Note de la rédaction : "Déverser ses surcapacités sur les marchés mondiaux", "Le temps des déchets de l'histoire", "Le malaise économique qui fait grossir les gens"... Une série de concepts nouvellement élaborés ou d'observations non conventionnelles concernant la deuxième économie mondiale ont été largement diffusés, suscitant la peur, la confusion et le pessimisme. S'agit-il de concepts logiques, bien fondés et réellement prédictifs de l'avenir, ou bien d'exagérations fondées sur une perception erronée, voire d'un dénigrement délibéré résultant d'un préjugé profondément ancré dans les mentalités ? Cette semaine, Xinhua publie une série de trois commentaires économiques à ce sujet, dont voici le troisième et dernier.
BEIJING, 5 octobre (Xinhua) -- Pendant des siècles, la Chine a été confrontée au défi de nourrir sa vaste population. Alors que la nation se félicite avec soulagement d'avoir éliminé la pauvreté absolue, les discussions commencent à tourner autour du tour de taille.
Ironie de l'histoire, certains articles parus dans les médias occidentaux suggèrent que l'augmentation du taux d'obésité en Chine n'est pas due à la croissance économique, mais au contraire aux récents défis économiques qui pousseraient les gens à se tourner vers des repas moins chers et moins sains. Cette étrange logique ne tient pas la route.
Avant la réforme et l'ouverture de la Chine à la fin des années 1970, l'obésité n'était pas une préoccupation majeure des Chinois. A cette époque, le public s'intéressait davantage à manger à sa faim qu'à garder la ligne, car la malnutrition était un véritable sujet de préoccupation pour de nombreuses familles. L'appétit des Chinois s'est développé au fur et à mesure que l'économie se développait. L'obésité apparaît en effet comme une conséquence involontaire de l'amélioration du niveau de vie.
Mais aujourd'hui, ce "doux fardeau" de la prospérité est présenté comme un signe avertisseur de la crise économique, dans l'intention apparente de brosser un portrait sombre de la Chine, non pas en s'appuyant sur des faits et des chiffres, mais en faisant des déductions et en imaginant des fantasmes.
Considérons ce fait : entre 1960 et 2010, le taux d'obésité aux Etats-Unis a presque triplé, et deux adultes sur cinq aux Etats-Unis sont obèses aujourd'hui. Malgré cela, personne ne suggère que l'ampleur de la population obèse aux Etats-Unis est une preuve sérieuse de l'effondrement de l'économie.
De même, l'utilisation de l'obésité pour prédire l'avenir économique de la Chine est peu convaincante. La lutte contre l'obésité a été placée en tête des priorités politiques du pays, car, à part la prospérité, une Chine en bonne santé fait également partie intégrante de la perspective de modernisation du pays.
Et ce n'est pas seulement l'obésité qui attire l'attention des décideurs politiques. Le diabète et de nombreuses autres maladies chroniques sont également sur la liste des priorités, parce que le pays place la population au centre de son effort de modernisation, et sa réforme et son ouverture répondront au besoin de la population d'avoir une meilleure vie plus saine.
Une campagne nationale visant à lutter contre l'obésité est en cours, et des cliniques de gestion du poids ont été créées les unes après les autres dans les hôpitaux du pays. Ces initiatives, associées à l'amélioration des services de santé, reflètent l'approche proactive de la Chine en matière de prévention des maladies chroniques.
Pour encourager la bonne forme physique, la Chine a désigné en 2008 le 8 août comme Journée nationale de la forme physique et la sensibilisation croissante du public à la santé a donné lieu à un essor de l'industrie de la forme physique. A la fin de l'année 2023, la Chine comptait près de 117.000 établissements de gymnastique accueillant près de 70 millions de membres payants.
Le cyclisme est redevenu à la mode aussi dans le pays qui est le plus grand consommateur d'automobiles du monde, puisque 30 déplacements sur 100 dans les zones urbaines se font désormais à vélo.
L'automatisation de la main-d'œuvre réduit le travail physique et libère du temps pour les loisirs. Les jeunes Chinois, en particulier, soucieux de leur forme physique, adoptent les outils numériques tels que les applications de suivi de la santé, les dispositifs portables et les plates-formes mobiles afin de surveiller et d'améliorer leur état de santé.
Alors que le groupe à revenu moyen du pays s'élargit, la forme physique et les modes de vie sains deviendront une tendance croissante. Il est désormais courant de voir des personnes âgées pratiquer le tai-chi dans les parcs, ne montrant aucun signe d'abandon à un mode de vie sédentaire.
Plutôt que de peser sur l'économie ou de mettre à l'épreuve le système de santé, le défi de l'obésité est plus susceptible de stimuler de nouveaux moteurs de croissance. L'industrie chinoise de la santé et du bien-être générera cette année un chiffre d'affaires total de 9.000 milliards de yuans (environ 1.280 milliards de dollars), ce qui témoigne de la volonté croissante du pays d'adopter un mode de vie plus sain.
Parallèlement, le secteur de la forme physique gagne en puissance grâce à la tendance à l'entraînement en ligne. Les analystes d'AskCI Consulting prévoient que le marché atteindra 1.120 milliards de yuans cette année, ce qui montre que la volonté de se maintenir en forme est également un puissant moteur économique.
A l'avenir, la Chine ne reviendra certainement pas à l'époque où elle faisait des économies de bouts de chandelle pour joindre les deux bouts. Le peuple chinois ne se laissera pas non plus aller à un style de vie somptueux sans exercer un contrôle approprié de son poids. En effet, la véritable prospérité réside dans la capacité d'une nation à offrir une vie saine et, à cette fin, la Chine semble être sur la bonne voie. Fin
