(Multimédia) Les empreintes des pionniers de la révolution chinoise à Lyon en France (REPORTAGE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-05-18 à 05:30

Photo d'archives prise le 5 mars 2019 montre la porte principale de l'ancien site de l'Institut franco-chinois de Lyon, en France. (Xinhua/Tang Ji)

LYON (France), 17 mai (Xinhua) -- Lyon, la troisième plus grande ville en France, a toujours entretenu des liens étroits avec la Chine. Cette métropole était autrefois l'un des points d'arrivée de l'ancienne "Route de la Soie" en Europe occidentale. Il y a cent ans, la ville est également devenue l'un des principaux lieux de rassemblement des étudiants chinois du mouvement Travail-Etudes en France. Des pionniers de la révolution comme Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Chen Yi et Cai Hesen y ont passé leur jeunesse, laissant des "empreintes rouges" dans la ville.

Ces empreintes sont intimement liées à l'Institut franco-chinois de Lyon (IFC). Fondé en juillet 1921, l'IFC était à l'époque l'unique établissement universitaire en France à avoir été spécialement créé à l'intention des étudiants chinois. L'ancien site de l'Institut franco-chinois de Lyon se dresse toujours tranquillement sur la colline de Fourvière. L'inscription "Institut franco-chinois" est gravée en chinois et en français sur le fronton de sa porte principale.

Alain Labat, président de la Fédération des Associations franco-chinoises et vice-président du Nouvel Institut franco-chinois de Lyon, étudie depuis longtemps le mouvement Travail-Etudes. Il a récemment accepté de raconter ces événements historiques aux journalistes de Xinhua.

L'objectif qui a présidé à la fondation de l'IFC était de créer un environnement d'études stable et favorable aux étudiants chinois. A l'époque, de nombreux étudiants du mouvement Travail-Etudes étaient de fait confrontés à des difficultés économique, si bien que leurs études s'en ressentaient.

Lorsque les étudiants chinois présents en France ont entendu parler de l'IFC, "ils ont pensé que cet établissement était destiné à les accueillir, et que leur admission à Lyon signifierait la fin de tous leurs problèmes, du moins pour ce qui est de leurs études supérieures. Mais très vite, le gouvernement de Beiyang et les autorités françaises leur ont fait savoir que cet établissement ne leur était pas destiné, et n'accueillerait que des jeunes chinois formés et sélectionnés à Beijing, Shanghai et Guangzhou", raconte M. Labat.

Pour se battre pour leur "droit de vivre et d'étudier", des centaines de représentants du mouvement Travail-Etudes, dont Cai Hesen, Zhao Shiyan et Chen Yi, ont en conséquence occupé un des bâtiments de l'IFC le 20 septembre 1921.

Remontant à l'origine de cet événement, M. Labat explique que ces jeunes étudiants étaient "très politisés suite au Mouvement du 4 mai 1919, une contestation nationaliste qui a débouché sur une remise en cause profonde de la société traditionnelle chinoise sur les plans socio-politique, culturel et linguistique".

Photo d'archives prise le 5 mars 2019 sur l'ancien site de l'Institut franco-chinois de Lyon, en France. (Xinhua/Tang Ji)

Cette manifestation d'étudiants chinois a choqué les autorités lyonnaises, qui ont décidé d'intervenir et d'arrêter les manifestants. Elles ont ensuite cherché à identifier les organisateurs pour les expulser. "Au total, 104 étudiants chinois ont été emmenés à la gare des Brotteaux pour être mis dans le premier train à destination de Marseille, et à Marseille, dans le premier paquebot à destination de la Chine", raconte M. Labat.

"Leur combat était juste, ils demandaient simplement à étudier dans de bonnes conditions. Parmi ces jeunes gens, certains étaient appelés à devenir extrêmement célèbres. Cai Hesen, Zhao Shiyan, Chen Yi sont ainsi devenus de grandes figures de l'histoire du Parti communiste chinois", rappelle M. Labat.

"Chen Yi, l'un des étudiants expulsés, est par exemple devenu maréchal de l'Armée populaire de libération chinoise, et ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine", ajoute-t-il.

Quant aux activités de Zhou Enlai et de Deng Xiaoping à Lyon, M. Labat qualifie "d'historiquement fausse" la légende qui voudrait que les deux hommes aient étudié à l'IFC. "Il est cependant exact que Zhou Enlai et Deng Xiaoping ont gravité autour de cet institut", précise-t-il.

Tout près de l'IFC, "il y a une maison qui existe encore, qui était le premier restaurant chinois de Lyon, et où ces jeunes gens se réunissaient autour de Zhou Enlai pour des discussions politiques", rappelle M. Labat, ajoutant que Zhou Enlai "a travaillé quelques semaines aux usines Berliet, la plus grosse usine de poids-lourds de l'époque en France, dans la banlieue lyonnaise".

"Deng Xiaoping, qui avait 16 ans lors de son arrivée en France, était assurément le plus jeune participant au mouvement Travail-Etudes. Il s'est très vite consacré aux activités politiques avec Zhou Enlai, Zhao Shiyan et Chen Yi. Il est également venu à Lyon pour animer des réunions politiques", affirme M. Labat.

En octobre 1921, une centaine d'étudiants du mouvement Travail-Etudes ont été expulsés vers la Chine par paquebot. A bord du navire, Cai Hesen s'est déclaré convaincu que ces étudiants parviendraient à créer un "nouveau monde rouge" à leur retour en Chine.

