Washington doit assumer la responsabilité historique d'un Afghanistan déchiré par la guerre (COMMENTAIRE) - Xinhua - french.news.cn

Washington doit assumer la responsabilité historique d'un Afghanistan déchiré par la guerre (COMMENTAIRE)

French.news.cn | 2024-07-01 à 18:38

KABOUL, 1er juillet (Xinhua) -- Washington ne peut se soustraire à sa responsabilité de réparer les dommages qu'il a causés à l'Afghanistan. Tel est l'appel lancé par la population afghane et la communauté internationale aux parties participantes au troisième cycle de pourparlers sur l'Afghanistan organisé par les Nations Unies, qui se tient à Doha, la capitale qatarie.

Fin août 2021, les dernières troupes américaines ont quitté l'Afghanistan après deux décennies de guerre, laissant derrière elles un pays meurtri par la guerre et encore plus appauvri.

"Nous ne sommes pas allés en Afghanistan pour construire une nation. C'est le droit et la responsabilité du peuple afghan de décider de son avenir et de la manière dont il veut diriger son pays", avait déclaré le président américain Joe Biden à propos du retrait de l'armée américaine d'Afghanistan en juillet 2021.

L'ironie du sort veut que Washington, comme l'ont suggéré les remarques du président, se soit arrogé une position morale après vingt ans de chaos et d'effusion de sang. La réalité de cette histoire violente ne sera pas modifiée, car la guerre a tué 174.000 Afghans, dont plus de 30.000 civils, et déplacé près d'un tiers de la population.

Les Etats-Unis ont une "obligation morale" envers l'Afghanistan et la responsabilité de contribuer à sa reconstruction économique, estime Jalal Bazwan, un expert en relations internationales à l'Université de Kardan à Kaboul.

Le 16 juin, dans la province de Faryab (nord), l'explosion d'une bombe a tué quatre enfants qui l'avaient prise pour un jouet. Ces incidents tragiques, qui se produisent à un rythme alarmant, soulignent le danger persistant que représentent les 1.228 bombes à fragmentation et les 248.056 sous-munitions larguées par les forces américaines en 2001 et 2002, selon la Coalition contre les armes à sous-munitions.

Plus de 20% de ces bombes n'explosent pas à l'impact et restent actives sur le terrain, faisant des victimes civiles, selon l'ONG Médecins sans frontières. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné que les enfants sont les victimes les plus vulnérables des munitions non explosées, notant dans un rapport que 640 enfants ont été tués ou blessés dans 541 incidents impliquant des explosions de mines et des restes d'explosifs entre janvier 2022 et juin 2023.

Les bombes non explosées ont entraîné de graves conséquences pour l'agriculture afghane, dont l'économie de ce pays enclavé dépend principalement, constate Sadiq Shinwari, un expert militaire afghan.

L'Afghanistan, comme de nombreux autres pays, fait les frais d'une politique financière coercitive. Les Etats-Unis devraient cesser d'aggraver la situation difficile de ce pays en gelant des actifs de sa banque centrale d'une valeur de quelque 7 milliards de dollars et en imposant des sanctions. Ces mesures ont encore plus déstabilisé l'économie afghane, entraînant des hausses de prix et réduisant l'aide internationale.

On estime que 23,7 millions d'Afghans auront besoin d'une aide humanitaire cette année, soit plus de la moitié de la population du pays, dont neuf habitants sur dix vivent dans la pauvreté. Le plan de réponse aux besoins humanitaires de l'Afghanistan pour 2024 nécessite 3,06 milliards de dollars pour 17,3 millions d'Afghans ciblés par l'assistance, mais il n'avait reçu que 16,2% des fonds nécessaires en date du 15 mai.

Les catastrophes naturelles, notamment le séisme de l'an dernier dans la province de Hérat (ouest) et les récentes inondations dans le nord, ont fait près de 3.000 victimes, entraînant une crise humanitaire encore plus grave. Cependant, les catastrophes provoquées par les Etats-Unis sont tout aussi dévastatrices. Les infrastructures ravagées par la guerre ont doublé le temps nécessaire à l'acheminement de l'aide dans les zones sinistrées. Les sanctions imposées au système bancaire ont limité les retraits, laissant les victimes dans l'incapacité d'accéder à temps à des fonds de secours suffisants.

Selon Martin Schüepp, directeur des opérations du CICR, les sanctions imposées par les Etats-Unis au gouvernement intérimaire afghan ont compromis l'acheminement d'une aide humanitaire vitale dans ce pays déchiré par la guerre. Pour lui, "il est essentiel que toutes les sanctions soient assorties d'exemptions humanitaires, afin de permettre aux organisations humanitaires telles que le CICR d'opérer et d'atteindre les personnes dans le besoin".

"Il est temps d'accepter que les politiques passées ont échoué et que les Etats-Unis et leurs alliés doivent changer de cap et s'engager davantage", estimait l'ancienne journaliste Kathy Gannon dans une tribune parue en janvier dernier dans le New York Times.

Washington devrait se rendre compte que sa bonne vieille fuite sournoise de toute responsabilité a conduit à des difficultés et à des troubles permanents en Afghanistan. Il est temps que l'Oncle Sam dialogue avec la communauté internationale pour faire un premier pas solide à Doha et préparer le terrain pour la stabilité et la prospérité de l'Afghanistan. Fin

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