STRASBOURG, 22 avril (Xinhua) -- La communauté chinoise du Grand Est en France a réalisé des collectes de dons qui ont déjà permis la livraison de près de 200.000 masques, trois respirateurs, 24.000 paires de gants, un millier de visières de protection et 170 blouses dans une région qui paie un lourd tribut à l'épidémie de COVID-19, explique, dans une interview à Xinhua, le président exécutif de l'Association des Chinois d'Alsace, Shan-Shu Bian.

Le Grand Est, en première ligne face à l'épidémie de COVID-19, déplore à ce jour plus de 2.500 morts selon les chiffres de Santé Publique France tandis que le pays dans son ensemble a dépassé le cap de 20.000 décès. Si une lente décrue a été entamée, la situation sanitaire dans les hôpitaux de la région reste très tendue: plus de 4.600 personnes (dont 740 en réanimation) étaient encore hospitalisées lundi 20 avril.

L'Alsace et la Lorraine sont particulièrement touchées. A Mulhouse, dans le Haut-Rhin, un hôpital militaire a même dû être installé au plus fort de l'épidémie pour soulager les services hospitaliers débordés par l'afflux de malades.

"Dès le 25 mars, avant même d'avoir les fonds, nous avons activé nos réseaux en Chine pour passer commande de 16.000 masques chirurgicaux", a raconté Shan-Shu Bian, président exécutif de l'Association des Chinois d'Alsace, qui regroupe près de 200 membres sur ce territoire frontalier avec l'Allemagne. "La communauté chinoise de France s'était déjà mobilisée par des dons financiers et des envois de masques au plus fort de l'épidémie en Chine. Notre opération s'inscrit dans la continuité", a-t-il rappelé.

Avec l'Union des chercheurs et des étudiants chinois à Strasbourg qui compte près d'un millier de membres et l'Institut Confucius de la capitale européenne, l'Association des Chinois d'Alsace a récolté près de 10.000 euros. "Nous avions tablé sur 8.000 euros environ, nous en avons récolté 9.870 euros au 10 avril", indique Shan-Shu Bian. Au total "ce sont 70 donateurs qui ont donné entre 10 et 1.000 euros", a-t-il dit.

"Le 14 mars, les premiers 16.000 masques sont arrivés à Strasbourg : 14.000 d'entre eux ont été immédiatement livrés à la région Grand Est pour être distribués par l'Agence régionale de la Santé (ARS) auprès des différentes structures alsaciennes (hôpitaux et EHPAD/Etablissements Hospitaliers pour Personnes Agées Dépendantes)", a précisé Shan-Shu Bian. Une prochaine cargaison est attendue en début de semaine prochaine.

Si la grande majorité du matériel a été distribué à la Région Alsace, interlocuteur privilégié de l'association, le Centre hospitalier de Haguenau et la maison de retraite de la petite commune de Truchtersheim - qui avait organisé une collecte de dons pour soutenir les médecins d'un hôpital chinois à Wuhan - ont également reçus du matériel.

"L'ensemble des associations de la communauté chinoise dans la région Grand Est (Nancy, Metz, Belfort/Montbéliard, Besançon, Mulhouse, Reims) se sont mobilisées très rapidement pour effectuer des opérations similaires", selon le président de l'association. "En près d'un mois, de la mi-mars à la mi-avril, cela a permis la livraison de 200.000 masques, trois respirateurs, 24.000 paires de gants, un millier de visières de protection, 170 blouses", a résumé Shan-Shu Bian.

"Les commandes des différentes associations ont été regroupées afin de partager les frais et de profiter d'une synergie sur le plan logistique", a-t-il précisé.

Pour Shan-Shu Bian, ce fort engagement de la communauté chinoise est naturel. "Cela va de soi de faciliter les choses", a-t-il estimé. "Notre association regroupe des ressortissants chinois, des personnes d'origine chinoise et des Franco-Chinois. Certains de nos membres ont des amis sur place qui ont été touchés. Quand le virus frappe quelqu'un que vous connaissez, votre motivation n'en est que plus forte et vous pousse à agir rapidement", a-t-il déclaré.

"Nous sommes aussi des Strasbourgeois et des Alsaciens, et nous voulons que tout le monde ici, autour de nous, puisse se protéger correctement contre le virus", a-t-il expliqué. "En Chine, nous avons vécu en avance ce qui s'est passé ensuite ici. Et, à l'époque, des aides sont venues de France: cela nous fait donc plaisir de renvoyer l'ascenseur en quelque sorte", a-t-il conclu.