NICE (France), 12 juin (Xinhua) -- Alors que les températures augmentent sur la Côte d'Azur à Nice, en France, les discussions à la Conférence des Nations Unies sur l'Océan, co-organisée depuis le 9 juin par la France et le Costa Rica, deviennent de plus en plus animées.
Selon les données disponibles, les zones économiques exclusives (ZEE) des petits Etats insulaires en développement (PEID) représentent environ 30% de la superficie des océans et des mers. Le Pacifique Sud-Ouest abrite 75% des espèces coralliennes mondiales, tandis que des pays comme l'Indonésie, le Brésil, le Nigeria et le Mexique possèdent environ 47% des mangroves mondiales. Il est clair que les pays du Sud constituent des zones clés de la biodiversité marine mondiale.
Cependant, limités par un financement insuffisant et un retard technologique, ces pays rencontrent de nombreux problèmes dans le développement et la gouvernance des océans. Pour faire face à ces enjeux, les experts présents à la conférence qui prendra fin vendredi ont proposé diverses solutions, notamment la promotion d'un dialogue équitable, la coopération régionale, le renforcement des capacités et le partage des bénéfices économiques.
Emmanuel Baudran, directeur exécutif adjoint des solutions de développement durable à l'Agence française de développement (AFD), suggère ainsi d'abandonner la logique d'"enseigner quelque chose" et de réellement comprendre les réalités des pays du Sud grâce à des échanges d'expériences. Par exemple, les projets d'investissement doivent être préparés à l'avance avec des études de faisabilité au meilleur standard, assurant des bénéfices à la fois économiques et environnementaux. Cela implique également de garantir la stabilité pour les investissements privés tout en les rendant rentables pour les pays locaux et les investisseurs.
Le chercheur portugais Joao Canning-Clode juge important d'écouter les voix du Sud, de comprendre leurs besoins et d'apprendre d'eux. Gouvernements, universités, milieux académiques et secteur privé devraient tous activement y participer.
"Bien souvent, les Etats qui partagent des océans ont les mêmes problèmes et les mêmes types de manque de capacité, en particulier si on regarde les Etats dans le Pacifique Sud, donc à travers des approches régionales de collaboration et de mise en commun des moyens, c'est aussi un moyen de générer des actions et de répondre à leurs besoins", a confié Julian Barbière, chef de la section des politiques marines et de la coordination régionale à l'UNESCO.
"Je crois profondément au multilatéralisme. Ces conférences sont d'excellentes occasions de créer des liens, de négocier et d'atteindre différents partenaires", estime Maria Fernanda Morales Camacho, chercheuse à l'Université nationale du Costa Rica, ajoutant que la coopération internationale ne se résume pas à donner ou à recevoir quelque chose. "Il faut trouver un juste milieu en partageant les intérêts".
Gerardo Jimenez Porras, vice-président chargé de la recherche à l'Université nationale du Costa Rica, souligne que les pays en développement ont besoin de renforcer leurs capacités, notamment en offrant des opportunités de formation aux scientifiques pour obtenir des doctorats, accéder à des données internationales, entrer dans des laboratoires et utiliser des équipements de pointe. Les accords internationaux sont ainsi essentiels pour obtenir un soutien financier et établir des liens avec les institutions internationales. Les organisations multilatérales doivent également reconnaître l'importance d'investir dans la formation des scientifiques et le soutien à la recherche.
De nombreux pays en développement dépendent fortement du tourisme sur le plan économique. Il est donc crucial de s'assurer que ces pays développent un tourisme durable, en conservant les revenus localement et en bénéficiant aux communautés locales. Cela leur offre la possibilité de participer à l'économie océanique de manière équitable, a dit Peter Haugan, co-président du groupe d'experts du Conseil international pour la science.
Dans l'ensemble, la Conférence des Nations Unies sur l'Océan envoie un signal clair : les pays du Sud ne doivent plus être absents de la gouvernance internationale des océans. Passer des paroles aux actes pour réellement bénéficier aux pays du Sud reste toutefois un chemin long et complexe qui devra encore être testé par le temps. Fin
