BUENOS AIRES, 7 septembre (Xinhua) -- L'hégémonie militaire des Etats-Unis crée des conflits et de l'instabilité dans le monde entier, selon Gabriel Merino, professeur adjoint à l'Université nationale de La Plata en Argentine.
"L'hégémonie militaire des Etats-Unis est un élément clé de l'hégémonie politique de ce pays. Si l'on veut comprendre la montée des Etats-Unis en tant que puissance mondiale, la dimension militaire est essentielle", a déclaré M. Merino dans une récente interview accordée à Xinhua.
L'Institut Xinhua, le groupe de réflexion de l'agence de presse du même nom, a publié mardi un rapport sur "les origines, les faits et les dangers" de l'hégémonie militaire des Etats-Unis. Plusieurs experts, dont M. Merino, ont participé en ligne ou en présentiel à l'événement organisé pour la publication de ce document.
"Au cours des quelque 240 ans d'histoire des Etats-Unis, il y a eu moins de 20 années pendant lesquels le pays n'a pas été en guerre. Les Etats-Unis peuvent être considérés comme le pays le plus belliqueux de l'histoire du monde", a affirmé M. Merino.
Il a souligné que l'hégémonie militaire et la logique guerrière de Washington étaient évidentes au vu du nombre de ses bases militaires dans le monde et de ses interventions dans les affaires politiques internes d'autres pays et régions.
"Les Etats-Unis étendent leurs tentacules militaires dans le monde entier, et disposent actuellement d'environ 750 bases militaires dans au moins 80 pays et régions. On peut également citer les guerres d'Irak et d'Afghanistan, ou les interventions en Libye et en Syrie, des actions qui visaient à renforcer leur hégémonie", a déclaré M. Merino.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, Washington a soutenu "des dictatures militaires ou des coups d'Etat pour maintenir ou retrouver son hégémonie sur le continent. Cela a été terrible pour notre histoire", a poursuivi l'expert.
"La doctrine Monroe ne peut être ignorée dans notre région. Deux cents ans après avoir été exposée, elle est toujours en vigueur, et reste liée aux intérêts fondamentaux de Washington, comme le contrôle des matières premières et des marchés d'une région que les Etats-Unis continuent à considérer comme leur arrière-cour", a-t-il affirmé.
A l'échelle mondiale, "la puissance militaire des Etats-Unis et d'autres puissances occidentales a été un important élément complémentaire de la logique du capitalisme", a-t-il déclaré, affirmant que ces deux facteurs avaient été au cœur du colonialisme et de l'impérialisme occidental dans une démarche visant à promouvoir le capitalisme.
Aujourd'hui, le monde est témoin "d'une guerre hybride, d'une transition du pouvoir et du déclin de l'Occident et des Etats-Unis". Cela est dangereux, car dans une telle situation, la force militaire peut être utilisée pour s'opposer à un changement de pouvoir, a-t-il déclaré.
Il y a en ce moment une redistribution du pouvoir motivée par l'émergence d'un monde multipolaire et par la montée de l'Asie, a estimé l'universitaire.
"Si les Etats-Unis décident d'empêcher cette montée en puissance de l'Asie par la force et de maintenir leur hégémonie militaire, il y aura un chaos systémique. En fait, nous voyons déjà des guerres et des signes de cette situation et de ces problèmes, mais cela pourrait potentiellement dégénérer et devenir un problème pour l'humanité", a-t-il prévenu.
"La stabilité mondiale est en danger. En fait, je crois que nous sommes dans un état d'instabilité mondiale. Le déclin relatif des Etats-Unis et du monde géopolitique occidental ne sera pas pacifique", a-t-il conclu. Fin
