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France/réforme des retraites : comment les Parisiens font face à la grève dans les transports ? (REPORTAGE)

 
French.xinhuanet.com | Publié le 2019-12-17 à 03:03

Par Céline Garcia

PARIS, 16 décembre (Xinhua) -- Alors qu'un important mouvement de grève contre la réforme des retraites envisagée par le gouvernement français affectant fortement les transports se poursuit pour la 12e journée consécutive ce lundi, rencontre avec des Parisiens qui peinent à se rendre au travail.

Lisa est une jeune maman de 32 ans résidant à Saint-Cloud, en banlieue sud de Paris et travaille dans le quartier de l'Opéra, en plein centre de la capitale française.

"J'ai la chance d'habiter dans une ville relativement bien desservie par les transports, avec plusieurs lignes à proximité, mais ma ligne habituelle pour me rendre au travail, en plein cœur de Paris, Boulevard Haussmann, n'est ouverte qu'aux heures de pointe et ne dessert pas mon arrêt. Avec la grève, je dois marcher plus qu'habituellement, car les bus ne fonctionnent pas correctement et ils sont bondés, donc il est parfois impossible de monter à bord. Afin de prendre un tramway qui lui aussi est bondé, il faut donc parfois en laisser passer deux ou trois avant de pouvoir se faire une petite place à l'intérieur ; puis un RER, si j'ai la chance de pouvoir encore en avoir un, ou bien le métro, et puis de nouveau une petite marche à pied pour enfin arriver au travail.", a-t-elle expliqué à Xinhua ce lundi.

"Mon temps de trajet s'en retrouve donc rallongé d'au moins 30 minutes, mais j'ai la chance de pouvoir me rendre au travail plutôt facilement même si les conditions ne sont pas optimales", a-t-elle ajouté.

Si Lisa n'a pas d'autres choix que de se rendre au travail tous les jours malgré les nombreux imprévus, d'autres profitent de la mise en place du télétravail comme Victor, 42 ans, qui habite à Aubervilliers, au nord de la capitale française, et dont l'entreprise est située dans le quartier de Saint-Michel, près de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

"Mon entreprise a mis en place le télétravail en raison de la grève qui dure, j'alterne donc avec ce système un jour sur deux, cela compense des déplacements pénibles", a-t-il expliqué à Xinhua.

"Je vis en proche banlieue de Paris, à 7km de mon lieu de travail. Je prends donc un vélo en libre accès à côté de chez moi, et ce malgré la pluie et le froid. C'est souvent très compliqué de trouver une place pour garer le vélo dans une station car toutes les stations sont pleines aux heures de pointes. Hier, j'ai attendu près de 20 minutes qu'une place se libère!", a-t-il indiqué.

L'utilisation du vélo est l'une des solutions pour les personnes habitant près de Paris, les lignes de métros étant rapidement saturées aux heures de pointe.

"Je fais partie des rares chanceux qui ont leur ligne de métro ouverte le matin (la ligne 7), mais après avoir tenté de le prendre deux jours de suite, c'est devenu impossible de pouvoir y accéder. Il n'y a qu'un train toutes les dix minutes au lieu d'un toutes les deux minutes et le couloir de métro est rempli, c'est impossible d'accéder aux wagons", a décrit Ludovic, 24 ans, évoquant un climat parfois tendu entre usagers.

"Tout le monde se plaint, tout le monde stresse. Il n'y a aucune solidarité. Chacun essaie de rentrer dans le wagon sans penser aux autres et sans aucun sens des priorités, faire passer les personnes âgées ou handicapées avant par exemple", a-t-il souligné.

Un ras-le-bol partagé par Valentine, 38 ans, enseignante qui réside et travaille dans Paris : "Je soutiens complètement le mouvement de grève. Je trouve que la réforme telle que prévue par le gouvernement va nous pénaliser, mais ça devient difficile de passer autant de temps dans les transports, surtout le problème est de ne pas savoir si on va pouvoir monter dans un métro pour rentrer chez soi le soir. Je suis enceinte de 4 mois et j'ai deux changements de métro. Habituellement, je mets 45 minutes et depuis la grève, je mets parfois deux heures certains soirs, debout, pas le choix", a-t-elle confié à Xinhua.

Un climat tendu qui n'entame pas la détermination de certains grévistes dont Jean-Marc, 54 ans, employé RATP en grève depuis le début du mouvement le 5 décembre dernier : "nous avons conscience que le blocage des métros et RER posent de nombreux problèmes pour les usagers du réseau qui vont au travail, mais on n'a pas d'autres choix pour être entendu par le gouvernement. Il y a parfois des insultes sur les quais, mais on se sent majoritairement soutenus par les gens", a-t-il expliqué à Xinhua.

Une journée de manifestation est prévue le mardi 17 décembre, à l'appel d'une intersyndicale regroupant la grande majorité des syndicats professionnels français. Face à un possible maintien de la grève dans le transport ferroviaire à l'approche des Fêtes de Noël, le gouvernement français a appelé ce lundi les grévistes à suspendre le mouvement.

