Crise ukrainienne : les propos d'Emmanuel Macron sur l'envoi de troupes au sol suscitent la polémique (SYNTHESE) - Xinhua - french.news.cn

Crise ukrainienne : les propos d'Emmanuel Macron sur l'envoi de troupes au sol suscitent la polémique (SYNTHESE)

French.news.cn | 2024-02-28 à 13:19

PARIS, 27 février (Xinhua) -- A l'issue d'une conférence internationale de soutien à l'Ukraine, le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi en conférence de presse que l'envoi de troupes au sol dans le conflit contre la Russie n'était pas exclu. Ces propos ont suscité une forte opposition sur la scène politique française, mais aussi au sein des alliés traditionnels de la France, qui n'envisagent pas cette option.

DES PROPOS FORTEMENT CRITIQUES PAR L'OPPOSITION

Lundi dernier, le président français a réuni à l'Elysée plus de 20 chefs d'Etat et de gouvernement. Un objectif : renforcer le soutien à Kiev. M. Macron a en effet promis d'ici dix jours un "agenda clair avec des engagements sérieux" sur la livraison de munitions.

"Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée, des troupes au sol. Mais, en dynamique, rien ne doit être exclu, nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre", a déclaré M. Macron, alors qu'il s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion.

Les propos du président français ont suscité une forte réaction au sein de l'opposition en France. Jordan Bardella, président du RN, a apporté une déclaration: "Le rôle de la France est d'incarner un chemin d'équilibre. Agiter le spectre d'un engagement de nos troupes face à une puissance nucléaire est un acte tout aussi grave qu'imprudent." Pour le chef de file des Républicains Eric Ciotti, "l'annonce d'une éventuelle mobilisation au sol de soldats français en Ukraine fait changer la nature du conflit! Cette déclaration lourde de terribles conséquences d'Emmanuel Macron s'est faite sans le moindre débat parlementaire."

A gauche, l'hostilité à l'éventualité de l'envoi du contingent au conflit contre Vladimir Poutine est identique. "La guerre contre la Russie serait une folie", a réagi sur X le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a jugé "irresponsables" les déclarations d'Emmanuel Macron. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé sur X une "inquiétante légèreté présidentielle : soutenir la résistance ukrainienne oui. Entrer en guerre avec la Russie et entraîner le continent. Folie".

"LE SEUIL DE BELLIGERANCE NE SERAIT PAS ATTEINT"

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a apporté le lendemain des précisions concernant ces propos polémiques. Selon lui, la présence de troupes occidentales en Ukraine ne ferait pas franchir "le seuil de belligérance", a-t-il affirmé.

A l'Assemblée nationale, le chef de la diplomatie française a répété que les Occidentaux devaient "envisager de nouvelles actions de soutien à l'Ukraine", comme le déminage, le cyber ou "la production d'armes sur le territoire ukrainien".

"Nous devons maintenir notre soutien à l'Ukraine dans la durée. Nous devons le faire de manière plus continue avec davantage de soutien et peut-être différemment, en envisageant de nouvelles missions", a-t-il expliqué.

"Nous partons du constat de l'intensification de l'agressivité russe en Ukraine mais également de son agressivité par rapport aux Européens. La Russie veut détruire la sécurité européenne et nous ne pouvons pas laisser faire", a-t-il insisté.

UNE OPTION CONTREDITE PAR LES ALLIES DE LA FRANCE

La proposition d'Emmanuel Macron n'a reçu aucun soutien des alliés traditionnels de la France en Europe. Le chancelier allemand Olaf Scholz a affirmé ce mardi qu'"aucun soldat" ne serait envoyé en Ukraine par des pays d'Europe ou de l'OTAN". Lors d'une conférence de presse, M. Scholz a confirmé que "ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l'avenir", à savoir "qu'il n'y aurait aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens, ni par les Etats de l'OTAN sur le sol ukrainien".

Un point de vue partagé par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, ainsi que par le gouvernement italien. Le porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak a quant à lui précisé qu'un petit nombre de personnes envoyées par le Royaume-Uni se trouvaient déjà sur place "pour soutenir les forces armées ukrainiennes, notamment en termes de formation médicale". Mais Londres a averti qu'il ne prévoyait pas de "déploiement à grande échelle".

L'exécutif espagnol a affirmé son désaccord avec l'idée d'envoyer des troupes européennes en Ukraine. "Nous devons nous concentrer sur ce qui est urgent, à savoir accélérer la livraison de matériel" militaire à Kiev.

L'OTAN a fait savoir par l'intermédiaire d'un de ses responsables que l'organisation ne nourrissait "aucun projet" d'envoi de troupes de combat en Ukraine. "L'OTAN et les Alliés apportent une aide militaire sans précédent à l'Ukraine. Nous l'avons fait depuis 2014 et nous sommes passés à la vitesse supérieure après l'invasion russe à grande échelle. Mais il n'y a aucun projet de troupes de combat de l'Otan sur le terrain en Ukraine", a indiqué ce responsable de l'Alliance auprès des médias français.

Même aux Etats-Unis, l'idée du président français ne remporte pas l'adhésion. La Maison Blanche a averti mardi que les soldats américains ne seraient pas envoyés en Ukraine pour repousser l'armée russe.

L'attitude du président Macron a été analysée par plusieurs experts. "Quand on annonce quelque chose comme ça, le minimum est de s'assurer du soutien de ses partenaires, de se coordonner sur les limites de chacun. Or, visiblement, il n'y a toujours pas d'accord entre Européens sur le sujet", analyse dans Libération Olivier Schmitt, professeur de relations internationales au Centre d'études sur la guerre à l'université du Sud-Danemark.

Pour Isabelle Lasserre, journaliste spécialiste de la défense au Figaro, cette évolution du président français peut s'expliquer par "les difficultés des forces armées ukrainiennes sur le terrain, la multiplication des actes hostiles de la Russie et la perspective d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre prochain". Ces modifications ont fait ressurgir ce qu'un haut diplomate français appelle "le surmoi stratégique" de la France. Fin

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