France : nouvelle polémique sur les fichés S après l'attaque au couteau à Paris (SYNTHESE)

Publié le 2018-05-15 à 17:47 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 15 mai (Xinhua) -- L'attaque au couteau perpétrée samedi à Paris par un terroriste fiché S, né en Tchétchénie et naturalisé français en 2010, relance le débat sur le suivi des individus fichés S.

La dernière polémique sur le suivi des fichés S date de mars 2018 après les attentats commis dans l'Aude (sud) par Radouane Lakdim, un jeune homme de 25 ans d'origine marocaine fiché S depuis 2014.

La droite et l'extrême-droite qui avaient alors réclamé l'expulsion des fichés S étrangers ont à nouveau remis sur la table leurs propositions après l'attaque au couteau qui a fait deux morts dont le terroriste et 4 blessés samedi à Paris.

"On apprend une nouvelle fois que le terroriste serait fiché S. A quoi peut bien servir cette fiche S si on ne s'en sert pas pour mettre ces bombes à retardement hors d'état de nuire sur le sol français ?", a réagi Marine Le Pen sur son compte Twitter après l'attaque.

La présidente du Front national (FN) a une position tranchée sur les fichés S : "Il faut être dans un principe de prévention, de précaution, c'est pourquoi je réclame depuis des années que les fichiers S étrangers soient immédiatement expulsés de notre territoire", avait-elle déclaré récemment sur BFMTV.

Une position que partage le parti Les Républicains (LR) dirigé par Laurent Wauquiez. Le vice-président de LR, Geoffroy Didier, a rappelé sur BFMTV les grandes lignes de la proposition de son parti concernant les fichés S.

Il s'agit selon lui d'interner de manière préventive les fichés "radicalisés et dangereux" et "d'expulser tous les fichés S étrangers du territoire français". Le vice-président de LR a également demandé la création d'un "délit d'incitation à la haine" de la France et l'expulsion des étrangers qui s'en rendent coupables.

Le président de LR, Laurent Wauquiez, qui a fait cette proposition au lendemain des attentats dans l'Aude, a réagi en exigeant des autorités l'application de ces mesures après l'attaque au couteau de samedi.

"Nous exigeons que le président de la République et le gouvernement mettent enfin en place ensemble des mesures qui s'imposent. Il n'y a plus de place pour cet aveuglement et cette inaction qui n'ont que trop duré", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Même exigence chez Nicolas Dupont-Aignan, député et soutien de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle l'année dernière. "La loi antiterroriste est insuffisante, il faut rétablir l'état d'urgence et prendre les mesures concrètes que je n'ai cessé de proposer", a-t-il réclamé sur son compte en réaction à l'attaque au couteau.

Mais ces propositions de la droite et de l'extrême-droite sont anticonstitutionnelles selon plusieurs spécialistes et responsables des partis de gauche, qui rappellent qu'être fichés S n'a aucune conséquence judiciaire.

"Un fichier est un outil administratif interne. C'est une aide à la décision pour les services de renseignement. Ni plus, ni moins. Mais être fiché S n'a absolument aucune conséquence judiciaire", a expliqué Yves Trotignon, spécialiste du terrorisme et enseignant à Sciences Po, dans une interview publiée ce mardi dans le journal Le Parisien.

Selon ce spécialiste, les fichés S peuvent faire l'objet de mesures administratives plus ou moins poussées (écoutes, filatures...) et on trouve parmi eux des islamistes radicaux, mais aussi des militants d'extrême-droite ou d'extrême-gauche en fonction de leur dangerosité présumée.

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde en mars dernier, l'ancien député du Parti socialiste (PS) et rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats, Sébastien Pietrasanta, appelle à ne pas confondre fiche S et dangerosité de l'individu.

"Les fiches S sont numérotées de S1 à S16, non pas en fonction de la dangerosité de l'individu mais en fonction de la conduite à tenir pour les policiers et les gendarmes en cas de contrôle d'identité", a-t-il expliqué.

La fiche S est utile en cas de contrôle d'identité pour collecter des informations pour le service prescripteur, a indiqué M. Pietrasanta tout en précisant au passage que 60 % des terroristes ayant commis un attentat ces trois dernières années n'étaient pas fichés par les services de renseignement.

