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France : la blessure d'un leader des "gilets jaunes" relance le débat sur l'usage des LBD (SYNTHESE)

 
French.xinhuanet.com | Publié le 2019-01-30 à 19:32

PARIS, 30 janvier (Xinhua) -- La grave blessure à l'œil de Jérôme Rodrigues, l'une des figures des "gilets jaunes", en marge de la manifestation du mouvement samedi dernier a relancé le débat sur l'usage par la police des lanceurs de balles de défense (LBD), dix jours après que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a alerté sur la "dangerosité" de ces armes.

Les images de M. Rodrigues, pansement à l'oeil sur son visage tuméfié, ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux à l'occasion de l'acte XI de la manifestation des "gilets jaunes" le 26 janvier. La victime, qui a reçu un projectile en plein visage alors qu'elle était en train de filmer, affirme avoir été blessée par un LBD.

Cet incident a relancé la polémique sur l'utilisation de ces armes dont le retrait est réclamé depuis près d'un an par les défenseurs des droits de l'Homme, des juristes, des partis de gauche ou encore des syndicats.

"Nous avons déterminé, à partir des cas qui nous sont soumis, que l'usage des LBD 40x46 pouvait présenter une grande dangerosité. Nous avons demandé un moratoire, que tout ça soit réétudié", a déclaré le Défenseur des droits, Jacques Toubon, le 17 janvier sur RTL. Il avait déjà demandé aux autorités, dans un rapport paru en janvier 2018, l'interdiction de cette arme en raison de sa "dangerosité".

La CGT et la Ligue des droits de l'Homme ont déposé un recours auprès du Conseil d'Etat pour obtenir la suspension de l'usage du LBD, après le rejet vendredi dernier de leur référé par le tribunal administratif de Paris qui a estimé que le dossier relève de la compétence du Conseil d'Etat.

Jérôme Rodrigues a pour sa part décidé de porter plainte contre le président Emmanuel Macron, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le policier "qui (lui) a tiré dessus".

Mais les autorités ont écarté toute idée de suspendre l'utilisation des LBD lors des manifestations, doutant que M. Rodrigues ait été réellement blessé par cette arme. "Au moment où je vous parle, je n'ai aucun élément me permettant de dire qu'il y a eu usage d'un lanceur de balle de défense" à l'endroit où se trouvait M. Rodrigues, a dit sur LCI Laurent Nunez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur.

M. Castaner a indiqué mardi sur RMC qu'il "n'y aura pas de suspension des LBD, mais des améliorations". "Si on retire nos armes de défense à nos policiers, il leur reste le corps à corps quand ils sont agressés et leur arme de service. Je ne souhaite pas qu'ils utilisent leur arme de service et je souhaite éviter le corps à corps. Donc il faut des outils comme le LBD", a-t-il indiqué.

Il s'est toutefois dit favorable à une "amélioration" de l'utilisation de ces armes controversées, d'où l'usage des LBD avec une caméra piétonne."Il y a eu 32 tirs samedi dernier à Paris et ils ont été filmés. Non seulement ils ont été filmés, mais chacun des tirs fait l'objet d'un rapport et l'obligation que j'ai donnée aux policiers, s'ils ne la respectent pas, ils seront sanctionnés", a assuré M. Castaner.

Des propos jugés "irresponsables" par certains responsables politiques de gauche comme le député de la France insoumise Ugo Bernalicis en dénonçant "des armes dangereuses". Il a réclamé mardi sur BFMTV la démission de M. Castaner, "incapable de faire du maintien de l'ordre sans mutiler et blesser des manifestants".

Jean-Pierre Mignard, avocat et président du Comité consultatif national d'éthique, a également indiqué mardi sur RTL que l'utilisation des LBD "pose une vraie question d'ordre public". "J'ai défendu trois adolescents qui en ont été victimes. Un fonctionnaire a été condamné. Dans l'autre cas, un garçon a perdu son œil, mais on n'a jamais pu retrouver la personne qui avait tiré," a-t-il confié, ajoutant que l'usage de cette arme est "quelques fois non contrôlé".

La préfecture de police de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête qui sera menée par l'IGPN, pour déterminer l'origine du projectile ayant blessé M. Rodrigues et indiquer éventuellement s'il vient bien d'un LBD. Le parquet de Paris a également ouvert une enquête pour "recherche des causes des blessures".

