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France : l'hommage au maréchal Pétain fait polémique (SYNTHESE)

 
French.xinhuanet.com | Publié le 2018-11-08 à 18:48

PARIS, 8 novembre (Xinhua) -- La décision des autorités françaises de rendre un hommage militaire samedi aux Invalides à huit maréchaux de la Grande guerre, dont Philippe Pétain, suscite incompréhension et indignation en France.

Les partis d'opposition (droite et gauche), les spécialistes de la Grande guerre et la communauté juive de France accusent le président Emmanuel Macron de vouloir "réhabiliter" à travers cet hommage le maréchal Pétain, frappé d'indignité nationale en 1945, notamment pour son rôle dans la déportation des juifs de France.

Un "hommage choquant et dangereux, qui participe à nouveau à une division de la nation", a réagi mercredi sur la chaîne France 2 le député LR Eric Ciotti en réaction à Emmanuel Macron qui avait jugé un peu plus tôt "légitime" de rendre hommage au maréchal Pétain qui fut un "grand soldat" de la Grande guerre, tout en dénonçant ses "choix funestes" lors de la Seconde Guerre mondiale.

Pour M. Ciotti, le maréchal Pétain a couvert de sa gloire "le déshonneur de la Collaboration et de la participation de l'Etat à la déportation des juifs". Cette "tâche dans notre histoire, ajoute-t-il, efface sa gloire militaire".

La gauche également s'oppose à tout hommage de la République au maréchal Pétain et a cogné fort sur M. Macron. "Honorer Simone Veil au Panthéon et en même temps le traître antisémite Pétain aux Invalides, rien ne justifie une telle honte", a tweeté l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon, ajoutant : "Quand on préside la France, il faut se montrer un peu plus à la hauteur de son histoire".

Pour le porte-parole du Parti socialiste (PS), Boris Vallaud, "Pétain ne peut pas avoir été accusé de haute trahison, condamné à l'indignité nationale et à mort en 1945 et 'en même temps' bénéficier d'un hommage national en 2018. Cette confusion est une blessure à la mémoire nationale.", a-t-il indiqué mercredi.

"Une insulte à la mémoire de tous les soldats qui ont perdu leur vie dans la boucherie de 14-18, à toutes les victimes des barbaries de la Seconde Guerre mondiale", a dénoncé le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.

"Le maréchal Joffre est le vainqueur militaire de la guerre de 14-18", a corrigé le leader de la France insoumise (LI), Jean-Luc Mélenchon, qualifiant sur Twitter Pétain de "traître et d'antisémite. Ses crimes et sa trahison sont imprescriptibles".

A cette indignation des opposants s'ajoute l'incompréhension de la communauté juive qui a vite réagi à travers ses représentants. "J'ai le sentiment de vivre la première étape de la réhabilitation de Pétain. Nous ne pouvons pas l'accepter", a déclaré mercredi sur BFMTV Francis Kalifat, président du Conseil représentatif des institutions juives (CRIF).

M. Kalifat pointe du doigt le rôle de premier plan qu'a joué Pétain pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la déportation des juifs de France. Pétain "a de sa main signé le statut des juifs de France, c'est donc une incompréhension que j'exprime aujourd'hui. Je suis choqué", a-t-il indiqué.

Le CRIF a rappelé dans un communiqué que le maréchal Pétain "a été frappé d'indignité nationale en 1945, ce qui le rend inéligible à un quelconque hommage (...) et que la dégradation nationale fait partie des peines afflictives et infamantes qui entraîne notamment la perte de certains droits dont la perte du rang dans les forces armées".

Dans ce concert de réprobation figurent des spécialistes de la Grande guerre. C'est par exemple le cas de l'historien Nicolas Offenstadt pour qui il est impossible de mettre en avant la figure de Pétain dans l'espace public français sans penser à la Collaboration, au régime de Vichy.

"Dans la mémoire nationale, je ne vois pas aujourd'hui comment on peut valoriser l'image de Pétain en 14-18 sans mettre en avant celle de Pétain pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cela n'a pas de sens", a-t-il dit mercredi sur BFMTV.

Le porte-parole de la présidence Benjamin Griveaux a qualifié lors d'une conférence de presse à la suite du conseil des ministres cette controverse de "mauvaise polémique", tout en rappelant que Philippe Pétain avait bien servi la patrie en 1914-18, avant de la trahir en 1940.

Face à l'ampleur de la polémique, les autorités ont changé de fusil d'épaule, annonçant que le maréchal Pétain ne sera finalement pas honoré samedi. "Comme indiqué à plusieurs reprises ces derniers jours, le samedi 10 novembre ne seront honorés que les maréchaux présents aux Invalides : Foch, Lyautey, Franchet d'Esperey, Maunoury et Fayolle", a tweeté l'Elysée mercredi après-midi. Fin

 
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France : l'hommage au maréchal Pétain fait polémique (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2018-11-08 à 18:48

PARIS, 8 novembre (Xinhua) -- La décision des autorités françaises de rendre un hommage militaire samedi aux Invalides à huit maréchaux de la Grande guerre, dont Philippe Pétain, suscite incompréhension et indignation en France.

