France : inquiétude et incompréhension après la libération d'un des "convoyeurs" de Salah Abdeslam (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2018-06-20 à 19:00
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PARIS, 20 juin (Xinhua) -- La libération lundi d'Ali Oulkadi, complice présumé de Salah Abdeslam lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et son placement sous contrôle judiciaire ont fait réagir avocats et associations de familles de victimes qui jugent "incompréhensible" cette décision.

"C'est une décision choquante qu'on ne comprend pas. (Ali Oulkadi) a quand même été mis en examen et sa présentation lors d'un procès nous pose un problème en tant que famille des victimes", a réagi sur Franceinfo Samia Maktouf, avocate de familles de victimes des attentats du 13-Novembre.

L'avocate ne comprend pas cette libération après celle de Hamza Attou, un autre complice présumé de Salah Abdeslam qui a été remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai dernier. "Après Hamza Attou, c'est aujourd'hui le tour d'Ali Oulkadi. C'est le désert autour de Salah Abdeslam. Qu'est-ce qui garantit qu'ils se présenteront lors du procès?", s'est inquiétée Me Maktouf.

Son confrère Gérard Chemla, également avocat de victimes de ces attentats, a jugé "assez désagréable" que des personnes comme Ali Oulkadi se retrouvent en liberté.

"Il est mis en examen pour des faits criminels qui permettaient de le détenir pendant quatre années. Cela veut dire qu'on n'est pas techniquement obligé de le relâcher", a commenté Me Chemla sur BFMTV, tout précisant que la justice sait que M. Oulkadi était proche de la mouvance islamiste pour avoir convoyé Salah Abdeslam après les attentats et bien avant pour accompagner Brahim Salah, frère d'Abdeslam, en Syrie via la Turquie.

Même incompréhension chez Philippe Duperron, président de l'association "13onze15 Fraternité et vérité" qui s'est dit inquiet. "Oulkadi est remis en liberté alors que d'autres acteurs djihadistes vont eux aussi être remis en liberté", a-t-il indiqué en faisant ainsi allusion à la déclaration de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, annonçant début juin qu'environ 450 prisonniers radicaux, dont "50 terroristes", allaient être libérés fin 2019.

Jean Reinhart, également avocat de familles de victimes du 13-Novembre, a cependant dit avoir invité ses clients à considérer cette libération comme une application logique du droit. "M. Oulkadi reste mis en examen, il reste poursuivi et il reste suspect. On va surveiller tous ces éléments là. Notre but n'est pas de mettre tout le monde en prison, mais de mettre l'essentiel en prison", a-t-il déclaré sur CNews.

Malgré ces assurances, la libération d'Ali Oulkadi continue de faire polémique. Mohamed Sifaoui, spécialiste du terrorisme, a rappelé sur BFMTV qu'Oulkadi a été libéré sur la base du témoignage de Salah Abdeslam, "qui est un terroriste. Or le témoignage d'un terroriste ne vaut quasiment rien", a-t-il dit.

L'expert estime prématuré de libérer Ali Oulkadi qui a joué un rôle, même secondaire dans ce dossier. Car, dit-il, "dans ce genre d'affaire, on doit prendre en considération la sensibilité des victimes". Soupçonné d'avoir aidé Salah Abdeslam durant sa cavale après les attentats de Paris et de Saint-Denis, Ali Oulkadi, un ressortissant français vivant en Belgique, est mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes et détenu provisoirement depuis 2015 en France.

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