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French.xinhuanet.com | Publié le 2021-01-20 à 01:20
Par Martina Fuchs
GENEVE, 19 janvier (Xinhua) -- La pandémie du COVID-19 accroît les disparités et la fragmentation sociale et devrait menacer l'économie mondiale au cours des trois à cinq prochaines années et affaiblir la stabilité géopolitique au cours des cinq à dix prochaines années, a déclaré mardi le Forum économique mondial (FEM) dans un rapport.
Dans le rapport intitulé "Rapport global des risques 2021", le FEM a averti que la pandémie du coronavirus risque de réduire les années de progrès dans la réduction de la pauvreté et des inégalités et d'affaiblir davantage la cohésion sociale et la coopération mondiale nécessaires pour relever les défis à long terme, tels que la dégradation de l'environnement.
Saadia Zahidi, directrice générale du FEM, a déclaré à Xinhua qu'une communication continue et transparente des gouvernements et des entreprises pour atténuer l'impact de la pandémie de COVID-19 et une distribution juste et équitable des vaccins seraient essentielle.
"C'est là que nous avons vu à maintes reprises des échecs dans la coopération internationale. C'est ce que nous devons améliorer au cours de la deuxième année de cette crise pandémique", a-t-elle affirmé.
"Nous savons que si la pandémie se poursuit dans n'importe quelle partie du monde, c'est quelque chose qui continuera à constituer une menace dans d'autres parties du monde. La distribution (des vaccins) doit être juste et équitable et doit être accessible aux pays en développement comme aux pays développés", a-t-elle martelé.
Parmi les risques les plus probables des dix prochaines années, le rapport a cité les conditions météorologiques extrêmes, l'échec de l'action climatique et les dommages environnementaux causés par l'homme, ainsi que la concentration d'énergie numérique, les inégalités numériques et l'échec de la cybersécurité.
En termes de risques d'impact les plus élevés de la prochaine décennie, les maladies infectieuses occupent la première place, suivies de l'échec de l'action climatique et d'autres risques environnementaux, ainsi que des armes de destruction massive, des crises des moyens de subsistance, des crises de la dette et de la panne des infrastructures informatiques, selon le rapport.
Le rapport définit comme un "risque global" un événement ou une condition incertaine qui, s'il se produit, peut avoir un impact négatif important pour plusieurs pays ou industries au cours des dix prochaines années.
Pour la première fois, le rapport qui est le résultat de la dernière enquête sur la perception des risques mondiaux du FEM évalue également les risques en fonction du moment où les personnes interrogées perçoivent qu'elles constitueront une menace critique pour le monde.
Il en résulte que les menaces les plus imminentes - celles qui sont les plus probables au cours des deux prochaines années - comprennent les crises de l'emploi et des moyens de subsistance, la désillusion généralisée des jeunes, les inégalités numériques, la stagnation économique, les dommages environnementaux causés par l'homme, l'érosion de la cohésion sociale et les attaques terroristes.
Dans trois à cinq ans, les répondants estiment que le monde sera menacé par des risques économiques et technologiques en chaîne, qui peuvent prendre plusieurs années à se matérialiser - tels que des pannes de l'infrastructure informatique, l'instabilité des prix et les crises de la dette.
A l'horizon de cinq à dix ans, les menaces existentielles telles que les armes de destruction massive, l'effondrement de l'Etat, la perte de biodiversité et les avancées technologiques néfastes dominent les préoccupations à long terme.
ELARGISSEMENT DE L'ECART NUMERIQUE
Le rapport avertit également que bien que la transformation numérique promette des avantages importants tels que la création de près de 100 millions de nouveaux emplois d'ici 2025, la numérisation pourrait déplacer quelque 85 millions d'emplois.
Il indique également que 60% des adultes dans le monde manquent toujours de compétences numériques de base, ce qui aggrave le risque d'inégalités existantes.
Cela affectera particulièrement les jeunes, car ce groupe fait face à sa deuxième crise mondiale en une génération et pourrait rater complètement des opportunités au cours de la prochaine décennie, prévient le rapport.
Mme Zahidi a souligné que si la crise du COVID-19 a accéléré la quatrième révolution industrielle, il était essentiel de garantir aux économies en développement un accès numérique ainsi que des investissements dans les compétences.
"Les gens doivent être capables de travailler avec ces technologies, pas simplement y avoir accès. Ce sera un facteur important dans les économies avancées et en développement. Cela concerne le matériel, simplement la capacité d'accéder aux ordinateurs. Mais cela concerne également la capacité du logiciel et le fait de travailler avec ces technologies", a-t-elle précisé.