.

Il a réitéré ce sentiment dans un article publié jeudi sur Facebook, disant que le président libérien a été "rabaissé" par son homologue américain. "J'avais averti auparavant que les dirigeants africains qui prévoient de rencontrer Donald Trump devraient se préparer à ce genre de rencontre. C'était tellement embarrassant et dépréciant", a-t-il écrit.

Alors que la fureur en ligne se poursuit, avec des demandes de respect égal et de compréhension précise des nations africaines sur la scène mondiale, un groupe de citoyens libériens a prévu un "accueil de héros" à l'aéroport lors du retour du président Boakai vendredi à 17H00 heure locale (05h00 GMT).

"En tant que citoyens libériens, nous sommes heureux et fiers que, parmi les dirigeants africains invités à la Maison Blanche pour la réunion avec le président Trump, notre président ait obtenu une bonne mention élogieuse", a déclaré à Xinhua par téléphone Lawrence Fahnbulleh, l'un des organisateurs de l'accueil.

"La fureur que tout cela a généré est une question de contexte. Nous voyons personnellement ces remarques comme bonnes pour l'image du Liberia, mais d'autres sont libres d'exprimer leurs opinions", a-t-il ajouté. Fin

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