Le président de la Commission européenne appelle à lutter contre "le poison du nationalisme borné" (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2018-09-12 à 21:09
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STRASBOURG, 12 septembre (Xinhua) -- Dans son dernier discours sur l'état de l'Union, mercredi, devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a passé en revue les grands défis qui attendent l'Union européenne, plaidé pour une Europe forte et appelé à lutter contre "le poison du nationalisme borné".

A huit mois des élections européennes, dans un contexte de montée des populismes, de crise migratoire, et de négociations sur le Brexit, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, dont le mandat se termine officiellement le 31 octobre 2019, a livré mercredi à Strasbourg son dernier discours sur l'état de l'Union devant les eurodéputés. Un grand rendez-vous qui se tient depuis 2010 pour marquer la rentrée politique des institutions européennes.

"Je ne vous présenterai pas aujourd'hui un bilan (...) des quatre années écoulées. Au contraire, le travail continue", a-t-il déclaré en préambule. "Il reste des choses à faire, donc pas d'autosatisfaction. Modestie et travail, voilà l'attitude de la Commission européenne", a-t-il ajouté.

Celui qui aime à dire que l'Europe est la "grande affaire" de sa vie a rappelé combien il était "heureux de vivre sur un continent de paix, qui connaît la paix grâce à l'Union européenne". "Respectons donc mieux l'UE, défendons notre façon d'être", a-t-il lancé.

"Disons oui au patriotisme qui n'est pas dirigé contre les autres, disons non au nationalisme qui nous empêche de mieux vivre ensemble [...] Le patriotisme est une vertu, le nationalisme borné est un mensonge accablant et poison pernicieux", a-t-il insisté.

"Le patriotisme du XXIe siècle est à double dimension, l'une nationale, l'autre européenne", a-t-il ajouté. "Nous devons démontrer qu'ensemble, Est, Ouest, Sud, Nord, nous pouvons semer les graines d'une Europe plus souveraine", a-t-il dit.

"L'Europe a réaffirmé son statut de puissance commerciale mondiale", a-t-il estimé. "L'emploi a repris des couleurs depuis 2014", a-t-il poursuivi, évoquant "une croissance ininterrompue depuis 21 trimestres" et la reprise de l'investissement. Il a également salué les "efforts herculéens de la Grèce" pour sortir de la crise.

Concernant la question migratoire, enjeu majeur des élections européennes de mai prochain, il a appelé à un renforcement significatif de l'agence européenne de gardes-frontières, Frontex, proposant qu'elle puisse disposer d'ici 2020 de 10.000 agents mobilisables aux confins de l'Union, tout en affirmant que "l'Europe ne sera jamais une île".

Au sujet du Brexit dont la date est fixée au 31 mars prochain, il a une nouvelle fois déclaré qu'"il n'y aura pas d'Europe à la carte" tout en relevant qu'après sa sortie de l'UE, "le Royaume-Uni ne sera pas un pays tiers comme les autres. Il sera toujours partenaire très proche".

"Le gouvernement britannique doit comprendre que quelqu'un qui quitte l'Union ne saurait avoir la même position privilégiée qu'un Etat membre. Si on quitte l'Union, on ne fait évidemment pas partie de notre marché unique", a-t-il dit.

Il a par ailleurs proposé de bâtir "une nouvelle alliance", "un nouveau partenariat" entre l'UE et le continent africain, qui viserait à y créer "jusqu'à 10 millions d'emplois" dans les cinq prochaines années.

"Je suis convaincu que nous devons faire évoluer les nombreux accords commerciaux entre les pays africains et l'UE vers un accord de libre-échange de continent à continent, un partenariat économique entre partenaires égaux", a-t-il dit. "L'Afrique n'a pas besoin de charité, elle a besoin d'un partenariat équilibré", a-t-il ajouté.

La Commission européenne va présenter "avant la fin de l'année des propositions pour renforcer le rôle international" de l'euro face au dollar, a d'autre part annoncé Jean-Claude Juncker.

"L'euro doit devenir l'instrument actif de la nouvelle souveraineté européenne", a-t-il déclaré, jugeant "aberrant" que le dollar reste majoritairement utilisé par les Européens pour leurs importations d'énergie.

Il a aussi appelé à un renforcement de la politique étrangère et de défense de l'UE, grâce notamment au "passage au vote à majorité qualifiée dans les relations extérieures".

"Nous devons devenir davantage un acteur global", a-t-il plaidé. "Oui, nous sommes des payeurs globaux, mais nous devons aussi être des acteurs globaux", a-t-il poursuivi.

"L'Europe ne doit pas être un spectateur, un commentateur des événements internationaux", mais "un façonneur du monde de demain", a-t-il insisté.

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