NAIROBI, 1er avril (Xinhua) -- La vice-présidente américaine Kamala Harris a entamé samedi dernier son premier voyage en Afrique au cours de son mandat en se rendant au Ghana, en Tanzanie et en Zambie.
Depuis le début de cette année, de nombreux hauts responsables de l'administration Biden ont posé le pied sur le continent. Le but du voyage de Mme Harris, selon une déclaration officielle des Etats-Unis, est de renforcer le partenariat avec l'Afrique et de faire progresser leurs efforts communs en matière de sécurité et de prospérité économique.
Face à la générosité soudaine des Etats-Unis, les dirigeants africains ont calmement réagi à cette intense "offensive de charme".
Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, a souligné que le continent ne devrait pas être un champ de bataille où les grandes puissances se disputent leur propre domination politique et économique. "Il peut y avoir une obsession aux Etats-Unis à propos des activités chinoises sur le continent, mais il n'y a pas une telle obsession ici", a déclaré M. Akufo-Addo lors de la visite de Mme Harris.
Les hommes politiques et intellectuels africains accueillent toujours la coopération internationale avec une attitude ouverte, mais ils refusent que leur pays soit entraîné dans le camp d'une grande puissance et devienne un pion.
Le chef de l'opposition zambienne à l'Assemblée nationale, Brian Mundubile, s'est dit surpris par les inquiétudes du gouvernement américain concernant les relations de la Chine avec la Zambie et d'autres pays africains.
"En tant que députés, nous mettons en question la politique étrangère des Etats-Unis cherchant à essayer de discerner ce qui peut intéresser notre pays. Nous n'approuvons pas cette influence soudaine que l'Occident voudrait exercer sur la Zambie en essayant de nous aider à choisir des amis", a déclaré M. Mundubile.
De même, Antonio Nhaga, expert en relations internationales en Guinée-Bissau et directeur général de la revue "La Démocratie", a vivement critiqué la politique étrangère américaine en Afrique dans une interview avec Xinhua.
Selon M. Nhaga, les pays occidentaux n'ont jamais abandonné l'idéologie de la Guerre froide. Aujourd'hui, les pays africains aspirent à un autre type de coopération avec leurs partenaires et ne veulent plus accepter le "paternalisme occidental".
Comme mentionné lors de l'entretien avec M. Mundubile, les récentes visites de haut niveau des responsables occidentaux en Afrique ont soulevé des questions quant à leur véritable intérêt pour le continent.
Comparée à la négligence de l'Afrique par son prédécesseur, l'administration Biden n'a ménagé aucun effort pour conquérir l'Afrique avec d'énormes investissements promis.
Certains experts analysent que le virage de la politique américaine envers l'Afrique ne vise pas seulement à équilibrer les forces géopolitiques mondiales en constante évolution et à rivaliser avec la Chine avec une mentalité de jeu à somme nulle sur le continent, mais aussi à servir les intérêts des Etats-Unis.
L'Afrique étant riche en ressources stratégiques telles que les minéraux de terres rares, il est donc "absolument logique" que les Etats-Unis tournent leur attention vers le continent, selon Gyude Moore, chercheur principal en politiques au Center for Global Development basé à Washington, cité par le média Africa Business.
Selon lui, dans le contexte d'un monde de plus en plus connecté, les retombées de problèmes tels que l'insécurité et le changement climatique en Afrique pourraient également avoir un impact sur les Etats-Unis.
Toutefois, comme l'a confié aux médias le chef du Parti socialiste de Zambie Fred M'membe, les Etats-Unis poursuivent avant tout leurs propres intérêts géopolitiques et économiques, et leur intérêt pour l'Afrique n'est pas nécessairement motivé par le désir de bénéficier au continent. Fin
