Sur fond de crise multidimensionnelle, l'épidémie de choléra en RDC entre dans une phase aiguë (PAPIER GENERAL) - Xinhua - french.news.cn

Sur fond de crise multidimensionnelle, l'épidémie de choléra en RDC entre dans une phase aiguë (PAPIER GENERAL)

French.news.cn | 2025-07-11 à 20:56

KINSHASA, 11 juillet (Xinhua) -- L'épidémie de choléra qui frappe la République démocratique du Congo (RDC) est entrée dans une "phase aiguë", a averti jeudi le ministre congolais de la Santé, Roger Kamba. La situation sanitaire est "critique", selon lui, dans un contexte marqué par l'insécurité persistante dans l'Est du pays, la recrudescence du mpox (variole du singe) et une grève des professionnels de santé.

Depuis janvier 2025, plus de 33.000 cas de choléra ont été signalés à travers le pays, avec un taux de létalité avoisinant les 2%, a précisé le ministre lors d'une conférence de presse à Kinshasa. Ce chiffre dépasse déjà les 31.749 cas notifiés sur l'ensemble de l'année 2024, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le choléra s'étend désormais à 17 des 26 provinces du pays, contre 14 annoncés par le gouvernement la veille, signe d'une extension rapide de l'épidémie. Les nouvelles zones touchées incluent les provinces du Kwilu, de Maï-Ndombe et de la Mongala. "C'est une propagation rapide et préoccupante", a déclaré M. Kamba.

La capitale, Kinshasa, est particulièrement touchée, avec 27 zones de santé sur 35 signalant des cas confirmés ou suspects. Chaque semaine, environ 130 nouveaux cas y sont enregistrés, souvent accompagnés de décès, selon le ministre, qui a annoncé l'ouverture progressive de nouveaux centres de traitement et la gratuité de la prise en charge pour les malades.

Dans la province du Sud-Kivu, notamment à Uvira, devenue chef-lieu administratif provisoire après la prise de Bukavu par les rebelles du Mouvement du 23-Mars en février dernier, la situation reste particulièrement critique. L'insécurité persistante liée à la présence de groupes armés, dont le M23, complique fortement l'acheminement de l'aide humanitaire et des intrants médicaux essentiels.

Faute d'accès direct et sécurisé, les autorités sanitaires sont contraintes de faire transiter les fournitures médicales par Kalemie, une ville située sur la rive occidentale du lac Tanganyika, à plus de 250 kilomètres au sud. Ce détour logistique, aggravé par un nombre insuffisant de bateaux, ralentit considérablement les efforts de riposte sur le terrain, a regretté le ministre congolais de la Santé.

Quant à la province de la Tshopo, elle a été identifiée comme l'un des foyers initiaux de l'épidémie, en lien avec les mauvaises conditions d'hygiène le long des rivières. La défécation en plein air, notamment dans les ports, reste un facteur aggravant.

UNE CRISE MULTIDIMENSIONNELLE

Outre l'épidémie de choléra qui continue de sévir dans plusieurs provinces, la RDC fait également face à une résurgence inquiétante du mpox, dans un contexte de paralysie croissante du système de santé, affaibli par la menace d'une grève menée par une partie du personnel médical. Cette conjonction de crises sanitaires et sociales complique considérablement la capacité de riposte du pays.

Selon l'OMS, depuis le début de l'année 2024, plus de 37.000 cas confirmés de mpox ont été signalés par 25 pays, la RDC concentrant à elle seule 60% des cas confirmés et 40% des décès recensés. En outre, le pays continue de notifier entre 2.000 et 3.000 cas suspects chaque semaine, en sus des cas confirmés.

Dans ce contexte déjà tendu, les médecins affiliés au Syndicat libre des médecins (Sylimed) ont décrété une grève sèche sur l'ensemble du territoire national à partir de ce vendredi. Le préavis de grève avait été lancé le 9 juillet par le secrétaire général du syndicat, André Kasongo, dénonçant le non-respect par le gouvernement congolais de ses engagements.

M. Kasongo a également déploré plusieurs décès parmi les médecins en première ligne dans la lutte contre le choléra, pointant une grave négligence des autorités sanitaires.

Roger Kamba a pour sa part rappelé le caractère structurellement vulnérable de la RDC face aux flambées épidémiques. "Vous savez que notre pays est un pays où surgissent souvent les épidémies, du fait de plusieurs conjonctions d'éléments - souvent naturels, mais parfois non naturels - tels que les catastrophes, les déplacements massifs de population. Et tout cela contribue à l'exacerbation de cette possibilité d'avoir des épidémies", a-t-il expliqué. Fin

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