Crimes niés, histoire ignorée : le Japon passe sous silence le travail forcé sur l'île de Hashima (REPORTAGE) - Xinhua - french.news.cn

Crimes niés, histoire ignorée : le Japon passe sous silence le travail forcé sur l'île de Hashima (REPORTAGE)

French.news.cn | 2022-08-15 à 03:48

TOKYO, 14 août (Xinhua) -- "Il n'y a pas eu de travail forcé ici", déclare ouvertement un guide touristique de Hashima, une île fortifiée près de Nagasaki, où les visiteurs sont pourtant censés être informés de l'histoire des crimes de travail forcé commis sur les lieux.

En 2015, les sites liés à la révolution industrielle japonaise de l'ère Meiji, qui comprennent notamment l'île de Hashima, ont été classés "patrimoine culturel mondial". Cette décision a suscité une énorme controverse, des dizaines de milliers de travailleurs chinois et coréens ayant été réduits en esclavage sur l'île par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le guide officiel de Hashima ne mentionne de fait ni les ouvriers forcés de travailler sur place pendant la guerre d'agression menée par le Japon, ni le nombre de morts parmi les ouvriers.

Les archives historiques ont pourtant montré que le conglomérat japonais Mitsubishi avait utilisé un grand nombre d'ouvriers coréens pour procéder à l'exploitation minière de Hashima en 1939. A partir de 1943, Mitsubishi a également réduit en esclavage des prisonniers de guerre chinois capturés par l'armée japonaise. Des centaines d'ouvriers chinois et coréens y ont ainsi perdu la vie.

A bord du navire transportant les visiteurs, le guide touristique ne mentionne pas non plus ces faits, se contentant d'affirmer que le charbon et les minerais extraits sur l'île fournissaient des minéraux rares aux chantiers navals et aux aciéries de Mitsubishi, contribuant à la modernisation du Japon dans son ensemble.

Détaillant les installations caractéristiques du début de l'histoire de l'architecture japonaise moderne, le guide ne montre pas non plus la moindre compassion envers les ouvriers morts en esclavage, sans même parler de condamner les esclavagistes.

Rendre publique l'histoire du travail forcé dans la mine de charbon de Hashima était pourtant l'un des engagements pris par le Japon auprès de l'UNESCO lorsqu'il a demandé à ce que le site soit classé au patrimoine mondial. Une fois sa candidature acceptée, le Centre d'information sur le patrimoine industriel du Japon a cependant produit toutes sortes de témoignages et de documents niant que le Japon y ait amené des travailleurs de force, suscitant une profonde déception et de vives protestations au sein de la communauté internationale.

En 2018, le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a exigé du Japon qu'il expose en détail l'histoire du travail forcé sur les sites liés à la révolution industrielle. Le Japon n'a pas donné suite à cette demande.

En juillet 2021, une résolution du Comité du patrimoine mondial a "profondément regretté" que le Japon ait refusé de retracer en détail le recrutement forcé de travailleurs coréens et autres lors de la promotion des sites de la révolution industrielle de l'ère Meiji, comme l'île de Hashima. La résolution a souligné que le gouvernement japonais n'avait pas honoré les engagements contractés envers la communauté internationale durant le processus de candidature.

La résolution a également appelé le gouvernement japonais à prendre des mesures pour rendre public le fait que de nombreux travailleurs avaient été amenés de force dans la mine depuis la péninsule coréenne et obligés de travailler dans des conditions difficiles. Le Japon a été sommé de soumettre un rapport d'ici le 1er décembre 2022, et d'expliquer ce qu'il comptait faire à ce sujet. Fin

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