 
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France/réforme des retraites : comment les Parisiens font face à la grève dans les transports ? (REPORTAGE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2019-12-17 à 03:03

Par Céline Garcia

PARIS, 16 décembre (Xinhua) -- Alors qu'un important mouvement de grève contre la réforme des retraites envisagée par le gouvernement français affectant fortement les transports se poursuit pour la 12e journée consécutive ce lundi, rencontre avec des Parisiens qui peinent à se rendre au travail.

Lisa est une jeune maman de 32 ans résidant à Saint-Cloud, en banlieue sud de Paris et travaille dans le quartier de l'Opéra, en plein centre de la capitale française.

"J'ai la chance d'habiter dans une ville relativement bien desservie par les transports, avec plusieurs lignes à proximité, mais ma ligne habituelle pour me rendre au travail, en plein cœur de Paris, Boulevard Haussmann, n'est ouverte qu'aux heures de pointe et ne dessert pas mon arrêt. Avec la grève, je dois marcher plus qu'habituellement, car les bus ne fonctionnent pas correctement et ils sont bondés, donc il est parfois impossible de monter à bord. Afin de prendre un tramway qui lui aussi est bondé, il faut donc parfois en laisser passer deux ou trois avant de pouvoir se faire une petite place à l'intérieur ; puis un RER, si j'ai la chance de pouvoir encore en avoir un, ou bien le métro, et puis de nouveau une petite marche à pied pour enfin arriver au travail.", a-t-elle expliqué à Xinhua ce lundi.

"Mon temps de trajet s'en retrouve donc rallongé d'au moins 30 minutes, mais j'ai la chance de pouvoir me rendre au travail plutôt facilement même si les conditions ne sont pas optimales", a-t-elle ajouté.

Si Lisa n'a pas d'autres choix que de se rendre au travail tous les jours malgré les nombreux imprévus, d'autres profitent de la mise en place du télétravail comme Victor, 42 ans, qui habite à Aubervilliers, au nord de la capitale française, et dont l'entreprise est située dans le quartier de Saint-Michel, près de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

"Mon entreprise a mis en place le télétravail en raison de la grève qui dure, j'alterne donc avec ce système un jour sur deux, cela compense des déplacements pénibles", a-t-il expliqué à Xinhua.

"Je vis en proche banlieue de Paris, à 7km de mon lieu de travail. Je prends donc un vélo en libre accès à côté de chez moi, et ce malgré la pluie et le froid. C'est souvent très compliqué de trouver une place pour garer le vélo dans une station car toutes les stations sont pleines aux heures de pointes. Hier, j'ai attendu près de 20 minutes qu'une place se libère!", a-t-il indiqué.

L'utilisation du vélo est l'une des solutions pour les personnes habitant près de Paris, les lignes de métros étant rapidement saturées aux heures de pointe.

"Je fais partie des rares chanceux qui ont leur ligne de métro ouverte le matin (la ligne 7), mais après avoir tenté de le prendre deux jours de suite, c'est devenu impossible de pouvoir y accéder. Il n'y a qu'un train toutes les dix minutes au lieu d'un toutes les deux minutes et le couloir de métro est rempli, c'est impossible d'accéder aux wagons", a décrit Ludovic, 24 ans, évoquant un climat parfois tendu entre usagers.

"Tout le monde se plaint, tout le monde stresse. Il n'y a aucune solidarité. Chacun essaie de rentrer dans le wagon sans penser aux autres et sans aucun sens des priorités, faire passer les personnes âgées ou handicapées avant par exemple", a-t-il souligné.

Un ras-le-bol partagé par Valentine, 38 ans, enseignante qui réside et travaille dans Paris : "Je soutiens complètement le mouvement de grève. Je trouve que la réforme telle que prévue par le gouvernement va nous pénaliser, mais ça devient difficile de passer autant de temps dans les transports, surtout le problème est de ne pas savoir si on va pouvoir monter dans un métro pour rentrer chez soi le soir. Je suis enceinte de 4 mois et j'ai deux changements de métro. Habituellement, je mets 45 minutes et depuis la grève, je mets parfois deux heures certains soirs, debout, pas le choix", a-t-elle confié à Xinhua.

Un climat tendu qui n'entame pas la détermination de certains grévistes dont Jean-Marc, 54 ans, employé RATP en grève depuis le début du mouvement le 5 décembre dernier : "nous avons conscience que le blocage des métros et RER posent de nombreux problèmes pour les usagers du réseau qui vont au travail, mais on n'a pas d'autres choix pour être entendu par le gouvernement. Il y a parfois des insultes sur les quais, mais on se sent majoritairement soutenus par les gens", a-t-il expliqué à Xinhua.

Une journée de manifestation est prévue le mardi 17 décembre, à l'appel d'une intersyndicale regroupant la grande majorité des syndicats professionnels français. Face à un possible maintien de la grève dans le transport ferroviaire à l'approche des Fêtes de Noël, le gouvernement français a appelé ce lundi les grévistes à suspendre le mouvement.

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