La politique de réforme et d'ouverture réussit à Airbus en Chine (INTERVIEW)
Publié le 2018-06-08 à 15:45 | french.xinhuanet.com
PARIS, 8 juin (Xinhua) -- Au cours de ces 40 dernières années, la politique de réforme et d'ouverture de la Chine a non seulement fait de ce pays la deuxième plus grande économie du monde, mais elle a aussi permis à des entreprises étrangères de profiter des grandes opportunités créées par cette politique révolutionnaire dont Airbus, le plus grand constructeur aéronautique d'Europe, se félicite son président exécutif Tom Enders lors d'une récente interview accordée à Xinhua.
UN PARTENARIAT GAGNANT-GAGNANT AU LONG COURS
Airbus a démarré son partenariat avec la Chine il y a plus de trois décennies. En 1985, la Chine a acheté un avion Airbus pour la première fois. En 1994, le groupe a établi sa première présence officielle à Beijing.
"Je suis particulièrement fier de cette histoire", salue M. Enders, soulignant que ce partenariat avait fait un bond en avant ces dix dernières années, avec le lancement de la première ligne d'assemblage final du groupe hors Europe à Tianjin (nord) en 2008.
Les ventes d'avions commerciaux du groupe à la Chine ont notablement augmenté. Fin 2017, environ 1.500 Airbus étaient en service en Chine et les livraisons dans ce pays ont représenté près du quart de sa production totale d'avions de ligne.
Toujours en 2017, Airbus a annoncé la création de son deuxième centre mondial d'innovation, après celui dans la Silicon Valley, à Shenzhen (sud), une ville pionnière de la politique de réforme et d'ouverture de la Chine.
Aujourd'hui, plus de 1.900 employés d'Airbus travaillent en Chine, dont la plupart sur la chaîne d'assemblage de Tianjin, qui a assemblé et livré 352 appareils de la famille A320 en date de la fin 2017.
A la tête de la ligne d'assemblage final de Tianjin, Laurence Barron, ancien PDG d'Airbus Chine, se souvient très bien de la transformation en deux ans et demi de champs de légumes en une usine, devenant rapidement une nouvelle zone industrielle.
"Changement est le mot que j'utiliserais pour décrire la Chine moderne. Des métros, des routes, un nouvel aéroport ouvert à Beijing l'année prochaine... Tout a changé à une vitesse très rapide à Beijing et c'est une des raisons pour lesquelles j'aime vivre là, parce que c'est une ville très dynamique", confie-t-il dans un entretien exclusif accordé à Xinhua.
UNE NOUVELLE OUVERTURE, DE PLUS GRANDES OPPORTUNITES
M. Barron s'est rendu en Chine pour la première fois l'été 2003 et a pris ses fonctions de patron d'Airbus Chine un an plus tard. Il travaille et vit en Chine désormais.
Il se souvient qu'entre 1985, date de la première livraison d'un Airbus à la Chine, et 1994, lorsqu'Airbus a ouvert son bureau officiel à Beijing, seulement moins de vingt appareils avaient été livrés en Chine.
"Ce qu'Airbus a accompli en Chine est un bon exemple de la façon dont les entreprises étrangères peuvent tirer parti de la réforme et de l'ouverture et mieux se positionner en Chine", assure Laurence Barron.
Témoin de la politique de réforme et d'ouverture de la Chine, il estime que de nombreuses restrictions et obligations pour les entreprises étrangères en Chine ont été assouplies, ce qui encouragera certainement d'autres à se tourner vers la plus grande économie émergente du monde. "L'ouverture est mutuellement bénéfique pour les entreprises étrangères et la Chine", résume-t-il.
Lors de la conférence annuelle du Forum de Boao pour l'Asie en avril dernier, la Chine a annoncé plusieurs mesures importantes pour améliorer cette ouverture, notamment la réduction des droits de douane, et a promis de réduire les restrictions sur les capitaux étrangers dans le secteur financier (banques, assurances, titres)
M. Enders estime qu'au cours de toutes ces années de coopération avec la Chine, le nombre de partenaires et de fournisseurs chinois travaillant avec Airbus n'a cessé d'augmenter et, dans le même temps, le grand avionneur européen a également vu l'industrie aéronautique chinoise devenir plus mature et compétitive.
"Nous ne sous-estimons jamais les capacités et la force de l'industrie aéronautique chinoise. Nous pensons que la Chine peut créer des produits compétitifs et la concurrence est une bonne chose pour l'industrie aéronautique", assure-t-il.
VOLER PLUS HAUT A L'AVENIR
Aujourd'hui, au-delà de son rôle d'important client et fournisseur d'Airbus, la Chine est également devenue un partenaire stratégique de l'entreprise. La coopération s'étend dans plusieurs domaines : des avions commerciaux aux hélicoptères en passant par la défense, l'espace et l'innovation.
La division hélicoptère d'Airbus en Chine occupait 40% du marché fin 2017. Une ligne d'assemblage final d'hélicoptères H135 est en construction à Qingdao dans la province du Shandong (est), devenant la première du genre hors Europe.
Les récentes réformes adoptées en Chine aideront à ouvrir l'espace aérien inférieur dans les années à venir. Avec seulement environ 900 hélicoptères civils en service dans tout le pays (à la fin 2017), le potentiel de croissance est énorme et fait de la Chine le plus grand marché de giravions du monde.
Xu Gang, nouveau patron d'Airbus Chine, estime que l'avionneur européen entretient une coopération fructueuse avec la Chine en matière de marché, de capital, d'industrie et d'innovation et que celle-ci a fait de grands progrès dans le passé.
Il pense qu'avec la poursuite de la politique de réforme et d'ouverture de la Chine, l'entreprise cherchera à accroître les possibilités de coopération et s'implantera encore plus profondément en Chine. "Pour toute entreprise multinationale, la Chine est un marché énorme. Nous devrions nous montrer plus actifs dans la réflexion, l'investissement et l'exploration d'opportunités de coopération", résume M. Xu.
D'autres opportunités viendront des cieux chinois, avec déjà un total de 2.000 avions livrés d'ici 2020, ce qui permet ainsi à Airbus de poursuivre son partenariat au long cours mutuellement bénéfique avec la Chine.