PARIS, 26 août (Xinhua) -- L'appel à l'unité lancé par le président français Emmanuel Macron face à la "fin de l'abondance", des "évidences" et de "l'insouciance" continue de faire réagir les opposants de gauche, les syndicats ainsi que de simples citoyens à travers les médias et les réseaux sociaux.
"Au fond, nous vivons la fin de l'abondance, celle des liquidités sans coût, celle de produits et de technologies qui nous paraissaient perpétuellement disponibles, la rupture des chaînes de valeurs. La rareté de telle ou telle matière ou technologie réapparaît, comme celle de l'eau", a déclaré M. Macron mercredi lors du conseil des ministres marquant la rentrée gouvernementale.
Selon le président français, cette "fin de l'abondance", de "l'insouciance" et "des évidences" montre que c'est au fond une "grande bascule que nous vivons". D'où son appel à une "très forte" unité du gouvernement, de la majorité présidentielle et des forces vives de la nation autour "d'un cap qui nous permettra, dit-il, de consolider notre souveraineté, notre indépendance française et européenne".
Mais cet appel d'Emmanuel Macron qui a pour but de rassembler a suscité de vives polémiques en France. Son opposition, notamment de gauche, récuse le terme "fin de l'abondance" et rappelle à Emmanuel Macron que la France n'a jamais connu d'abondance.
"Quand vous êtes dans un pays où il y a neuf millions de pauvres, entendre un truc pareil, c'est incroyable", a réagi le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. "Il n'y a jamais eu de l'abondance M. Macron, il y a toujours eu de l'irresponsabilité", a-t-il ajouté.
Même indignation au Parti communiste français (PCF). "Non mais on rêve ! Comme si les Français avaient manqué de soucis et s'étaient trop gavés. Dix millions de Français pauvres à cause de l'insouciance du président Macron et de la prédation des riches", a écrit sur son compte Twitter le secrétaire général du PCF, Fabien Russel.
Pour Yannick Jadot, ancien candidat à l'élection présidentielle d'Europe écologie les Verts, il faudrait surtout que ce soit "la fin du déni, la fin de l'inaction et aussi la fin d'une forme d'impuissance face aux lobbys". "Eau, énergie, agriculture, bâtiment, transport... des solutions de sobriété et de progrès existent. Mettons-les en œuvre ! ", a proposé M. Jadot.
L'appel du président français a également fait réagir certains syndicats. C'est le cas de la Confédération générale des travailleurs (CGT) qui a indiqué que les travailleurs ne feraient aucun sacrifice au nom de la "fin de l'abondance".
"C'est un message décalé. Quand on parle de fin de l'abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de précaires", a réagi sur BFMTV le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "Les sacrifices, on va s'y opposer", a précisé le syndicaliste.
Sur les réseaux sociaux on voit des caricatures ou des commentaires d'internautes qualifiant Emmanuel Macron de "président des riches" ou encore que "l'abondance continue pour des riches".
Face à la polémique, le camp présidentiel est monté au créneau pour préciser le message d'Emmanuel Macron.
Il vise plutôt à "préparer les esprits", à "être conscient" de la situation de crise qui prévaut, indique l'Elysée, repris par plusieurs journaux. Le président de la République "n'éludera aucune des questions cruciales de notre avenir", a assuré pour sa part François Bayrou, leader du parti du MoDem (Mouvement démocrate), membre de la majorité présidentielle. Fin