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La théorie du "piège de la dette" chinois n'est qu'un mensonge bien raconté, selon deux universitaires

 
French.xinhuanet.com | Publié le 2021-02-09 à 19:26

WASHINGTON, 9 février (Xinhua) -- Le récit selon lequel la Chine pratique une "diplomatie du piège de la dette" n'est qu'un mensonge puissant et bien raconté, lequel dépeint à tort la Chine et les pays en développement avec lesquels elle est en affaires, affirment deux universitaires américaines.

L'administration Trump a agité cette théorie, s'appuyant sur le cas du port sri-lankais de Hambantota comme exemple majeur pour mettre en garde contre une utilisation stratégique de la dette par la Chine, écrivent dans le magazine The Atlantic Deborah Brautigam, professeure d'économie politique internationale à l'Université Johns Hopkins, et Meg Rithmire, professeure associée à la Harvard Business School.

Les recherches de ces universitaires ont montré que les prêteurs chinois étaient disposés à restructurer les conditions des prêts existants et n'ont jamais réellement saisi les actifs de quelque pays que ce soit, et encore moins le port de Hambantota, d'après cet article paru samedi qui clarifie le contexte et le calendrier du projet de développement de ce port.

Se fondant sur une étude de faisabilité menée par le bureau d'études danois Ramboll en 2006, le gouvernement sri-lankais avait approché les Etats-Unis et l'Inde pour le financement de ce projet portuaire, une proposition rejetée par ces deux pays.

En 2007, grâce au lobbying acharné de la China Harbour Engineering Company (CHEC), la Banque d'import-export de Chine a proposé un prêt commercial de plus de 300 millions de dollars sur 15 ans pour mener à bien ce projet et CHEC a décroché le contrat. A l'époque, la longue guerre civile au Sri Lanka était encore en cours.

Saliya Wickramasuriya, ancien président de l'Autorité portuaire du Sri Lanka, a souligné, selon les universitaires, que "ce n'était pas facile d'obtenir un prêt commercial d'un montant de 300 millions de dollars pendant la guerre".

En outre, il n'y a jamais eu de défaut de paiement, comme le rappellent les autrices, bien que le port ait été déficitaire en 2014. En réalité, "Colombo a organisé un renflouement par le Fonds monétaire international et a décidé de réunir les fonds nécessaires en louant le port peu performant de Hambantota à une entreprise expérimentée", expliquent-elles.

Le Sri Lanka a donc choisi l'entreprise China Merchants Port (CMPort), dont il a fait l'actionnaire majoritaire du projet avec un bail de 99 ans, et injecté 1,12 milliard de dollars pour renforcer ses réserves de change, mais pas pour rembourser ses dettes, selon l'article.

"Avec la nouvelle administration (Biden) qui a pris ses fonctions à Washington, la vérité sur ce cas largement, peut-être délibérément, incompris du port de Hambantota était attendue depuis longtemps", ont-elles écrit.

Par ailleurs, de l'autre côté de ce mythe du "piège de la dette" se trouvent des pays débiteurs qui sont également offensés par le récit selon lequel ils pourraient être facilement induits en erreur.

Ces événements liés au port sri-lankais révèlent à quel point le monde change, ont noté les universitaires. "La Chine et d'autres pays deviennent de plus en plus sophistiqués dans leurs négociations. Il serait dommage que les Etats-Unis ne parviennent pas à apprendre à leurs côtés".

 
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La théorie du "piège de la dette" chinois n'est qu'un mensonge bien raconté, selon deux universitaires

French.xinhuanet.com | Publié le 2021-02-09 à 19:26

WASHINGTON, 9 février (Xinhua) -- Le récit selon lequel la Chine pratique une "diplomatie du piège de la dette" n'est qu'un mensonge puissant et bien raconté, lequel dépeint à tort la Chine et les pays en développement avec lesquels elle est en affaires, affirment deux universitaires américaines.

L'administration Trump a agité cette théorie, s'appuyant sur le cas du port sri-lankais de Hambantota comme exemple majeur pour mettre en garde contre une utilisation stratégique de la dette par la Chine, écrivent dans le magazine The Atlantic Deborah Brautigam, professeure d'économie politique internationale à l'Université Johns Hopkins, et Meg Rithmire, professeure associée à la Harvard Business School.

Les recherches de ces universitaires ont montré que les prêteurs chinois étaient disposés à restructurer les conditions des prêts existants et n'ont jamais réellement saisi les actifs de quelque pays que ce soit, et encore moins le port de Hambantota, d'après cet article paru samedi qui clarifie le contexte et le calendrier du projet de développement de ce port.

Se fondant sur une étude de faisabilité menée par le bureau d'études danois Ramboll en 2006, le gouvernement sri-lankais avait approché les Etats-Unis et l'Inde pour le financement de ce projet portuaire, une proposition rejetée par ces deux pays.

En 2007, grâce au lobbying acharné de la China Harbour Engineering Company (CHEC), la Banque d'import-export de Chine a proposé un prêt commercial de plus de 300 millions de dollars sur 15 ans pour mener à bien ce projet et CHEC a décroché le contrat. A l'époque, la longue guerre civile au Sri Lanka était encore en cours.

Saliya Wickramasuriya, ancien président de l'Autorité portuaire du Sri Lanka, a souligné, selon les universitaires, que "ce n'était pas facile d'obtenir un prêt commercial d'un montant de 300 millions de dollars pendant la guerre".

En outre, il n'y a jamais eu de défaut de paiement, comme le rappellent les autrices, bien que le port ait été déficitaire en 2014. En réalité, "Colombo a organisé un renflouement par le Fonds monétaire international et a décidé de réunir les fonds nécessaires en louant le port peu performant de Hambantota à une entreprise expérimentée", expliquent-elles.

Le Sri Lanka a donc choisi l'entreprise China Merchants Port (CMPort), dont il a fait l'actionnaire majoritaire du projet avec un bail de 99 ans, et injecté 1,12 milliard de dollars pour renforcer ses réserves de change, mais pas pour rembourser ses dettes, selon l'article.

"Avec la nouvelle administration (Biden) qui a pris ses fonctions à Washington, la vérité sur ce cas largement, peut-être délibérément, incompris du port de Hambantota était attendue depuis longtemps", ont-elles écrit.

Par ailleurs, de l'autre côté de ce mythe du "piège de la dette" se trouvent des pays débiteurs qui sont également offensés par le récit selon lequel ils pourraient être facilement induits en erreur.

Ces événements liés au port sri-lankais révèlent à quel point le monde change, ont noté les universitaires. "La Chine et d'autres pays deviennent de plus en plus sophistiqués dans leurs négociations. Il serait dommage que les Etats-Unis ne parviennent pas à apprendre à leurs côtés".

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