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French.xinhuanet.com | Publié le 2019-05-14 à 20:37
Par Tang Ji
PARIS, 14 mai (Xinhua) -- "Je crois que c'est toujours important de se parler de culture, notamment à des moments où il y a des conflits commerciaux ou des difficultés stratégiques", a estimé Jean d'Haussonville, directeur général du domaine national de Chambord, dans une interview récemment accordée à Xinhua.
La France est très attachée, dans un monde multilatéral, au principe de l'égalité entre les cultures et de la diversité culturelle. Donc, les dialogues avec les civilisations asiatiques sont extrêmement importants, a-t-il indiqué avant de se rendre en Chine pour assister à la Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques qui s'ouvrira mercredi à Beijing.
Ayant pour thème "Les échanges et la compréhension mutuelle entre les civilisations asiatiques et une communauté de destin", la conférence attirera plus de 2.000 responsables gouvernementaux et représentants de divers milieux venus de 47 pays asiatiques et d'autres pays extérieurs à la région, ainsi que de l'UNESCO, selon les organisateurs.
"Je crois qu'il s'agit d'un sujet essentiel parce que les civilisations pourraient être en paix (...) Et donc il est très important de travailler sur ce qui fait les civilisations et les différences entre les civilisations pour pouvoir avoir une interaction harmonieuse", a souligné M. d'Haussonville.
Il a estimé que le château de Chambord faisait lui aussi des efforts pour promouvoir le dialogue entre les cultures française et chinoise.
"Chambord, c'est le patrimoine qui diffuse une image de la France et de l'Europe à travers le monde. Donc, nous avons noué des relations de partenariat avec des lieux qui font partie des plus grands lieux de l'humanité, en Chine, par exemple, avec l'ancien et le nouveau Palais d'été. En Chine, ce que nous voulons, c'est à la fois reconnaître le caractère exceptionnel de la civilisation chinoise, mais aussi dire que finalement, à de mêmes époques, il y avait aussi en Europe quelque chose de très exceptionnel et que tout cela peut dialoguer", a-t-il précisé.
Au sujet de la civilisation chinoise, il a cité un mot du général de Gaulle, qui disait que la civilisation chinoise est plus vieille que l'histoire. "C’est très particulier en fait, parce qu’il n'y a pas d'autres exemple peut-être aujourd’hui d'une civilisation qui a gardé son unité historique du début jusqu'à la fin", selon M. d'Haussonville.
Une chose qui l'a toujours frappé en Chine, c'est de savoir que dans les écoles, les enfants chinois apprennent des poèmes qui ont des milliers d'années. "Nous avons une civilisation qui se transmet beaucoup par le patrimoine matériel, bâti, par exemple Chambord. Ce que j'ai observé en Chine, c'est que par la langue, par la poésie, par la littérature, vous transmettez quelque chose d'immatériel et qui a peut-être plus d’importance encore que la conservation des objets ou des sites", a-t-il indiqué.
Il y a une autre chose qui a attiré son attention. C’est la culture de la pierre qui constitue le cœur d'existence de la civilisation chinoise. "La tradition des empereurs de la Chine de collectionner des pierres venant du fond des lacs et de leur prêter une vertu morale et de voir finalement dans la contemplation de la nature quelque chose qui dit du monde, du cosmos, mais aussi de la nature humaine. Et c'est une sagesse que, peut-être, nous n'avons pas. Bien sûr, nous contemplons la nature, mais nous n'avons pas cette vision poétique des pierres façonnées par les courants, le lac, le fleuve, la mer", a-t-il noté.
"Nous souhaitons travailler avec le Palais d'été (de Beijing) et nous pensons aussi que nous pouvons travailler sur des échanges scientifiques, des échanges de bonne pratique en terme d'accueil du public. Et nous pouvons imaginer aussi de faire des expositions croisées à l'avenir", a-t-il conclu.