BUDAPEST, 14 novembre (Xinhua) -- La flambée des factures de services publics, et plus particulièrement d'électricité et de gaz, rend de plus en plus difficile la survie des petites entreprises en Hongrie.
Margit Kiss, 42 ans, mère de deux enfants et propriétaire de la Kiss Bakery à Urom, dans la banlieue de Budapest, se dit pour le moins frustrée par la situation.
Même si elle n'utilise le gaz que pour faire chauffer de l'eau, sa dernière facture de gaz est passée de 3.000 à 19.000 forints (45,6 dollars américains) par mois, et sa facture d'électricité a plus que doublé, passant de 45.000 à 108.000 forints.
"J'ai dû couper complètement le gaz, craignant d'atteindre des sommes que je ne serais pas en mesure de payer", explique-t-elle. Elle a installé un petit chauffage électrique dans son appartement, et utilise la chaleur générée par les réfrigérateurs pour chauffer sa boulangerie.
Alors même qu'elle s'entretenait avec Xinhua, elle a reçu une livraison de gâteaux Gerbeaud dont le prix était 20% plus élevé que la semaine précédente.
Le conflit russo-ukrainien a fait exploser les prix des matières premières. Les prix de la farine et du pain ont grimpé en flèche en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement, et la réduction de l'approvisionnement en gaz russe a eu le même effet sur les prix de l'énergie.
En août, le gouvernement a supprimé le plafonnement des prix de l'énergie, ce qui signifie que les entreprises et les institutions doivent désormais payer les prix du marché. Les ménages qui consomment plus que la moyenne nationale sont également touchés. Pour eux, le prix de l'électricité a doublé et le prix du gaz a été multiplié par sept.
Margit ne fait pourtant fonctionner que les réfrigérateurs réservés aux produits laitiers. Ceux qui étaient jadis destinés aux boissons non alcoolisées sont désormais débranchés et utilisés comme étagères, ce qui signifie que les clients ne peuvent plus boire de boissons glacées.
Les prix de ses produits ont également considérablement augmenté : une miche de pain ordinaire coûte désormais 700 forints, contre 500 forints en été et environ 350 forints en février.
En septembre, les prix du pain en Hongrie ont augmenté de 76,9% en glissement annuel, soit la hausse la plus élevée enregistrée dans l'Union européenne (UE), a indiqué Eurostat, l'office des statistiques de l'UE.
Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'inflation des prix alimentaires en Hongrie en août a été de 33,1% en glissement annuel, la deuxième plus élevée derrière la Turquie.
Un carton de dix œufs, qui coûtait auparavant 500 forints, se vend désormais à 1.000 forints. En seulement huit mois, le prix des 100 grammes de beurre doux est passé de 450 à 850 forints.
Les clients sont sidérés par les prix indiqués sur les étiquettes. "Je préfère ne pas répéter leurs commentaires... Les prix augmentent chaque semaine", se plaint Margit.
En septembre, le taux d'inflation en Hongrie était de 20,1% en glissement annuel, selon les derniers chiffres officiels. Des analystes prédisent que les taux d'inflation culmineront à 24 ou 25% au cours de l'année, avant de retomber progressivement en 2023.
Selon un sondage réalisé fin septembre par le magazine local Portfolio, 14% des petites et moyennes entreprises du pays anticipent une fermeture.
Les prix croissants de l'énergie ne gênent pas encore le fils de Mme Kiss - Bence, âgé de 5 ans - à l'école maternelle, car les températures extérieures sont encore douces en Hongrie.
Mais sa mère s'inquiète pour l'hiver, un nouveau décret gouvernemental stipulant que la température ne pourra pas dépasser les 20 °C dans les établissements d'enseignement et 18 °C dans les administrations publiques. (1 forint = 0,0024 dollar américain) Fin