Ces échanges sino-européens qui ont marqué la politique de réforme et d'ouverture (REPORTAGE)
Publié le 2018-06-23 à 14:00 | french.xinhuanet.com
BERLIN, 23 juin (Xinhua) -- La rue Hanzheng occupe une place particulière dans le coeur de Bernd Gerich, un Allemand de 71 ans, et la raison en remonte à une période historique de la Chine.
Il s'agit d'une rue à Wuhan, une ville du centre de la Chine connue pour son marché de vente en gros, où se dresse un buste en bronze de Werner Gerich, le père de Bernd, qui a été l'un des premiers étrangers ayant travaillé en Chine en tant que directeur d'une usine publique après l'amorce voici 40 ans de l'épopée de la politique de réforme et d'ouverture dans le pays.
Werner Gerich a été envoyé à Wuhan par Senior Experten Service, une organisation de bénévolat basée à Bonn oeuvrant à trouver du travail à des retraités ou des personnes en congé sabbatique, pour y être consultant en assemblage et contrôle de qualité dans une usine de fabrication de moteurs diesel.
C'était en 1984. Alors âgé de 65 ans, Werner Gerich est ensuite devenu le directeur de cette usine à Wuhan, un fait rare. Pendant deux ans, il a réussi à relancer cette usine délabrée avec des réformes qui ont permis d'améliorer grandement les produits. Ces accomplissements lui ont valu le surnom honorifique de "Monsieur Qualité".
En 2005, les autorités locales ont érigé un buste à son effigie pour rendre hommage à sa contribution.
Dans les années 1980, confier la gestion d'une usine publique chinoise à un étranger était chose rare. Selon Bernd Gerich, cette décision a illustré le courage de ce mouvement de réforme en Chine et il se dit fier que son père ait participé à ce processus.
UNE INSPIRATION VENUE D'EUROPE
Depuis le début de la transition de la Chine vers une économie de marché, ses interactions avec le reste du monde ont augmenté. Des experts européens se sont rendus en Chine, alors que des Chinois ont été envoyés à l'étranger, où ils ont absorbé de nombreuses connaissances, avant de rentrer chez eux pour contribuer à l'édification de leur pays.
Au début des années 1980, un groupe de techniciens chinois est ainsi allé travailler sur les plateformes pétrolières en mer du Nord, dont Jiang Xinsong, alors chef de l'Institut d'automatique de Shenyang (SIA) au sein de l'Académie chinoise des sciences. M. Jiang s'est dit surpris de voir des robots travailler lors d'opérations sous-marines.
Aujourd'hui, les progrès dans ce domaine en Chine sont impressionnants : le pays, notamment grâce au SIA, a battu le record des plongées d'exploration. Le submersible habité chinois Jiaolong, actuellement en service, a réalisé en juin 2012 une plongée record à une profondeur de 7.062 mètres dans la Fosse des Mariannes. Et il est doté aujourd'hui d'un formidable éventail de submersibles habités et non habités.
Le submersible habité Jiaolong, baptisé du nom d'un mythique dragon chinois, possède par exemple la plus grande gamme de profondeur par rapport à ses concurrents, tandis que le pays développe la série de submersibles sans équipage Qianlong en vue d'explorer les ressources hauturières.
UN EFFET D'ENTRAINEMENT
Cette politique de réforme et d'ouverture en Chine a eu un effet d'entraînement, et ce jusqu'en Europe, où les entreprises en tirent profit, certains pionniers ayant récolté de riches dividendes.
BMW Brilliance Automotive, une coentreprise du groupe BMW et du partenaire chinois Brilliance, a été fondée il y a 15 ans dans le nord-est de la Chine. Aujourd'hui, c'est la plus grande base de production de BMW en dehors d'Allemagne, avec un volume de plus de deux millions de véhicules.
Le groupe a attribué ce succès à sa stratégie de localisation, a indiqué Johann Wieland, patron de BMW Brilliance Automotive.
Un autre géant européen, Airbus, est également ancré en Chine, en choisissant Tianjin (nord-est) pour y ouvrir une ligne d'assemblage final d'Airbus, la première en dehors d'Europe, ainsi qu'un centre de finition et de livraison pour Airbus A330. Après la livraison de 354 A320 début 2018, l'avionneur européen cherche à augmenter la production de cet appareil à Tianjin.
Un autre pionnier qui a choisi de s'implanter en Chine est Nokia. Cette société finlandaise compte environ 20.000 employés en Chine, dont la moitié en recherche et le développement (R&D). Nokia écoule ses produits fabriqués en Chine dans le monde entier, devenant l'un des plus grands exportateurs de technologie en Chine, a noté son président, Risto Siilasmaa.
DES BENEFICES MUTUELS
Les chemins de fer constituent l'un des meilleurs exemples de cette coopération mutuellement bénéfique. Durant les trois premiers mois de l'année, le réseau ferroviaire Chine-Europe, qui relie 43 villes chinoises à 41 villes européennes dans 13 pays, a vu son trafic fret augmenter de 75% par rapport à la même période en 2017.
En avril, un train parti de Chengdu (sud-ouest de la Chine) est arrivé à Vienne en Autriche après avoir parcouru plus de 9.800km. Un fait salué par Margarete Schrambock, la ministre autrichienne des Affaires numériques et économiques, qui a affirmé la volonté de son pays d'envoyer des marchandises par le rail en Chine.
Chypre est un autre bénéficiaire de l'ouverture chinoise. Dinos Florides, président de l'Association d'amitié sino-chypriote, a fait l'éloge des investissements chinois dans la compagnie aérienne chypriote Cobalt Air et de la fourniture par le géant chinois des télécoms Huawei d'équipements et de services aux compagnies télécom de l'île.
En 2017, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Union européenne a atteint 616,9 milliards de dollars, en hausse de 12,7% par rapport à l'année précédente.