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French.xinhuanet.com | Publié le 2018-07-06 à 13:00
NANCHANG, 6 juillet (Xinhua) -- Les valeurs familiales sont considérées comme la plus importante influence sur les comportements des individus depuis l'Antiquité en Chine. Aujourd'hui, elles doivent contribuer à protéger l'environnement.
Sur le mur de la maison de Lu Yuming, habitant du village de Changshui, dans la province chinoise du Jiangxi, est accroché un tableau sur lequel sont inscrites les valeurs de sa famille, dont certaines datent de plus de 1.000 ans.
Outre des mots simples soulignant les vertus traditionnelles chinoises, telles que les devoirs, la pitié filiale, l'intégrité et la loyauté, les membres âgés et respectés de la famille ont proposé d'ajouter de nouvelles valeurs -- "respecter la nature et protéger l'environnement."
Cette proposition a été approuvée par plus de 200 ménages portant le nom de famille Lu dans le village en 2013.
Les valeurs familiales rédigées par les ancêtres sages et respectés ont été utilisées par les Chinois pour instruire les générations leur succédant. Elles constituent un code de conduite dans les familles et la société.
La famille de M. Lu modifie ses valeurs familiales à peu près toutes les décennies, selon les changements du monde. L'ajout de "protéger l'environnement" est la 19e modification depuis le déménagement de la famille dans le village sous la dynastie Song (960-1279).
"Nous avons ajouté cette valeur, car nous avons appris une leçon douloureuse il y a plusieurs années", explique M. Lu.
Le village de Changshui est entouré de forêts et de montagnes, laissant peu de terres cultivables aux villageois. Dans les années 1980 et 1990, ils devaient gagner leur vie en vendant du bois.
"J'ai coupé beaucoup d'arbres et je le regrette maintenant", déclare-t-il.
"Nous avons même vendu un if chinois de 500 ans", note Yu Jingchun, qui possédait une usine de meubles près du village.
En raison de la déforestation excessive, plusieurs collines du village sont devenues désertes. Lors des orages, les coulées de boue et de roches se précipitaient vers la rivière, qui est la principale source d'eau potable des villageois. Les jeunes ont quitté progressivement le village pour rechercher des emplois dans les villes.
"En regardant autour de notre village, nous nous sommes rendu compte des choses terribles que nous avions faites", déplore M. Lu.
Une opportunité de rectifier ces erreurs s'est présentée aux villageois en 2004, lorsque Changshui est devenu une zone pilote du système de contrats sur la base des ménages pour la gestion des forêts collectives et la propriété du bois. Près de 8.267 hectares de terrains forestiers du village ont été distribués aux villageois.
"Nous avons commencé à planter des arbres sur les collines désertes", indique M. Lu. Les villageois ont créé une forêt couvrant plus de 200 hectares en 15 ans.
Les arbres ont apporté aux villageois la fortune. A travers le développement des industries telles que le tourisme et l'apiculture, les revenus nets par habitant des villageois ont atteint 16.137 yuans (près de 2.432 dollars) en 2017, soit 2.000 yuans de plus que la moyenne nationale.
De plus en plus de familles du village se sont rendu compte de l'importance de la protection de l'environnement. Afin de fixer un code de conduite pour les futures générations, la famille de M. Yu a interdit la coupe d'arbres, et la famille Zhang a ajouté "aimer la nature et protéger l'environnement" aux valeurs familiales.
Dans certains villages du district de Wuyuan, si quelqu'un s'avère avoir coupé des arbres, il doit écrire une lettre d'excuse.
"Il doit même tuer un cochon qu'il élève et donner le porc gratuitement aux autres en cas d'erreurs graves", explique Dai Xiangyang, chef du Comité du PCC pour le village de Changxi.
Les enfants ne sont pas exonérés de sanctions. Il y a quelques années, le petit-fils de M. Lu, alors âgé de 8 ans, a cassé plusieurs branches d'un if chinois, il a dû s'agenouiller pendant deux heures, a été privé de deux repas et a dû écrire près de 2.000 caractères chinois.
"J'espère que mes enfants apprendront par coeur qu'il y a un prix à payer lorsque l'on nuit à l'environnement. S'ils ne s'en acquittent pas aujourd'hui, ils devront le faire demain", déclare M. Lu.