 
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France : la blessure d'un leader des "gilets jaunes" relance le débat sur l'usage des LBD (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2019-01-30 à 19:32

PARIS, 30 janvier (Xinhua) -- La grave blessure à l'œil de Jérôme Rodrigues, l'une des figures des "gilets jaunes", en marge de la manifestation du mouvement samedi dernier a relancé le débat sur l'usage par la police des lanceurs de balles de défense (LBD), dix jours après que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a alerté sur la "dangerosité" de ces armes.

Les images de M. Rodrigues, pansement à l'oeil sur son visage tuméfié, ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux à l'occasion de l'acte XI de la manifestation des "gilets jaunes" le 26 janvier. La victime, qui a reçu un projectile en plein visage alors qu'elle était en train de filmer, affirme avoir été blessée par un LBD.

Cet incident a relancé la polémique sur l'utilisation de ces armes dont le retrait est réclamé depuis près d'un an par les défenseurs des droits de l'Homme, des juristes, des partis de gauche ou encore des syndicats.

"Nous avons déterminé, à partir des cas qui nous sont soumis, que l'usage des LBD 40x46 pouvait présenter une grande dangerosité. Nous avons demandé un moratoire, que tout ça soit réétudié", a déclaré le Défenseur des droits, Jacques Toubon, le 17 janvier sur RTL. Il avait déjà demandé aux autorités, dans un rapport paru en janvier 2018, l'interdiction de cette arme en raison de sa "dangerosité".

La CGT et la Ligue des droits de l'Homme ont déposé un recours auprès du Conseil d'Etat pour obtenir la suspension de l'usage du LBD, après le rejet vendredi dernier de leur référé par le tribunal administratif de Paris qui a estimé que le dossier relève de la compétence du Conseil d'Etat.

Jérôme Rodrigues a pour sa part décidé de porter plainte contre le président Emmanuel Macron, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le policier "qui (lui) a tiré dessus".

Mais les autorités ont écarté toute idée de suspendre l'utilisation des LBD lors des manifestations, doutant que M. Rodrigues ait été réellement blessé par cette arme. "Au moment où je vous parle, je n'ai aucun élément me permettant de dire qu'il y a eu usage d'un lanceur de balle de défense" à l'endroit où se trouvait M. Rodrigues, a dit sur LCI Laurent Nunez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur.

M. Castaner a indiqué mardi sur RMC qu'il "n'y aura pas de suspension des LBD, mais des améliorations". "Si on retire nos armes de défense à nos policiers, il leur reste le corps à corps quand ils sont agressés et leur arme de service. Je ne souhaite pas qu'ils utilisent leur arme de service et je souhaite éviter le corps à corps. Donc il faut des outils comme le LBD", a-t-il indiqué.

Il s'est toutefois dit favorable à une "amélioration" de l'utilisation de ces armes controversées, d'où l'usage des LBD avec une caméra piétonne."Il y a eu 32 tirs samedi dernier à Paris et ils ont été filmés. Non seulement ils ont été filmés, mais chacun des tirs fait l'objet d'un rapport et l'obligation que j'ai donnée aux policiers, s'ils ne la respectent pas, ils seront sanctionnés", a assuré M. Castaner.

Des propos jugés "irresponsables" par certains responsables politiques de gauche comme le député de la France insoumise Ugo Bernalicis en dénonçant "des armes dangereuses". Il a réclamé mardi sur BFMTV la démission de M. Castaner, "incapable de faire du maintien de l'ordre sans mutiler et blesser des manifestants".

Jean-Pierre Mignard, avocat et président du Comité consultatif national d'éthique, a également indiqué mardi sur RTL que l'utilisation des LBD "pose une vraie question d'ordre public". "J'ai défendu trois adolescents qui en ont été victimes. Un fonctionnaire a été condamné. Dans l'autre cas, un garçon a perdu son œil, mais on n'a jamais pu retrouver la personne qui avait tiré," a-t-il confié, ajoutant que l'usage de cette arme est "quelques fois non contrôlé".

La préfecture de police de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête qui sera menée par l'IGPN, pour déterminer l'origine du projectile ayant blessé M. Rodrigues et indiquer éventuellement s'il vient bien d'un LBD. Le parquet de Paris a également ouvert une enquête pour "recherche des causes des blessures".

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