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Après le drame de Gênes : inquiétudes et interrogations sur l'état du réseau routier en France (SYTHESE)

 
French.xinhuanet.com | Publié le 2018-08-17 à 18:49

PARIS, 17 août (Xinhua) -- L'écroulement mardi dernier du pont Morandi de Gênes, qui a fait 39 morts et plusieurs blessés, suscite de multiples interrogations en France où un récent rapport d'audit tire la sonnette d'alarme sur l'état de dégradation avancée du réseau routier national non concédé.

Selon cet audit, plus de la moitié des chaussées en France présentent depuis 2012 des dégradations et exigent des réparations. Cela concerne notamment un tiers des 12.000 ponts que compte le réseau.

"Le plus souvent, il s'agit de petites réparations afin de prévenir l'apparition de dégradations structurelles. Mais dans 7 % des cas, les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d'effondrement", indique le rapport publié sur le site du ministère de la Transition écologique et solidaire.

"L'Etat français investit dans son réseau routier (...) nettement moins que ses voisins du nord (Pays-Bas, Autriche, Suisse, Royaume-Uni...). Par exemple, le Royaume-Uni consacre 80.000 euros par kilomètre et par an à son réseau, alors que la France se situe à un niveau proche de 50.000 euros", lit-on dans le document.

Le rapport ajoute en citant des experts internationaux (Suisse, OCDE) qu'il faudrait un effort d'entretien quatre à sept fois supérieur (0,8 à 1,5 %) pour préserver un ouvrage.

Le drame de Gênes survenu mardi dernier, soit quelques semaines après la publication de ce rapport d'audit, suscite alors inquiétudes et interrogations en France malgré les assurances de la ministre des Transports. Ces interpellations sont surtout liées à l'insuffisance du budget consacré à l'entretien des infrastructures routières.

Dominique Bussereau, ancien secrétaire d'Etat chargé des Transports, pointe du doigt ce manque d'investissement. "Ces dernières années, on a dépensé à peu près 700 millions par an, parfois un peu moins, pour l'entretien des infrastructures alors qu'il en faudrait 1,3 milliard", a-t-il expliqué jeudi à la radio Europe1.

L'ancien secrétaire d'Etat a indiqué que l'écotaxe avait été mise en place comme solution à ce manquement, "malheureusement, elle a été supprimée par Mme Royal", alors ministre de l'Environnement. "S'il y avait toujours l'écotaxe, nous aurions aujourd'hui en 2018 une recette à peu près de 4 milliards d'euros" pour l'entretien du réseau, a-t-il indiqué.

Le sénateur centriste Hervé Maurey ne cache pas son inquiétude face à l'état de dégradation du réseau. "On n'est pas du tout à l'abri d'une catastrophe (...) il est temps de mettre en place un plan Marshall pour notre réseau routier", a-t-il réclamé jeudi sur franceinfo.

Sur la même antenne, Frédéric Farah, économiste et chercheur à l'université Panthéon-Sorbonne, a expliqué mercredi ces dégradations des infrastructures européennes par une baisse significative de l'investissement public. "Comment on conçoit un avenir quand souvent on a fait des privatisations juste pour remplir les caisses sans que ça ne s'inscrive dans une stratégie globale ?", s'interroge-t-il.

Mais pour les autorités, il n'y a pas de raison de s'inquiéter car "les ponts font l'objet de visites annuelles (...) avec des inspections plus détaillées tous les trois ans sur le réseau non concédé, tous les deux ans pour les ouvrages de sociétés concessionnaires", a rassuré la ministre des Transports Elisabeth Borne sur franceinfo le lendemain de la catastrophe survenue à Gênes.

Selon Mme Borne, le budget consacré à l'entretien du réseau est passé de 700 millions d'euros en 2017 à 800 millions d'euros en 2018, "et ça va continuer à augmenter dans les prochaines années", a-t-elle promis. La ministre des Transports a également annoncé le lancement d'un plan de sauvegarde des routes nationales évalué à un milliard d'euros par an.

