french.xinhuanet.com

France : polémique après les critiques de Macron contre l'ONG allemande Lifeline (PAPIER GENERAL)

Publié le 2018-06-28 à 21:00 | french.xinhuanet.com

Taille du Texte
T+ | T-

RSS

Partager


Une semaine d'actualités en images (du 18 au 24 juin 2018)

Miguel Diaz-Canel, nouveau président de Cuba (PORTRAIT)

PARIS, 28 juin (Xinhua) -- Les critiques du président français Emmanuel Macron contre l'ONG allemande Lifeline, qui a secouru 233 migrants sur les côtes libyennes, font polémique en France.

Le président français a, en marge de sa conférence de presse au Vatican, accusé l'ONG d'avoir agi "en contravention de toutes les règles et des garde-côtes libyens" et de faire ainsi "le jeu des passeurs en réduisant le coût des risques du passage".

Ces accusations, soutenues par le gouvernement français, ont fait réagir les ONG, les spécialistes des flux migratoires et certains responsables politiques de l'opposition. L'ONG allemande a réagi en indiquant que ces accusations ne "tenaient pas". "On a le sentiment que certains hommes politiques instrumentalisent notre situation et c'est difficile à supporter car on parle bien de vies humaines et de droits de l'homme", a déclaré mercredi sur BFMTV, Heidi Hemmamm, membre de Lifeline.

Pour Philippe de Botton, président de Médecins du Monde, Emmanuel Macron se trompe totalement, car c'est bien la fermeture des frontières et des ports européens qui fait le jeu des passeurs. "S'il y avait une libre circulation des réfugiés, il n'y aurait pas de passeurs. C'est la position stigmatisante et excluante de l'Europe pour les migrants qui fait le jeu des passeurs", a-t-il assuré.

Les ONG dénoncent l'externalisation de la politique migratoire de l'UE dans des pays comme la Libye. "Ce qui n'est pas acceptable, c'est le fait que nous, la France, remettions les migrants aux autorités libyennes qui méprisent toutes les règles de respect des droits humains", a déploré sur BFMTV, Sylvie Bricot Vilain, directrice générale d'Amnesty International.

Une procédure qui arrange certes les Européens, mais qui est contraire au droit de la mer, qui précise que les personnes secourues devraient être débarquées dans un port sûr, a ajouté Violaine Carrère, juriste au groupe d'information et de soutien des immigrés.

François Gemenne, spécialiste des flux migratoires et chercheur à Science Po, a qualifié les accusations de M. Macron de "mauvais procès (...) fait aux ONG dans le but évident d'amadouer l'Italie avant le sommet européen crucial qui s'ouvrira aujourd'hui à Bruxelles".

Mercredi à l'Assemblée nationale, le Premier secrétaire du Parti socialiste Oliver Faure a également interpellé le Premier ministre français Edouard Philippe lors des séances de questions au gouvernement, sur les propos d'Emmanuel Macron qui, selon lui, "reprend ainsi une accusation qui était jusqu'à lors le privilège de l'extrême droite italienne".

"C'est à une ONG française, l'Aquarius, que votre gouvernement a refusé un port. Et maintenant, c'est une ONG allemande que le président accuse d'être d'un cynisme terrible", a rappelé le socialiste à M. Philippe. Une interpellation à laquelle le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a réagi en indiquant qu'il n'était pas "acceptable que le bateau de l'ONG Lifeline ait coupé ses balises, refusé de répondre aux messages des autorités maritimes, et se soit même prévalu indûment du pavillon néerlandais".

Le Conseil des ministres qui s'est réuni mercredi a fait siens les propos polémiques du président Emmanuel Macron. Selon le porte-parole du gouvernement, il y a une mise en danger et un non respect du droit maritime par le navire Lifeline lorsqu'il va faire son opération de sauvetage de personnes en Méditerranée et notamment dans les eaux libyennes.

"Ceux qui de bonne foi souhaitent porter secours, en réalité mettent en danger les personnes qu'ils sont venus aider (...) Considérer que nous ne pouvons pas travailler avec les autorités libyennes, c'est acter un échec et encourager les passeurs, les filières clandestines", a-t-il indiqué à la presse au sortir du Conseil des ministres.

Le président français a tenu ces propos en marge de sa conférence de presse au Vatican au cours de laquelle il a annoncé que la France accueillerait une partie des 233 migrants du bateau de l'ONG Lifeline, qui a finalement accosté à Malte après une semaine d'attente en mer.

010020070770000000000000011199231372876231