La RDC et le Rwanda scellent un accord de paix pour rompre le cycle des conflits dans les Grands Lacs (PAPIER GENERAL) - Xinhua - french.news.cn

La RDC et le Rwanda scellent un accord de paix pour rompre le cycle des conflits dans les Grands Lacs (PAPIER GENERAL)

French.news.cn | 2025-06-28 à 11:16

KINSHASA/WASHINGTON, 27 juin (Xinhua) -- La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé vendredi à Washington un accord de paix historique, marquant un tournant dans les efforts visant à mettre fin à des années de tensions armées et de crise humanitaire dans la région des Grands Lacs.

La cérémonie s'est déroulée au département d'Etat américain en présence du secrétaire d'Etat Marco Rubio, et de ses homologues rwandais et congolais. Des représentants de l'Angola, du Togo, du Qatar et de l'Union africaine (UA) y ont également assisté.

"En signant cet accord de paix, nous ouvrons un nouveau chapitre, qui ne demande pas seulement de l'engagement, mais aussi le courage de le mener à bout", a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC.

Le chef de la diplomatie rwandaise Olivier Nduhungirehe a adopté un ton prudent. "Nous devons reconnaître qu'il règne une grande incertitude dans notre région et au-delà, car de nombreux accords précédents n'ont pas été mis en œuvre", et "il ne fait aucun doute que la route à venir ne sera pas facile."

UN CADRE POUR LA DE-ESCALADE

Cet accord, qui entre en vigueur dès sa signature, prévoit l'établissement d'un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire dans un délai de 30 jours, chargé de superviser le désengagement des forces, la neutralisation des groupes armés non étatiques et le respect de l'interdiction des actes hostiles.

L'accord s'accompagne d'une annexe détaillant un plan opérationnel pour la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ainsi que des dispositions prévoyant la levée des mesures défensives par le Rwanda.

Depuis des décennies, l'est de la RDC est le théâtre de violences récurrentes, exacerbées par les offensives du Mouvement du 23 mars (M23), que Kinshasa accuse Kigali de soutenir. Le Rwanda, de son côté, nie tout appui au M23 et reproche aux forces congolaises leur collusion avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), accusées d'avoir participé au génocide de 1994. La situation humanitaire dans l'est de la RDC se dégrade de manière alarmante.

Selon M. Nduhungirehe, un point central de l'accord concerne la neutralisation des FDLR. Le texte prévoit également la levée progressive des mesures défensives rwandaises, à condition que cesse de manière vérifiable et irréversible tout soutien étatique aux FDLR et aux milices associées, a-t-il expliqué.

Depuis janvier 2025, le M23 a pris le contrôle de plusieurs villes stratégiques, dont Goma et Bukavu, provoquant le déplacement de centaines de milliers de civils et aggravant une crise humanitaire déjà dramatique.

Toutefois, la présence du M23 dans certaines zones de l'est demeure une réalité sur le terrain que l'accord ne détaille pas explicitement. Selon l'accord, les deux parties ont mentionné la médiation du Qatar, qui a accueilli plusieurs séries de pourparlers entre Kinshasa et le M23. Celles-ci avaient permis d'aboutir à un consensus autour d'un cessez-le-feu fin avril, sans que celui-ci se traduise concrètement sur le terrain.

Des engagements ont également été pris, entre autres pour faciliter le retour volontaire et sécurisé des réfugiés et personnes déplacées, dans le respect de la souveraineté nationale. L'accord insiste en outre sur l'importance de garantir l'accès humanitaire, de réaffirmer le mandat de la mission onusienne de maintien de la paix (MONUSCO), et de renforcer l'intégration économique régionale à travers des projets de coopération transfrontalière.

UN ESPOIR FRAGILE AU MILIEU D'UNE CRISE AGGRAVEE

Malgré cette avancée diplomatique, de nombreux observateurs ont souligné que sa mise en œuvre sera déterminante, insistant sur le fait qu'une stabilité durable dans les Grands Lacs dépendra de la volonté politique, de la coopération régionale et du soutien international.

Si l'accord engage les parties sur la voie du dialogue, la réalité sur le terrain témoigne de tensions persistantes et d'une crise humanitaire aggravée. C'est ce qu'a souligné vendredi Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO et représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la RDC, dans son briefing au Conseil de sécurité.

Selon elle, plus de 27,8 millions de personnes sont confrontées à l'insécurité alimentaire, tandis qu'environ 7 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, souvent à plusieurs reprises. "La situation humanitaire en RDC est intenable", a-t-elle affirmé, notant que seulement 11% du plan de réponse humanitaire 2025 est financé, après la suspension du soutien du principal bailleur.

Sur le plan sécuritaire, elle a évoqué l'activité continue de plusieurs groupes armés, notamment Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), Zaïre, les Forces démocratiques alliées (ADF), et de nouvelles milices dirigées par d'anciens condamnés pour crimes de guerre. Ces groupes, selon elle, poursuivent les attaques contre les civils, les structures de santé et les camps de déplacés, tout en cherchant un appui local pour renforcer leur financement.

La Représentante spéciale a en outre tiré la sonnette d'alarme sur l'utilisation systématique des violences sexuelles comme arme de guerre. "Les femmes et les filles qui en sont victimes peinent à accéder aux soins, tandis que les hommes et garçons sont exposés à des enlèvements ou exécutions extrajudiciaires ", a-t-elle averti.

Face à cette situation, Mme Keita a appelé la communauté internationale à agir sans délai. "Le chemin vers une paix durable en RDC exige une responsabilité partagée et une action collective", a-t-elle conclu. Fin

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