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French.xinhuanet.com | Publié le 2021-05-11 à 02:40
Les élèves et enseignants du Lycée en Forêt de Montargis et du Lycée n°1 de Liuyang, dans la province chinoise du Hunan, ont récemment participé ensemble à un "cours de chinois en ligne" portant sur l'histoire du mouvement des étudiants-travailleurs chinois en France dans les années 1920. (Photo : Xinhua)
PARIS, 10 mai (Xinhua) -- Les élèves et enseignants du Lycée en Forêt de Montargis et du Lycée n°1 de Liuyang, dans la province chinoise du Hunan, ont récemment participé ensemble à un "cours de chinois en ligne" portant sur l'histoire du mouvement des étudiants-travailleurs chinois en France dans les années 1920.
Il y a un siècle, des milliers de jeunes Chinois, parcourant 30.000 km au cours d'un voyage de deux mois - dont 40 jours en mer - venaient faire leurs études et travailler en France. Plus de 300 d'entre eux ont séjourné à Montargis. Parmi eux figuraient plusieurs pionniers du Parti communiste chinois (PCC), dont Zhou Enlai, Deng Xiaoping et Chen Yi.
Montargis, une ville située à 109 km au sud de Paris, représente ainsi un important lien entre le passé et le présent. Le mouvement "Travail-Etude en France" a de fait joué un rôle historique essentiel dans la diffusion du marxisme, la fondation du PCC et les échanges culturels et amicaux entre la France et la Chine.
Aujourd'hui, plus de 40 lycéens chinois et français poursuivent cette tradition par le biais de leurs échanges en ligne. Au début, le mouvement "Travail-Etude en France" était inconnu à la plupart des élèves, y compris aux résidents de Montargis. L'initiatrice de ce cours de chinois en ligne, Wang Peiwen - qui est professeur de chinois du Lycée en Forêt de Montargis - a déclaré à Xinhua que le mouvement "Travail-Etude en France" constituait un important élément de patrimoine humain. "Si les générations futures n'apprennent pas cette histoire, elle sera oubliée", explique-t-elle.
Il y a quelques années, le ministère français de l'Education nationale a ajouté l'histoire du mouvement "Travail-Etude en France" au programme des enseignements de langue et de littérature chinoises des classes de seconde et de terminale des sections internationales. De plus en plus de jeunes français commencent ainsi à découvrir cette histoire.
Photo du Lycée n°1 de Liuyang, dans la province chinoise du Hunan (sud). (Photo fournie par le Lycée n°1 de Liuyang)
Les échanges culturels et linguistiques entre le Lycée en Forêt de Montargis et le Lycée n°1 de Liuyang sont en outre fréquents. A cause de l'épidémie, la visite à Montargis des élèves du Lycée n°1 a cependant été reportée, et c'est la raison pour laquelle il a été décidé d'organiser ce cours à distance.
Yu Peiyao, l'autre initiatrice de ce cours en ligne, est professeur de français au Lycée n°1 de Liuyang. Elle a indiqué à Xinhua que depuis novembre 2020, les deux lycées avaient organisé six sessions d'échange en ligne. Encourager les étudiants chinois à apprendre l'histoire du mouvement "Travail-Etude en France" a entre autres pour objectif de raccourcir la distance entre les élèves, leurs ancêtres révolutionnaires et la France, a-t-elle souligné.
Avant le début de ce cours, Wang Peiwen, qui est également directrice du Musée historique de l'amitié franco-chinoise, a organisé pour les jeunes des deux pays une visite virtuelle du musée. Les deux professeures leur ont également fait regarder des documentaire et des extraits de livres concernant le mouvement "Travail-Etude en France".
Qu'est-ce que les jeunes d'aujourd'hui pensent de cette histoire ? Pendant le cours, Flavien Gavoille a indiqué qu'après avoir lu un extrait de livre, il avait été choqué par la misère et les terribles conditions de travail subies par Deng Xiaoping (un ancien dirigeant chinois) en France. "Mais j'ai aussi été admiratif, car même s'il a vécu dans la misère et dans des conditions de travail atroces, il ne s'est pas laissé décourager. Il a réussi à atteindre ses objectifs, comme réussir ses études en France et progresser dans la compréhension de l'idéologie communiste afin de pouvoir sauver la Chine", déclare-t-il.
Léa Pereira affirme quant à elle que Zhou Enlai (un ancien Premier ministre chinois) et Deng Xiaoping lui ont laissé une profonde impression. "Même s'ils ne prennent pas la parole dans le documentaire, on ressent quelque chose de fort (...) Ils partent de leur pays pour aller dans un pays qu'ils ne connaissent pas, tout en espérant qu'à leur retour, ils pourront sauver leur pays grâce à ce qu'ils auront appris en France", souligne-t-elle.
Photo du Lycée en Forêt de Montargis, en France. (Photo fournie par le Lycée en Forêt de Montargis)
Liu Yuexiang déclare que l'expérience de Chen Yi, un autre ancien dirigeant, l'a profondément touchée. "Il est issu d'une famille pauvre, et a fait de grands efforts pour obtenir les qualifications nécessaires pour aller étudier en France. Il est venu en France avec un véritable enthousiasme patriotique. Il a étudié dur dans des conditions difficiles, avec pour rêve de rendre son pays et son peuple plus riches et plus forts. Il croyait fermement en ses idéaux", affirme-t-elle.
Quant à Zeng Guoxiang, c'est l'histoire de Cai Hesen (un des fondateurs du PCC) qui l'a beaucoup touché. Lors de ses études à Montargis, Cai Hesen étudiait tous les jours dans le parc jusqu'à sa fermeture à l'aide d'un dictionnaire et de journaux. Son assiduité a ému un gardien du parc, qui a pris l'initiative de devenir son tuteur de français. "Son désir d'apprendre et ses convictions patriotiques m'ont beaucoup touché", dit-il.
Lorsque le professeur Wang Peiwen a demandé aux jeunes de Montargis ce qu'ils pensaient des efforts de la ville pour créer une "place Deng Xiaoping" et installer une statue dans la gare pour commémorer le 100e anniversaire du mouvement Travail-Etudes, Nina Pedemas a déclaré : "C'est bien, ce genre de statues. Ca permet de garder trace de l'histoire. Beaucoup de gens ont déjà oublié ce qui s'est passé à Montargis, mais maintenant, grâce à ce genre de monument, on pourra garder trace de l'histoire, et les générations futures sauront".
Enzo Rouhaud a quant à lui partagé ce qu'il avait appris avec sa famille. "Ma famille connaît très peu l'histoire des jeunes chinois venus étudier et travailler à Montargis. Je leur ai raconté cette histoire. Ma famille a été étonnée que ces jeunes étudiants travailleurs chinois avaient un lien aussi important avec la ville de Montargis et la France et avec l'histoire du développement de la Chine. Elle estime que les relations franco-chinoises sont particulièrement importantes par rapport à cette histoire et que ces liens doivent durer encore." Fin