Les Etats-Unis toujours hantés par le terrorisme, 17 ans après les attentats du 11 septembre (ANALYSE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2018-09-12 à 17:49
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WASHINGTON, 12 septembre (Xinhua) -- Le terrorisme demeure toujours une menace pour les Etats-Unis, même 17 ans après les attentats du 11 septembre 2001, lors desquels près de 3.000 civils ont été tués à New York et Washington, selon des experts américains.

"Le terrorisme demeure une menace pour les Etats-Unis et les Américains", a indiqué à Xinhua, Wayne White, ancien directeur adjoint du bureau des renseignements sur le Moyen-Orient du département d'Etat américain.

"Les terroristes faisant déjà partie de la société américaine (sont) radicalisés sur place par des idéologies d'Al-Qaïda et de l'EI (Etat islamique)", a-t-il expliqué.

"La peur créée par les attentats continue d'affecter l'élaboration des politiques des Etats-Unis. Le pays a investi des milliards dans la lutte contre le terrorisme mais la menace demeure", a déploré Darrell West, chercheur du groupe de réflexion Brookings Institution.

"A l'occasion de l'anniversaire du 11 septembre, nous nous rappelons que le terrorisme reste une menace à travers le monde, et non seulement pour les Etats-Unis", a fait remarquer Dan Mahaffee, vice-président et directeur des politiques du Centre d'études du Congrès et de la présidence.

"Alors que les politiques visant à lutter contre l'EI semblent prometteuses, la menace du terrorisme national et des complots inspirés par l'étranger continue", a-t-il ajouté.

Robin Simcox, chercheur du groupe de réflexion Heritage Foundation, a confié à Xinhua que l'idéologie islamiste s'était répandue à travers le monde dans les années suivant les attentats du 11 septembre.

"Les Etats-Unis sont le pays que les organisations terroristes visent plus que tout autre pays (...) L'EI a perdu la majorité de son territoire en Irak et en Syrie, mais demeure une menace potentielle avec des affiliés répartis au Moyen-Orient et en Afrique. En parallèle, Al-Qaïda a une présence importante en Syrie, au Yémen et en Somalie entre autres, et maintient un désir clair d'attaquer les Etats-Unis", a précisé M. Simcox.

"Les Etats-Unis doivent également se défendre contre les individus comme l'auteur de la tuerie du club Pulse, Omar Mateen, qui a été radicalisé localement", a mis en garde M. Simcox. Au moins 50 personnes ont été tuées dans ce drame survenu à Orlando, en Floride.

Selon lui, "ce type de danger est sans doute le problème le plus pressant que les forces de l'ordre américaines affrontent aujourd'hui de la part des terroristes islamistes".

TRUMP : LA MENACE TERRORISTE AU SECOND PLAN

M. Simcox a indiqué que l'administration Trump avait "à juste titre" donné la priorité à l'élimination du groupe terroriste Etat islamique en Irak et en Syrie, alors que des raids aériens de drones contre Al-Qaïda se sont significativement intensifiés au Yémen.

Cependant, il reste toujours beaucoup de choses à faire dans la lutte contre les groupes terroristes islamiques. Par exemple, l'Etat islamique cherchera la réémergence et aspirera à gouverner encore une fois. "L'administration doit se préparer activement pour cette éventualité", a expliqué M. Simcox.

Selon certaines critiques, M. Trump semble avoir mis la menace terroriste au second plan depuis son élection il y a presque deux ans.

"Trump a montré peu d'intérêt réel pour la Syrie, l'Irak, l'Etat islamique ou l'Afghanistan depuis son élection", a noté M. White.

"Le président a pris plusieurs mesures anti-palestiniennes dans le domaine israélo-palestinien qui pourraient radicaliser non seulement les Palestiniens, mais aussi d'autres Arabes et musulmans à l'intérieur et l'extérieur des Etats-Unis", a-t-il ajouté.

En effet, le président américain a reconnu en 2017 comme capitale d'Israël la ville de Jérusalem, une ville sainte très importante à la fois pour le judaïsme et l'islam, et la décision de Donald Trump a envoyé un message selon lequel Washington ne fait preuve d'aucune neutralité et se range du côté des Israéliens.

"Trump a également irrité les alliés qui sont nécessaires pour combattre les terroristes et a rendu les Etats-Unis moins populaires à l'étranger, ce qui dans aucun des deux cas ne contribue à la sécurité américaine", a-t-il poursuivi.

De plus, la communauté musulmane américaine se sent particulièrement surveillée du fait que M. Trump a lancé de nombreux commentaires que les musulmans ont interprétés comme les ciblant injustement.

"Les politiques de toute nation qui distinguent des groupes religieux ou ethniques spécifiques augmentent le risque d'aggraver la menace terroriste des communautés isolées ou des éléments isolés de la société", a affirmé M. Mahaffee.

LA PROCHAINE ATTAQUE

Cependant, selon les experts, une nouvelle épreuve de force telle que l'attentat du 11 septembre est peu probable.

L'année 2013 a vu l'attentat du Marathon de Boston, mais de futures attaques devraient être de moins grande ampleur.

Des exemples pourraient comprendre des fusillades de masse dans lesquelles les auteurs de la tuerie tirent sur une foule, comme lors d'une attaque en 2016 menée par un musulman radical vivant aux Etats-Unis contre une boîte de nuit. D'autres scénarios pourraient comprendre une camionnette ou un camion roulant à grande vitesse et fonçant sur une foule, comme pour l'attentat du Pont de Londres en 2017.

"Un autre attentat comme le 11 septembre est peu probable du fait que la plupart des terroristes semblent réaliser que l'organisation d'une telle entreprise est plus susceptible d'être détectée", a analysé M. White.

"Le scénario le plus probable est la perte continue de vies américaines causée par des individus et de petits groupes déjà présents aux Etats-Unis", a-t-il conclu.

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