ABUJA, 29 mai (Xinhua) -- L'armée nigériane a répondu avec force à une récente attaque violente de terroristes présumés, tuant des dizaines d'entre eux dans un échange de tirs et bloquant un assaut sur un campement militaire dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du pays.
Une grande quantité d'armes et de munitions, des véhicules et des explosifs appartenant probablement à des membres présumés du groupe terroriste Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Islamic State's West Africa Province, ISWAP) ont été retrouvés mardi matin par les troupes après les combats à New Marte, une ville de l'Etat de Borno située dans la partie ouest du lac Tchad, a déclaré aux journalistes Reuben Kovangiya, un porte-parole de l'armée.
Depuis plusieurs semaines, le nord-est du Nigeria fait l'objet d'attaques intenses de groupes terroristes, notamment Boko Haram, qui vise à établir un Etat islamiste dans cette partie du pays et étend ses attaques au bassin du lac Tchad. L'ISWAP est une faction dissidente du groupe Boko Haram.
Selon les médias locaux, au moins 12 attaques terroristes ont eu lieu dans la région du nord-est au cours des trois dernières semaines, entraînant la mort de plus de 40 civils. Les terroristes auraient amélioré leurs capacités avec de nouvelles technologies, notamment des drones, pour attaquer les communautés locales et les formations militaires.
"Les attaques intenses ressemblaient à une résurgence des groupes terroristes dans la partie nord-est du pays, où nous avions initialement pensé que les forces nigérianes avaient pris le dessus, renvoyant les terroristes en marge", a de son côté déclaré à Xinhua Kolawole Oladokun, un expert en sécurité local, lors d'un récent entretien, ajoutant que "maintenant, il est clair que l'armée riposte de manière plus forte qu'auparavant. Ils renversent la situation face aux criminels".
L'accrochage de mardi à New Marte a été un sérieux revers pour les terroristes. Ce matin-là, ils étaient venus montés sur des dizaines de motos avec l'intention d'envahir la ville. Cependant, la chance les a abandonnés lorsque les troupes ont répondu avec une puissance de feu écrasante.
Selon un communiqué publié mardi soir, l'armée de l'air a apporté son soutien aux troupes au sol en fournissant des renseignements et en assurant une surveillance en temps réel, ainsi qu'en lançant des frappes aériennes offensives, qui ont détruit de nombreuses motos que les combattants en fuite avaient utilisées, tandis que les soldats ont récupéré un dispositif explosif improvisé que les terroristes avaient abandonné pendant leur retraite.
Zagazola Makama, un expert en contre-insurrection et analyste de la sécurité basé dans la région du lac Tchad, a pour sa part indiqué à Xinhua que l'ISWAP a évacué à la hâte au moins 15 des corps de ses combattants après le combat avec l'armée.
La semaine dernière, les troupes ont repoussé une autre attaque contre une base d'opérations militaires à Kumshe, également dans l'Etat de Borno, tuant plusieurs terroristes suspectés lors d'un affrontement violent, a précisé un autre communiqué distinct de l'armée.
Après une réunion avec le président nigérian Bola Tinubu lundi, Babagana Zulum, le gouverneur de l'Etat de Borno, a déclaré aux journalistes que le gouvernement s'est engagé à empêcher les terroristes de reprendre une partie de l'Etat, citant les efforts intensifiés de l'armée.
"Les forces armées nigérianes ont pris certaines décisions qui réduiront la menace imminente des insurgés. Et je crois que quelque chose sera fait. Plus important encore, certains plans sont en cours d'élaboration par le gouvernement fédéral", a-t-il souligné.
Plus tôt ce mois-ci, Mohammed Badaru, le ministre nigérian de la Défense, avait déclaré aux journalistes dans la capitale nationale Abuja que l'un des dirigeants terroristes "les plus recherchés" dans la partie nord du pays, identifié comme un certain Bello Turji, était en fuite à la suite des opérations antiterroristes soutenues par l'armée.
Le ministre a également noté que les défis de sécurité que connaît le Nigeria sont profondément enracinés dans les fractures sociales et politiques vieilles de plusieurs décennies, les difficultés économiques, l'influence des frontières transnationales et l'ampleur du terrorisme mondial qui continuent de muter au-delà des doctrines militaires classiques.
Il a ajouté que le traitement de ces menaces a en conséquence besoin d'une approche multiforme, notamment une combinaison des efforts militaires avec le développement socio-économique et la coopération régionale, pour assurer une paix et une stabilité durables.
"Récemment, il y a eu un élan renouvelé dans toutes nos opérations à travers le pays, se traduisant par des résultats notables, en particulier dans le nord-est", a déclaré M. Badaru, ajoutant que "malgré les récents actes désespérés et de courte durée des terroristes, l'armée a répondu avec force et leur a porté un coup dévastateur sur tous les théâtres".
Le 23 avril, le président Tinubu a ordonné une refonte immédiate des stratégies de sécurité nationale pour lutter contre les attaques armées croissantes. "Ça suffit !"a-t-il déclaré lors d'une réunion des responsables de la sécurité du pays à Abuja tout en condamnant les récentes attaques dans la partie nord du pays.
Selon le ministre, l'ordre du président, qui constitue une illustration de la volonté politique nécessaire, a chargé les forces gouvernementales de doubler leurs efforts pour surmonter les défis de sécurité. Fin
