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French.xinhuanet.com | Publié le 2019-02-05 à 04:52
PARIS, 4 février (Xinhua) -- Dans le cadre de la consultation lancée pour répondre à la crise des "gilets jaunes", le président français Emmanuel Macron s'est rendu lundi pour la première fois en banlieue, à Evry-Courcouronnes (Essonne), pour une rencontre avec quelque 300 élus et acteurs associatifs, dans le but de retisser le lien avec les édiles et mobiliser les quartiers populaires autour du "grand débat national".
Face à la crise sociale qui secoue l'Hexagone, Emmanuel Macron a repris son bâton de pèlerin pour tenter de renouer le contact avec les Français. Depuis le lancement du "grand débat national" le 15 janvier, le président français s'est déjà rendu dans des communes rurales ou périurbaines pour participer à des débats avec des maires et des élus locaux.
Lors du cinquième exercice de ce genre, lundi, en banlieue parisienne, le chef de l'Etat français a écouté une longue liste de doléances en s'efforçant de retisser le lien avec des édiles qui se sentent abandonnés par Paris.
Son déplacement, lundi, à Evry-Courcouronnes, à une trentaine de kilomètres de Paris, aux côtés de Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, et de Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du logement, visait d'abord à remplir une fonction symbolique: montrer que les banlieues, qui se considèrent comme les "oubliées de la République", ne seraient pas laissées de côté.
Le président Macron souhaite que "les quartiers se saisissent aussi du grand débat, pour en être des acteurs à part entière", a indiqué l'Élysée.
La semaine dernière, l'association des grandes villes France urbaine a tiré la sonnette d'alarme, s'inquiétant du risque d'un oubli des enjeux urbains.
"Nous traversons un moment difficile. Il ne date pas d'hier mais remonte aujourd'hui, peut-être moins dans certains endroits que d'autres", a déclaré M. Macron devant quelque 300 élus et acteurs associatifs, réunis dans une salle polyvalente à Evry-Courcourones.
"Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu forcément les mouvements les plus perceptibles [du mouvement des "gilets jaunes"] que je considère que les quartiers que vous représentez auraient dû être en dehors du débat. Au contraire. Le grand débat national concerne l'ensemble de la nation", a-t-il insisté avant de laisser la parole à la salle pour une longue soirée d'échanges.
Maires, responsables d'associations et citoyens engagés se sont succédé pour dénoncer la suppression des contrats aidés, qui a fragilisé les associations, les fusions forcées de communes ou encore le manque persistant de logements.
Tous ont réclamé le maintien des services publics et plusieurs ont regretté l'enterrement du plan Borloo pour les banlieues.
Les banlieues françaises, où sévissent une forte précarité et un chômage endémique, se sont peu mobilisées dans le mouvement des "gilets jaunes", né d'une révolte contre la hausse du prix des carburants avant de s'élargir à des revendications de justice sociale et de démocratie participative.
C'est peu de dire que le "grand débat national" ne soulève pas l'enthousiasme dans les quartiers populaires où la résignation semble avoir cédé le pas à la colère. Les émeutes urbaines de 2005, qui ont secoué la France pendant trois semaines, sont encore dans toutes les mémoires.
Avant le débat, Emmanuel Macron a effectué une visite surprise dans les locaux d'une association s'occupant de la citoyenneté, de l'accompagnement des familles et de l'insertion des jeunes à Evry, Génération II Citoyenneté Intégration, où il a échangé avec des adolescents de 14 à 17 ans qui participaient à un atelier de recherche de stage.
Depuis la montée du mouvement des "gilets jaunes", pour des raisons de sécurité, le chef de l'Etat français a pris l'habitude de ne plus annoncer ces visites à l'avance hormis à quelques médias avertis au dernier moment.
Emmanuel Macron reprendra les routes de France jeudi où il ira en Saône-et-Loire à la rencontre des jeunes, très peu impliqués dans la consultation jusque-là. En parallèle, il recevra tout au long de la semaine les chefs de groupes représentés à l'Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen afin d'élaborer une issue à la crise des "gilets jaunes", y compris par un référendum, une hypothèse déjà vivement débattue.
Le Journal du dimanche affirme que le président de la République serait tenté de convoquer un tel référendum dès le 26 mai, jour des élections européennes.