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Chine : le théâtre d'ombres traditionnel utilisé pour lutter contre les fonctionnaires corrompus

 
French.xinhuanet.com | Publié le 2018-10-11 à 11:24

NANCHANG, 11 octobre (Xinhua) -- Sur un rideau blanc, au milieu du son dramatique des tambours, un homme raconte l'histoire d'un fonctionnaire corrompu traduit en justice.

Il ne s'agit pas d'une scène de film, mais d'un spectacle de théâtre d'ombres chinoises traditionnel, où des silhouettes en cuir racontent comment Yan Peitian, un fonctionnaire juste, a lutté contre un collègue corrompu sous la dynastie Qing (1644-1911).

Derrière le rideau se cache l'âme de la performance, Ding Yongfa. Utilisant sa voix et ses mains adroites, il manie des marionnettes qui se frotte la barbe, hochent la tête, s'agitent et expriment leur colère.

"Il s'agit de ma dernière création", explique M. Ding, un villageois de l'arrondissement de Xiangdong de la ville de Pingxiang, dans la province chinoise du Jiangxi (est). "Cette histoire raconte comment un responsable local nommé Yan Peitian a combattu un de ses collègues qui torturait cruellement des innocents."

M. Ding souhaite utiliser le théâtre d'ombres traditionnel pour présenter la campagne anti-corruption menée en Chine.

"Le public se félicite de la campagne contre la corruption, et j'ai pensé qu'il serait utile d'illustrer cette campagne par l'art."

La campagne anti-corruption prend de l'ampleur en Chine. En août, un total de 7.846 fonctionnaires ont été sanctionnés pour avoir enfreint les règles de frugalité en huit points, selon l'organe suprême de lutte contre la corruption du Parti communiste chinois (PCC).

C'est dans ce contexte que M. Ding a eu l'idée d'exposer la corruption via le théâtre d'ombres.

"Je pensais que ce serait une bonne idée", explique M. Ding. "Je peux non seulement transmettre l'art traditionnel, mais aussi contribuer à promouvoir l'éducation contre la corruption au sein du public."

Le théâtre d'ombres possède une longue histoire en Chine. D'anciens documents historiques montrent que cet art a été créé par un prêtre taoïste sous la dynastie Han (202 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) pour consoler l'empereur Wu, traumatisé par la perte d'une de ses concubines. Le prêtre a réalisé une image en pierre de la concubine et l'a projetée dans une tente éclairée à la bougie. L'ombre semblait si vive qu'elle aida l'empereur à sortir de son chagrin.

Au cours des 2.000 années suivantes, les personnages en pierre ont progressivement été remplacés par des marionnettes, et les tentes ont été transformées en rideaux. Les artistes ont ensuite ajouté le son des tambours et de l'opéra chinois pour accompagner le mouvement des personnages. De là est né le théâtre d'ombres.

Le théâtre d'ombres a subi une rupture pendant la révolution culturelle entre 1966 et 1976, mais il est réapparu peu après le début des années 1980, utilisé dans des cérémonies de mariage, des funérailles et des banquets ruraux.

Dans l'arrondissement de Xiangdong, où l'art se développe depuis plus de 200 ans, M. Ding, héritier de la cinquième génération du théâtre d'ombres, a commencé à apprendre cet art à 11 ans.

"C'est un maître du théâtre d'ombres, et nous apprécions beaucoup l'idée de combiner ce spectacle à la lutte contre la corruption", indique Huang Yunzhang, responsable local du contrôle de la discipline, précisant que le théâtre d'ombres a animé l'éducation anti-corruption considérée comme ennuyeuse pour beaucoup.

"Pour rendre l'éducation plus compréhensible et intéressante, nous avons soutenu l'idée de M. Ding et fourni toutes les ressources dont il avait besoin", note M. Huang.

M. Ding a passé plus de deux mois à écrire le scénario et à le transformer en spectacle. Il a également réalisé une courte vidéo sur l'histoire et l'a mise sur Internet, ce qui a été "bien accueilli", déclare-t-il.

Les responsables locaux l'ont aidé à développer l'histoire en différentes sections, qui ont toutes été réalisées en théâtre d'ombres.

Mais le succès actuel de M. Ding n'a pas été facile.

Avec la popularité de la télévision et de la radio, l'art traditionnel a perdu son attrait, et nombre de personnes originaires des régions rurales ont déménagé dans les villes à la recherche de meilleurs emplois après le lancement de la politique de réforme et d'ouverture à la fin des années 1970.

"Dans les pires moments, je ne pouvais jouer que quelques fois par an, car personne ne m'invitait", se souvient M. Ding.

En juin 2011, la Chine a adopté une loi consistant à protéger le patrimoine culturel immatériel. La même année, le théâtre d'ombres a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

Pour contribuer à la survie de l'art, les autorités locales de l'arrondissement de Xiangdong ont acheté des systèmes stéréo modernes, des instruments de musique électroniques et des machines générant des sous-titres.

La campagne nationale consistant à "envoyer des opéras traditionnels dans les zones rurales" pour enrichir la vie des gens a attiré les spectateurs, et les représentations de M. Ding se sont avérées populaires, non seulement dans sa région natale, mais également dans les provinces voisines comme le Hunan et le Guangdong.

"Ces jours-ci, je peux faire plus de 100 représentations par an", déclare M. Ding. "Les spectacles anti-corruption sont très populaires."

Il pense qu'il est important de transmettre l'art traditionnel sous de nouvelles formes. "Nous devons suivre la vague de la nouvelle ère et revitaliser le théâtre d'ombres", explique-t-il.