 
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Après le drame de Gênes : inquiétudes et interrogations sur l'état du réseau routier en France (SYTHESE)

French.xinhuanet.com | Publié le 2018-08-17 à 18:49

PARIS, 17 août (Xinhua) -- L'écroulement mardi dernier du pont Morandi de Gênes, qui a fait 39 morts et plusieurs blessés, suscite de multiples interrogations en France où un récent rapport d'audit tire la sonnette d'alarme sur l'état de dégradation avancée du réseau routier national non concédé.

Selon cet audit, plus de la moitié des chaussées en France présentent depuis 2012 des dégradations et exigent des réparations. Cela concerne notamment un tiers des 12.000 ponts que compte le réseau.

"Le plus souvent, il s'agit de petites réparations afin de prévenir l'apparition de dégradations structurelles. Mais dans 7 % des cas, les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d'effondrement", indique le rapport publié sur le site du ministère de la Transition écologique et solidaire.

"L'Etat français investit dans son réseau routier (...) nettement moins que ses voisins du nord (Pays-Bas, Autriche, Suisse, Royaume-Uni...). Par exemple, le Royaume-Uni consacre 80.000 euros par kilomètre et par an à son réseau, alors que la France se situe à un niveau proche de 50.000 euros", lit-on dans le document.

Le rapport ajoute en citant des experts internationaux (Suisse, OCDE) qu'il faudrait un effort d'entretien quatre à sept fois supérieur (0,8 à 1,5 %) pour préserver un ouvrage.

Le drame de Gênes survenu mardi dernier, soit quelques semaines après la publication de ce rapport d'audit, suscite alors inquiétudes et interrogations en France malgré les assurances de la ministre des Transports. Ces interpellations sont surtout liées à l'insuffisance du budget consacré à l'entretien des infrastructures routières.

Dominique Bussereau, ancien secrétaire d'Etat chargé des Transports, pointe du doigt ce manque d'investissement. "Ces dernières années, on a dépensé à peu près 700 millions par an, parfois un peu moins, pour l'entretien des infrastructures alors qu'il en faudrait 1,3 milliard", a-t-il expliqué jeudi à la radio Europe1.

L'ancien secrétaire d'Etat a indiqué que l'écotaxe avait été mise en place comme solution à ce manquement, "malheureusement, elle a été supprimée par Mme Royal", alors ministre de l'Environnement. "S'il y avait toujours l'écotaxe, nous aurions aujourd'hui en 2018 une recette à peu près de 4 milliards d'euros" pour l'entretien du réseau, a-t-il indiqué.

Le sénateur centriste Hervé Maurey ne cache pas son inquiétude face à l'état de dégradation du réseau. "On n'est pas du tout à l'abri d'une catastrophe (...) il est temps de mettre en place un plan Marshall pour notre réseau routier", a-t-il réclamé jeudi sur franceinfo.

Sur la même antenne, Frédéric Farah, économiste et chercheur à l'université Panthéon-Sorbonne, a expliqué mercredi ces dégradations des infrastructures européennes par une baisse significative de l'investissement public. "Comment on conçoit un avenir quand souvent on a fait des privatisations juste pour remplir les caisses sans que ça ne s'inscrive dans une stratégie globale ?", s'interroge-t-il.

Mais pour les autorités, il n'y a pas de raison de s'inquiéter car "les ponts font l'objet de visites annuelles (...) avec des inspections plus détaillées tous les trois ans sur le réseau non concédé, tous les deux ans pour les ouvrages de sociétés concessionnaires", a rassuré la ministre des Transports Elisabeth Borne sur franceinfo le lendemain de la catastrophe survenue à Gênes.

Selon Mme Borne, le budget consacré à l'entretien du réseau est passé de 700 millions d'euros en 2017 à 800 millions d'euros en 2018, "et ça va continuer à augmenter dans les prochaines années", a-t-elle promis. La ministre des Transports a également annoncé le lancement d'un plan de sauvegarde des routes nationales évalué à un milliard d'euros par an.

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