Un juge fédéral américain a ordonné jeudi à l'administration Trump de conserver les messages de la conversation sur le groupe Signal entre les 11 et 15 mars.
WASHINGTON, 27 mars (Xinhua) -- Un juge fédéral américain a ordonné jeudi à l'administration Trump de conserver les messages de la conversation sur le groupe Signal entre les 11 et 15 mars, dans laquelle de hauts responsables de la sécurité américains ont discuté de plans d'attaque contre le groupe Houthi au Yémen.
James Boasberg, juge du tribunal fédéral du district de Columbia, a pris cette décision dans le cadre d'une audience de référé après que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, intégré par erreur à ce groupe de discussion sur Signal, eut révélé que des responsables du gouvernement y ont discuté des opérations contre les houthis du Yémen.
Dans un article intitulé "L'administration Trump m'a accidentellement envoyé ses plans de guerre" publié lundi, M. Goldberg a expliqué comment de hauts responsables de la sécurité nationale des Etats-Unis l'avaient ajouté à un groupe de discussion sur Signal dans lequel a été planifiée une frappe militaire contre les rebelles.
M. Goldberg explique que le 11 mars, il a reçu une demande de connexion sur l'application de messagerie Signal de la part d'un utilisateur nommé Michael Waltz, qui est le nom du conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis. A ce moment-là, M. Goldberg ne savait pas encore qu'il s'agissait du compte réel de M. Waltz.
Deux jours plus tard, le journaliste a reçu une notification l'informant qu'il serait ajouté à un groupe de discussion appelé "Houthi PC small group" (PC signifiant "chat privé", ndlr).
M. Goldberg a déclaré que le 15 mars, le compte intitulé "Pete Hegseth", qui correspond au nom du secrétaire américain à la Défense, a envoyé un message dans le chat contenant des détails opérationnels sur les frappes à venir au Yémen, qui devaient avoir lieu deux heures plus tard. Le message comprenait des informations sur "les cibles, les armes que les Etats-Unis allaient déployer et le déroulement de l'attaque".
Le journaliste n'a pas divulgué les détails spécifiques du message à ce moment-là, estimant que "les informations qu'il contenait, si elles avaient été lues par un adversaire des Etats-Unis, auraient pu être utilisées pour nuire au personnel militaire et au personnel des services de renseignement américains".
Dans un autre article publié mercredi, M. Goldberg et son collègue Shane Harris ont révélé tous les détails après que le président Donald Trump et plusieurs hauts responsables ont affirmé que la discussion de groupe ne contenait pas d'informations classifiées.
Dans une mise à jour de la discussion de groupe le 15 mars à 11H44, heure de l'est des Etats-Unis, M. Hegseth a écrit : "La météo est FAVORABLE. Nous venons de CONFIRMER avec le Centcom (commandement de combat de l'armée pour le Moyen-Orient) que nous sommes prêts pour le lancement de la mission". Le message de M. Hegseth décrit également le calendrier de l'opération militaire en précisant les horaires de lancement et de frappe.
"Si ces informations, en particulier l'heure exacte à laquelle les avions américains ont décollé pour le Yémen, étaient tombées entre de mauvaises mains au cours de cette période cruciale de deux heures, leurs pilotes et d'autres membres du personnel américain auraient pu être exposés à un danger encore plus grand que celui auquel ils auraient normalement dû faire face", ont jugé M. Goldberg et son collègue M. Harris.
Après la publication du texte intégral, le secrétaire à la Défense a continué à soutenir qu'il n'y avait pas d'informations classifiées dans le groupe de discussion. "Pas de cibles. Pas de lieux. Pas d'unités. Pas d'itinéraires. Pas de sources. Pas de méthodes. Aucune information classifiée", a argué M. Hegseth sur X.
Les législateurs démocrates ont demandé la démission de MM. Hegseth et Waltz. Certains législateurs républicains ont même réclamé l'ouverture d'une enquête.■