 
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Chine : le théâtre d'ombres traditionnel utilisé pour lutter contre les fonctionnaires corrompus

French.xinhuanet.com | Publié le 2018-10-11 à 11:24

NANCHANG, 11 octobre (Xinhua) -- Sur un rideau blanc, au milieu du son dramatique des tambours, un homme raconte l'histoire d'un fonctionnaire corrompu traduit en justice.

Il ne s'agit pas d'une scène de film, mais d'un spectacle de théâtre d'ombres chinoises traditionnel, où des silhouettes en cuir racontent comment Yan Peitian, un fonctionnaire juste, a lutté contre un collègue corrompu sous la dynastie Qing (1644-1911).

Derrière le rideau se cache l'âme de la performance, Ding Yongfa. Utilisant sa voix et ses mains adroites, il manie des marionnettes qui se frotte la barbe, hochent la tête, s'agitent et expriment leur colère.

"Il s'agit de ma dernière création", explique M. Ding, un villageois de l'arrondissement de Xiangdong de la ville de Pingxiang, dans la province chinoise du Jiangxi (est). "Cette histoire raconte comment un responsable local nommé Yan Peitian a combattu un de ses collègues qui torturait cruellement des innocents."

M. Ding souhaite utiliser le théâtre d'ombres traditionnel pour présenter la campagne anti-corruption menée en Chine.

"Le public se félicite de la campagne contre la corruption, et j'ai pensé qu'il serait utile d'illustrer cette campagne par l'art."

La campagne anti-corruption prend de l'ampleur en Chine. En août, un total de 7.846 fonctionnaires ont été sanctionnés pour avoir enfreint les règles de frugalité en huit points, selon l'organe suprême de lutte contre la corruption du Parti communiste chinois (PCC).

C'est dans ce contexte que M. Ding a eu l'idée d'exposer la corruption via le théâtre d'ombres.

"Je pensais que ce serait une bonne idée", explique M. Ding. "Je peux non seulement transmettre l'art traditionnel, mais aussi contribuer à promouvoir l'éducation contre la corruption au sein du public."

Le théâtre d'ombres possède une longue histoire en Chine. D'anciens documents historiques montrent que cet art a été créé par un prêtre taoïste sous la dynastie Han (202 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) pour consoler l'empereur Wu, traumatisé par la perte d'une de ses concubines. Le prêtre a réalisé une image en pierre de la concubine et l'a projetée dans une tente éclairée à la bougie. L'ombre semblait si vive qu'elle aida l'empereur à sortir de son chagrin.

Au cours des 2.000 années suivantes, les personnages en pierre ont progressivement été remplacés par des marionnettes, et les tentes ont été transformées en rideaux. Les artistes ont ensuite ajouté le son des tambours et de l'opéra chinois pour accompagner le mouvement des personnages. De là est né le théâtre d'ombres.

Le théâtre d'ombres a subi une rupture pendant la révolution culturelle entre 1966 et 1976, mais il est réapparu peu après le début des années 1980, utilisé dans des cérémonies de mariage, des funérailles et des banquets ruraux.

Dans l'arrondissement de Xiangdong, où l'art se développe depuis plus de 200 ans, M. Ding, héritier de la cinquième génération du théâtre d'ombres, a commencé à apprendre cet art à 11 ans.

"C'est un maître du théâtre d'ombres, et nous apprécions beaucoup l'idée de combiner ce spectacle à la lutte contre la corruption", indique Huang Yunzhang, responsable local du contrôle de la discipline, précisant que le théâtre d'ombres a animé l'éducation anti-corruption considérée comme ennuyeuse pour beaucoup.

"Pour rendre l'éducation plus compréhensible et intéressante, nous avons soutenu l'idée de M. Ding et fourni toutes les ressources dont il avait besoin", note M. Huang.

M. Ding a passé plus de deux mois à écrire le scénario et à le transformer en spectacle. Il a également réalisé une courte vidéo sur l'histoire et l'a mise sur Internet, ce qui a été "bien accueilli", déclare-t-il.

Les responsables locaux l'ont aidé à développer l'histoire en différentes sections, qui ont toutes été réalisées en théâtre d'ombres.

Mais le succès actuel de M. Ding n'a pas été facile.

Avec la popularité de la télévision et de la radio, l'art traditionnel a perdu son attrait, et nombre de personnes originaires des régions rurales ont déménagé dans les villes à la recherche de meilleurs emplois après le lancement de la politique de réforme et d'ouverture à la fin des années 1970.

"Dans les pires moments, je ne pouvais jouer que quelques fois par an, car personne ne m'invitait", se souvient M. Ding.

En juin 2011, la Chine a adopté une loi consistant à protéger le patrimoine culturel immatériel. La même année, le théâtre d'ombres a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

Pour contribuer à la survie de l'art, les autorités locales de l'arrondissement de Xiangdong ont acheté des systèmes stéréo modernes, des instruments de musique électroniques et des machines générant des sous-titres.

La campagne nationale consistant à "envoyer des opéras traditionnels dans les zones rurales" pour enrichir la vie des gens a attiré les spectateurs, et les représentations de M. Ding se sont avérées populaires, non seulement dans sa région natale, mais également dans les provinces voisines comme le Hunan et le Guangdong.

"Ces jours-ci, je peux faire plus de 100 représentations par an", déclare M. Ding. "Les spectacles anti-corruption sont très populaires."

Il pense qu'il est important de transmettre l'art traditionnel sous de nouvelles formes. "Nous devons suivre la vague de la nouvelle ère et revitaliser le théâtre d'ombres", explique-t-il.

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