BEIJING, 27 mai (Xinhua) -- Le président américain Donald Trump a menacé lundi de réaffecter des milliards de dollars de fonds publics de l'université Harvard pour donner ces fonds à des écoles de commerce à travers les Etats-Unis. Quelques jours plus tôt, il avait interdit à cette institution d'élite d'accueillir des étudiants étrangers, ce qui a suscité une inquiétude générale dans les milieux éducatifs internationaux.
De nombreux étudiants internationaux et talents scientifiques pourraient être contraints de quitter le sol américain, alors que l'Europe a déployé d'énormes efforts pour attirer ces talents de plus en plus inquiets d'un environnement hostile, voire même dangereux pour certains d'entre eux aux Etats-Unis.
UN COUP DUR POUR HARVARD
Jeudi dernier, l'administration américaine a révoqué la certification de l'université Harvard émise dans le cadre du programme SEVP (Student and Exchange Visitor Program), ce qui revient dans les faits à interdire à l'institution d'accueillir de nouveaux étudiants étrangers.
"L'accueil d'étudiants étrangers est un privilège, pas un droit, et ce privilège a été révoqué en raison des manquements répétés de Harvard à son obligation de se conformer à la loi fédérale", a déclaré la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem.
En réponse, Harvard a publié une déclaration qualifiant cette décision de l'administration Trump d'illégale et dangereuse.
"Nous nous engageons pleinement à maintenir la capacité de Harvard à accueillir nos étudiants et universitaires étrangers, qui sont originaires de plus de 140 pays et enrichissent l'université, et cette nation, de manière incommensurable", a souligné l'institution dans un communiqué. "Cette action de représailles risque de causer de graves dommages à la communauté de Harvard et à notre pays, et porte atteinte à la mission académique et de recherche de Harvard".
Selon les données de l'université, à l'automne 2023, les étudiants étrangers représentaient plus de 27% du corps étudiant de Harvard.
Pour les étudiants étrangers qui sont obligés d'être transférés ou de quitter les Etats-Unis, cela signifie que des années d'apprentissage et de plans de carrière seront interrompues. La réadaptation à un nouvel environnement et aux différences culturelles constitue également un énorme défi.
L'EUROPE OUVERTE AUX TALENTS INTERNATIONAUX
Les universités européennes espèrent que l'attaque de Donald Trump contre Harvard leur donnera un avantage décisif alors qu'elles tentent d'inverser la ruée des talents vers les Etats-Unis, qui dure depuis des décennies.
Le ministre allemand de la Culture, Wolfram Weimer, a confié à l'agence Bloomberg que Harvard pourrait établir un "campus d'exil" dans son pays. Les étudiants de Harvard et d'autres universités américaines sont "les bienvenus en Allemagne", a-t-il déclaré.
Même avant l'affrontement de M. Trump avec Harvard, l'Europe avait intensifié ses efforts pour inciter les chercheurs du monde entier à "choisir l'Europe", à l'heure où l'administration Trump multiplie les décisions controversées telles que les coupes brutales des financements publics alloués à la recherche, le licenciement d'experts impliqués dans les recherches sur la santé et le climat.
L'Union européenne (UE) proposera une "nouvelle enveloppe de 500 millions d'euros (569,6 millions de dollars)" pour la période 2025-2027 "afin de faire de l'Europe un pôle d'attraction pour les chercheurs", a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'un événement organisé début mai à l'université de la Sorbonne, à Paris.
"A moyen et long terme, avec nos Etats membres, nous voulons atteindre l'objectif de 3% du PIB pour l'investissement dans la recherche et le développement d'ici à 2030", a-t-elle affirmé.
Les pays européens ont été parmi les plus actifs dans les appels aux talents scientifiques. La France va investir 100 millions d'euros (113,9 millions de dollars) supplémentaires dans le cadre du programme d'investissement public France 2030, en vue d'attirer les chercheurs internationaux, notamment ceux en provenance des Etats-Unis. L'Espagne a alloué 45 millions d'euros (51,3 millions de dollars) supplémentaires à un programme d'embauche de chercheurs de premier plan, et le Royaume-Uni prévoit de dévoiler son propre plan de 50 millions d'euros (57 millions de dollars) à cette fin.
Les Etats-Unis attirent un grand nombre de talents exceptionnels du monde entier grâce à leurs ressources éducatives de grande qualité, mais les politiques de l'administration Trump les ont poussés à remettre en question leurs perspectives dans ce pays. Si les Etats-Unis n'ajustent pas leur politique en temps opportun, ils risquent de connaître un exode des compétences à l'avenir. Fin
