Pourquoi l'Europe n'accepte pas la demande d'œufs des Etats-Unis ? (PAPIER GENERAL) - Xinhua - french.news.cn
Jeudi 1er mai 2025

Pourquoi l'Europe n'accepte pas la demande d'œufs des Etats-Unis ? (PAPIER GENERAL)

French.news.cn | 2025-04-28 à 11:09

BEIJING, 28 avril (Xinhua) -- Les œufs semblent être devenus un produit de luxe aux Etats-Unis : le prix moyen d'une douzaine d'œufs à New York est de 8,47 dollars, tandis que certains supermarchés pratiquent des prix supérieurs à 15 dollars.

Afin d'atténuer les problèmes de la pénurie d'œufs, de la flambée des prix et du mécontentement de la population, les Etats-Unis ont annoncé une subvention de plus d'un milliard de dollars et appelé à l'aide internationale, souhaitant apaiser la crise en important des œufs. Toutefois, face à la demande de l'administration Trump, les pays européens ont réagi froidement, indiquant que la production était insuffisante et que le transport était incommode.

LES ETATS-UNIS FACE A UNE PENURIE D'ŒUFS

Au cours du premier trimestre 2025, plus de 30 millions de poules pondeuses ont été abattues aux Etats-Unis, ce qui a entraîné une pénurie dans la chaîne d'approvisionnement des œufs. En février 2025, il y a eu une baisse de 720 millions d'œufs par rapport à la même période de l'année précédente, soit une chute de près de 10%.

L'Express a rapporté sur un ton sarcastique : "A quelques semaines de Pâques, dans les rayons des supermarchés américains, il sera peut-être bientôt plus facile de trouver des œufs en chocolat plutôt que de véritables produits du poulailler."

Le prix de détail des œufs aux Etats-Unis a augmenté de 65% en un an et le département américain de l'Agriculture prévoit une nouvelle hausse de 41% en 2025. Une douzaine d'œufs peut coûter plus de 15 dollars dans certains supermarchés.

Ce prix élevé a suscité un mécontentement général. Les vidéos parodiques sur le sujet se sont multipliées en ligne : faux trafic d'œufs ou encore simulation de mise aux enchères. Certaines familles américaines ont tenté d'élever leurs propres poules. Une entreprise permettant de louer des poules, baptisée "Rent the Chicken", a été inondée de demandes cette année.

Pour répondre à la pénurie d'œufs, le gouvernement américain a déclaré investir un milliard de dollars pour freiner la propagation de la grippe aviaire et faire baisser le prix des œufs.

Après la déclaration de ce projet, le journal britannique The Guardian a rapporté que "le ministère de l'Agriculture, qui avait déclaré fin février qu'il avait accidentellement licencié plusieurs employés travaillant sur la grippe aviaire, tentait à présent de revenir sur sa décision de licenciement."

L'EUROPE NE REPOND PAS ACTIVEMENT A LA DEMANDE DE TRUMP

En plus de ce projet, les Etats-Unis ont demandé aux pays étrangers de leur exporter des œufs. Des pays membres de l'Union européenne (UE), tels que la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Pologne et la Suède, ainsi que la Turquie et la République de Corée, qui ne sont pas membres de l'UE, ont reçu des demandes de la part des Etats-Unis. Ces deux dernières ont présenté leur soutien, mais il n'y a pas eu de réponse positive de la part des pays européens.

La chaîne de télévision luxembourgeoise RTL a utilisé le mot "supplier" dans le titre de son article, insistant sur le dilemme de l'administration Trump pour demander de l'aide à l'Europe.

Les médias français ont analysé en profondeur les raisons pour lesquelles les pays européens ont réagi négativement à la demande d'assistance des Etats-Unis, en se concentrant sur les trois aspects suivants :

Premièrement, la capacité de production d'œufs des pays européens est elle-même limitée, la plupart des pays ne peuvent répondre qu'à leurs propres besoins, et certains pays, comme l'Allemagne, dépendent même dans une certaine mesure de l'importation. "Il est impossible à la France d'exporter ses œufs aux Etats-Unis. S'il y a un manque de 2%, ça déstabilise déjà le marché français", a indiqué Laurent Fischer, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles du Bas-Rhin, lors d'une interview accordée à TF1.

Le Danemark ne dispose pas de production excédentaire et ne propose que des produits sous forme de poudre, congelés ou séchés. Quant à la Finlande, "la quantité que nous pourrions exporter ne résoudrait pas la pénurie d'œufs américaine", a déclaré publiquement Veera Lehtilä, directrice de l'Association finlandaise de la volaille.

Deuxièmement, le manque de conformité aux réglementations et aux normes constitue également un obstacle. Les Etats-Unis et l'UE adoptent des normes sanitaires différentes en ce qui concerne les œufs : les Etats-Unis exigent que les œufs frais soient désinfectés et réfrigérés avant d'arriver chez les consommateurs, tandis qu'au sein de l'UE, les normes de sécurité interdisent le lavage ou la réfrigération prolongée des œufs de catégorie A, dont la coquille naturelle peut jouer un rôle antibactérien et protecteur. L'Europe est donc confrontée à de nombreuses difficultés d'ordre pratique, même si elle est disposée à apporter son aide.

Enfin, des considérations logistique et économique ont également largement été évoquées. Le coût du transport des œufs de l'Europe vers les Etats-Unis et les droits de douane élevés imposés par les Etats-Unis à l'Europe rendent l'opération économiquement inviable et réduisent fortement l'incitation à l'exportation. Les Etats-Unis ont contacté les producteurs d'œufs suédois et l'industriel Kronägg a souligné, dans les médias suédois, les difficultés logistiques du transport des œufs. Laurent Fischer a de son côté estimé qu'il ne serait pas rentable pour les producteurs français d'œufs de supporter les droits de douane et les coûts de transport pour exporter leurs produits.

Ironiquement, la demande des Etats-Unis intervient à un moment où les Etats-Unis imposent une série de droits de douane à un certain nombre de pays, dont les pays membres de l'UE. La politique américaine de "droits de douane réciproques" a suscité une vive réaction de la part de la communauté internationale, l'UE se déclarant opposée à l'approche protectionniste de l'administration américaine et réagissant en conséquence. Le 7 avril, la Commission européenne a proposé d'imposer des droits de douane de 25% sur certains produits américains, dont les œufs.

Plusieurs médias français ont mentionné le dilemme de M. Trump, qui impose des tarifs élevés tout en exigeant des œufs. Sa politique tarifaire n'est manifestement pas propice à l'obtention d'œufs. Les médias espèrent que cette pénurie d'œufs aux Etats-Unis pourrait aider à inverser la guerre commerciale. L'Express a présenté son hypothèse : "Grâce aux œufs, l'UE pourrait-elle faire pression sur le président pour qu'il infléchisse sa position sur les droits de douane ?" Fin

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