WELLINGTON, 3 mars (Xinhua) -- Les eaux usées de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima au Japon, qui, si elles sont rejetées dans le Pacifique comme prévu, finiront par atteindre la haute mer, sont "capables de produire des cancers", ont estimé vendredi des scientifiques néo-zélandais.
Le Japon a prévu de rejeter dans l'océan Pacifique les eaux usées traitées de la centrale de Fukushima Daiichi, victime d'un accident nucléaire après un tsunami en mars 2011.
Jamie Quinton, directeur de la faculté de sciences naturelles de l'Université Massey, a noté que dans les eaux non traitées, les isotopes radioactifs préoccupants sont l'iode-131 et le césium-137 et que le fait qu'ils soient utilisés en radiothérapie dans la médecine nucléaire signifie qu'ils ont suffisamment d'énergie pour provoquer la mort et la mutation des cellules.
"En d'autres termes, ils sont capables de produire des cancers", a-t-il dit.
Or, l'expert en droit international Duncan Currie a déclaré à Xinhua que le Système avancé de traitement des liquides (ALPS) ne permettait pas, dans le meilleur des cas, d'éliminer le tritium et qu'il n'existe pratiquement aucune information scientifique sur les effets du tritium sur l'environnement marin, notamment sur les différentes espèces.
Selon lui, l'objectif prévu pour le traitement des eaux usées nucléaires de Fukushima est seulement d'éliminer les autres isotopes radioactifs à des niveaux "réglementaires", plutôt que détectables. Des tests d'ALPS n'ont pas été encourageants, a déclaré M. Currie.
"Il y a plusieurs autres produits radioactifs dans l'eau non traitée qui sont dangereux pour les espèces vivantes et les écosystèmes. Au fur et à mesure que les organismes consomment d'autres organismes, une plus grande quantité de ces produits radioactifs s'accumule dans leur corps, qui peut à son tour se retrouver chez l'homme. Ces éléments radioactifs doivent donc être tenus à l'écart des écosystèmes naturels autant que possible, en particulier de l'océan", a dit M. Quinton.
David Krofcheck, maître de conférences en physique à l'Université d'Auckland, a abondé dans le même sens en déclarant que le danger qu'il y a à rejeter sans discernement des produits de fission nucléaire dans l'océan est que ces produits peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire.
"Une fois dans la chaîne alimentaire, les noyaux lourds de fission nucléaire à longue durée de vie comme le césium-137, le strontium-90 et l'iode-131 ont tendance à se concentrer dans les muscles, les os et la thyroïde des humains, respectivement. Des cancers peuvent en résulter", selon lui.
La Nouvelle-Zélande devrait s'inquiéter des effets des eaux de rejet nucléaires sur le Pacifique, a dit M. Currie, citant une modélisation qui montre le déplacement de l'eau radioactive vers le Pacifique Nord, y compris par exemple par l'absorption de poissons et de mammifères marins hautement migratoires.
Actuellement, un groupe indépendant d'experts mondiaux sur les questions nucléaires soutient les nations du Forum des îles du Pacifique (FIP) dans leurs consultations avec le Japon au sujet de ses projets de rejet d'eaux usées nucléaires traitées dans l'océan Pacifique.
M. Quinton a fait remarquer que si le rejet de telles eaux dans l'océan devait avoir lieu, "il est particulièrement important pour les industries japonaises basées sur l'aquaculture que le processus soit correct et conforme à la réglementation".
Il est dans l'intérêt économique du Japon de veiller à ce que les voies navigables restent en deçà des niveaux de rayonnement de fond acceptables sur le plan international, afin de garantir la sécurité alimentaire et de ne pas affecter leur capacité de commerce international, a-t-il déclaré. Fin