Les partis d'opposition (droite et gauche), les spécialistes de la Grande guerre et la communauté juive de France accusent le président Emmanuel Macron de vouloir "réhabiliter" à travers cet hommage le maréchal Pétain, frappé d'indignité nationale en 1945, notamment pour son rôle dans la déportation des juifs de France.

Un "hommage choquant et dangereux, qui participe à nouveau à une division de la nation", a réagi mercredi sur la chaîne France 2 le député LR Eric Ciotti en réaction à Emmanuel Macron qui avait jugé un peu plus tôt "légitime" de rendre hommage au maréchal Pétain qui fut un "grand soldat" de la Grande guerre, tout en dénonçant ses "choix funestes" lors de la Seconde Guerre mondiale.

Pour M. Ciotti, le maréchal Pétain a couvert de sa gloire "le déshonneur de la Collaboration et de la participation de l'Etat à la déportation des juifs". Cette "tâche dans notre histoire, ajoute-t-il, efface sa gloire militaire".

La gauche également s'oppose à tout hommage de la République au maréchal Pétain et a cogné fort sur M. Macron. "Honorer Simone Veil au Panthéon et en même temps le traître antisémite Pétain aux Invalides, rien ne justifie une telle honte", a tweeté l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon, ajoutant : "Quand on préside la France, il faut se montrer un peu plus à la hauteur de son histoire".

Pour le porte-parole du Parti socialiste (PS), Boris Vallaud, "Pétain ne peut pas avoir été accusé de haute trahison, condamné à l'indignité nationale et à mort en 1945 et 'en même temps' bénéficier d'un hommage national en 2018. Cette confusion est une blessure à la mémoire nationale.", a-t-il indiqué mercredi.

"Une insulte à la mémoire de tous les soldats qui ont perdu leur vie dans la boucherie de 14-18, à toutes les victimes des barbaries de la Seconde Guerre mondiale", a dénoncé le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.

"Le maréchal Joffre est le vainqueur militaire de la guerre de 14-18", a corrigé le leader de la France insoumise (LI), Jean-Luc Mélenchon, qualifiant sur Twitter Pétain de "traître et d'antisémite. Ses crimes et sa trahison sont imprescriptibles".

A cette indignation des opposants s'ajoute l'incompréhension de la communauté juive qui a vite réagi à travers ses représentants. "J'ai le sentiment de vivre la première étape de la réhabilitation de Pétain. Nous ne pouvons pas l'accepter", a déclaré mercredi sur BFMTV Francis Kalifat, président du Conseil représentatif des institutions juives (CRIF).

M. Kalifat pointe du doigt le rôle de premier plan qu'a joué Pétain pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la déportation des juifs de France. Pétain "a de sa main signé le statut des juifs de France, c'est donc une incompréhension que j'exprime aujourd'hui. Je suis choqué", a-t-il indiqué.

Le CRIF a rappelé dans un communiqué que le maréchal Pétain "a été frappé d'indignité nationale en 1945, ce qui le rend inéligible à un quelconque hommage (...) et que la dégradation nationale fait partie des peines afflictives et infamantes qui entraîne notamment la perte de certains droits dont la perte du rang dans les forces armées".

Dans ce concert de réprobation figurent des spécialistes de la Grande guerre. C'est par exemple le cas de l'historien Nicolas Offenstadt pour qui il est impossible de mettre en avant la figure de Pétain dans l'espace public français sans penser à la Collaboration, au régime de Vichy.

"Dans la mémoire nationale, je ne vois pas aujourd'hui comment on peut valoriser l'image de Pétain en 14-18 sans mettre en avant celle de Pétain pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cela n'a pas de sens", a-t-il dit mercredi sur BFMTV.

Le porte-parole de la présidence Benjamin Griveaux a qualifié lors d'une conférence de presse à la suite du conseil des ministres cette controverse de "mauvaise polémique", tout en rappelant que Philippe Pétain avait bien servi la patrie en 1914-18, avant de la trahir en 1940.

Face à l'ampleur de la polémique, les autorités ont changé de fusil d'épaule, annonçant que le maréchal Pétain ne sera finalement pas honoré samedi. "Comme indiqué à plusieurs reprises ces derniers jours, le samedi 10 novembre ne seront honorés que les maréchaux présents aux Invalides : Foch, Lyautey, Franchet d'Esperey, Maunoury et Fayolle", a tweeté l'Elysée mercredi après-midi. Fin

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