De fait, la même année, le premier Congrès national du Parti communiste chinois s'est ouvert le 23 juillet à Shanghai, port de départ des étudiants du mouvement Travail-Etudes de 1919 à 1920. Fin

 
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(Multimédia) Les empreintes des pionniers de la révolution chinoise à Lyon en France (REPORTAGE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-05-18 à 05:30

Photo d'archives prise le 5 mars 2019 montre la porte principale de l'ancien site de l'Institut franco-chinois de Lyon, en France. (Xinhua/Tang Ji)

LYON (France), 17 mai (Xinhua) -- Lyon, la troisième plus grande ville en France, a toujours entretenu des liens étroits avec la Chine. Cette métropole était autrefois l'un des points d'arrivée de l'ancienne "Route de la Soie" en Europe occidentale. Il y a cent ans, la ville est également devenue l'un des principaux lieux de rassemblement des étudiants chinois du mouvement Travail-Etudes en France. Des pionniers de la révolution comme Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Chen Yi et Cai Hesen y ont passé leur jeunesse, laissant des "empreintes rouges" dans la ville.

Ces empreintes sont intimement liées à l'Institut franco-chinois de Lyon (IFC). Fondé en juillet 1921, l'IFC était à l'époque l'unique établissement universitaire en France à avoir été spécialement créé à l'intention des étudiants chinois. L'ancien site de l'Institut franco-chinois de Lyon se dresse toujours tranquillement sur la colline de Fourvière. L'inscription "Institut franco-chinois" est gravée en chinois et en français sur le fronton de sa porte principale.

Alain Labat, président de la Fédération des Associations franco-chinoises et vice-président du Nouvel Institut franco-chinois de Lyon, étudie depuis longtemps le mouvement Travail-Etudes. Il a récemment accepté de raconter ces événements historiques aux journalistes de Xinhua.

L'objectif qui a présidé à la fondation de l'IFC était de créer un environnement d'études stable et favorable aux étudiants chinois. A l'époque, de nombreux étudiants du mouvement Travail-Etudes étaient de fait confrontés à des difficultés économique, si bien que leurs études s'en ressentaient.

Lorsque les étudiants chinois présents en France ont entendu parler de l'IFC, "ils ont pensé que cet établissement était destiné à les accueillir, et que leur admission à Lyon signifierait la fin de tous leurs problèmes, du moins pour ce qui est de leurs études supérieures. Mais très vite, le gouvernement de Beiyang et les autorités françaises leur ont fait savoir que cet établissement ne leur était pas destiné, et n'accueillerait que des jeunes chinois formés et sélectionnés à Beijing, Shanghai et Guangzhou", raconte M. Labat.

Pour se battre pour leur "droit de vivre et d'étudier", des centaines de représentants du mouvement Travail-Etudes, dont Cai Hesen, Zhao Shiyan et Chen Yi, ont en conséquence occupé un des bâtiments de l'IFC le 20 septembre 1921.

Remontant à l'origine de cet événement, M. Labat explique que ces jeunes étudiants étaient "très politisés suite au Mouvement du 4 mai 1919, une contestation nationaliste qui a débouché sur une remise en cause profonde de la société traditionnelle chinoise sur les plans socio-politique, culturel et linguistique".

Photo d'archives prise le 5 mars 2019 sur l'ancien site de l'Institut franco-chinois de Lyon, en France. (Xinhua/Tang Ji)

Cette manifestation d'étudiants chinois a choqué les autorités lyonnaises, qui ont décidé d'intervenir et d'arrêter les manifestants. Elles ont ensuite cherché à identifier les organisateurs pour les expulser. "Au total, 104 étudiants chinois ont été emmenés à la gare des Brotteaux pour être mis dans le premier train à destination de Marseille, et à Marseille, dans le premier paquebot à destination de la Chine", raconte M. Labat.

"Leur combat était juste, ils demandaient simplement à étudier dans de bonnes conditions. Parmi ces jeunes gens, certains étaient appelés à devenir extrêmement célèbres. Cai Hesen, Zhao Shiyan, Chen Yi sont ainsi devenus de grandes figures de l'histoire du Parti communiste chinois", rappelle M. Labat.

"Chen Yi, l'un des étudiants expulsés, est par exemple devenu maréchal de l'Armée populaire de libération chinoise, et ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine", ajoute-t-il.

Quant aux activités de Zhou Enlai et de Deng Xiaoping à Lyon, M. Labat qualifie "d'historiquement fausse" la légende qui voudrait que les deux hommes aient étudié à l'IFC. "Il est cependant exact que Zhou Enlai et Deng Xiaoping ont gravité autour de cet institut", précise-t-il.

Tout près de l'IFC, "il y a une maison qui existe encore, qui était le premier restaurant chinois de Lyon, et où ces jeunes gens se réunissaient autour de Zhou Enlai pour des discussions politiques", rappelle M. Labat, ajoutant que Zhou Enlai "a travaillé quelques semaines aux usines Berliet, la plus grosse usine de poids-lourds de l'époque en France, dans la banlieue lyonnaise".

"Deng Xiaoping, qui avait 16 ans lors de son arrivée en France, était assurément le plus jeune participant au mouvement Travail-Etudes. Il s'est très vite consacré aux activités politiques avec Zhou Enlai, Zhao Shiyan et Chen Yi. Il est également venu à Lyon pour animer des réunions politiques", affirme M. Labat.

En octobre 1921, une centaine d'étudiants du mouvement Travail-Etudes ont été expulsés vers la Chine par paquebot. A bord du navire, Cai Hesen s'est déclaré convaincu que ces étudiants parviendraient à créer un "nouveau monde rouge" à leur retour en Chine.

De fait, la même année, le premier Congrès national du Parti communiste chinois s'est ouvert le 23 juillet à Shanghai, port de départ des étudiants du mouvement Travail-Etudes de 1919 à 1920. Fin

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