STRASBOURG, 1er février (Xinhua) -- L'absence de culture du consensus en France est un obstacle à l'émergence de la démocratie participative, et "créer une culture du consensus est une des conditions du succès du grand débat national" lancé par le président français Emmanuel Macron suite au mouvement des "Gilets jaunes", a estimé l'adjointe au maire de la ville de Strasbourg, Chantal Cutajar, dans une interview accordée à Xinhua.

Forte de l'expérience qu'elle conduit depuis deux ans dans la capitale européenne, elle relève que les élus doivent comprendre la "demande de co-construction des politiques publiques" qui s'exprime à travers le mouvement populaire.

"Les échanges fondés sur la co-construction sont quasi inexistants alors qu'ils sont centraux. Dans la pratique, on fait souvent participer les citoyens sans leur dire vraiment ce qu'on attend d'eux. Et surtout, la question est foncièrement politique : en démocratie, les élus doivent accepter de partager le pouvoir et considérer que le citoyen détient une parcelle de la solution. Tant que les politiques ne le comprendront pas, on risque la fermeture, la violence (...)", résume l'édile strasbourgeoise en charge de la démocratie locale.

Dans le cadre de la grande consultation lancée par le président Macron, "l'idée d'organiser un débat pour la ville de Strasbourg a provoqué des discussions au sein de la municipalité", indique-t-elle. "Mais le maire a finalement été convaincu que, dans une cité comme la nôtre où s'est développée une démarche extrêmement volontariste en matière de démocratie locale, la création d'un espace de parole s'imposait", dit-elle.

Prévu le 8 février, l'événement sera animé par des journalistes indépendants autour du thème des apports des Strasbourgeois à la démocratie française. "Un dispositif de prise de notes pour élaborer un rapport sera mis en place. L'objectif est de faire en sorte que se dégagent des propositions", explique Chantal Cutajar.

Interrogée sur son pronostic quant à l'issue du grand débat national, l'adjointe au maire se refuse à faire des spéculations. "Tout va dépendre de la capacité du président Macron à prendre conscience de l'ampleur du phénomène auquel nous sommes tous globalement confrontés. Dans le cas contraire, le remède risque de se révéler pire que le mal", commente-t-elle.

"Pour renouer la confiance, il faut partir de la base. Cela prend beaucoup de temps. Mais c'est particulièrement enthousiasmant", estime-t-elle.