Le Conseil d'Etat avait rappelé, dans un avis consultatif après les attentats du 13 novembre 2015, qu'il n'est "pas possible d'autoriser par la loi, en dehors de toute procédure pénale, la rétention, dans des centres prévus à cet effet, des personnes radicalisées".

Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre de droite et aujourd'hui président de la fondation Leaders pour la paix, reconnait sur RTL qu"'on n'est pas capable aujourd'hui de bien mesurer les capacités de passage à l'acte", mais ne partage pas pour autant la position de la droite et de l'extrême-droite qu'il a qualifiée "de polémique qui ne sert pas à grand-chose".

M. Raffarin propose de renforcer davantage les services de renseignement en disposant d'un maillage beaucoup plus serré de l'information de manière à "mieux identifier ceux qui sont capables de passer à l'acte. Mais aussi avoir un dialogue multilatéral avec les pays source de terroristes". Fin

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France : nouvelle polémique sur les fichés S après l'attaque au couteau à Paris (SYNTHESE)

Publié le 2018-05-15 à 17:47 | french.xinhuanet.com

PARIS, 15 mai (Xinhua) -- L'attaque au couteau perpétrée samedi à Paris par un terroriste fiché S, né en Tchétchénie et naturalisé français en 2010, relance le débat sur le suivi des individus fichés S.

La dernière polémique sur le suivi des fichés S date de mars 2018 après les attentats commis dans l'Aude (sud) par Radouane Lakdim, un jeune homme de 25 ans d'origine marocaine fiché S depuis 2014.

La droite et l'extrême-droite qui avaient alors réclamé l'expulsion des fichés S étrangers ont à nouveau remis sur la table leurs propositions après l'attaque au couteau qui a fait deux morts dont le terroriste et 4 blessés samedi à Paris.

"On apprend une nouvelle fois que le terroriste serait fiché S. A quoi peut bien servir cette fiche S si on ne s'en sert pas pour mettre ces bombes à retardement hors d'état de nuire sur le sol français ?", a réagi Marine Le Pen sur son compte Twitter après l'attaque.

La présidente du Front national (FN) a une position tranchée sur les fichés S : "Il faut être dans un principe de prévention, de précaution, c'est pourquoi je réclame depuis des années que les fichiers S étrangers soient immédiatement expulsés de notre territoire", avait-elle déclaré récemment sur BFMTV.

Une position que partage le parti Les Républicains (LR) dirigé par Laurent Wauquiez. Le vice-président de LR, Geoffroy Didier, a rappelé sur BFMTV les grandes lignes de la proposition de son parti concernant les fichés S.

Il s'agit selon lui d'interner de manière préventive les fichés "radicalisés et dangereux" et "d'expulser tous les fichés S étrangers du territoire français". Le vice-président de LR a également demandé la création d'un "délit d'incitation à la haine" de la France et l'expulsion des étrangers qui s'en rendent coupables.

Le président de LR, Laurent Wauquiez, qui a fait cette proposition au lendemain des attentats dans l'Aude, a réagi en exigeant des autorités l'application de ces mesures après l'attaque au couteau de samedi.

"Nous exigeons que le président de la République et le gouvernement mettent enfin en place ensemble des mesures qui s'imposent. Il n'y a plus de place pour cet aveuglement et cette inaction qui n'ont que trop duré", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Même exigence chez Nicolas Dupont-Aignan, député et soutien de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle l'année dernière. "La loi antiterroriste est insuffisante, il faut rétablir l'état d'urgence et prendre les mesures concrètes que je n'ai cessé de proposer", a-t-il réclamé sur son compte en réaction à l'attaque au couteau.

Mais ces propositions de la droite et de l'extrême-droite sont anticonstitutionnelles selon plusieurs spécialistes et responsables des partis de gauche, qui rappellent qu'être fichés S n'a aucune conséquence judiciaire.

"Un fichier est un outil administratif interne. C'est une aide à la décision pour les services de renseignement. Ni plus, ni moins. Mais être fiché S n'a absolument aucune conséquence judiciaire", a expliqué Yves Trotignon, spécialiste du terrorisme et enseignant à Sciences Po, dans une interview publiée ce mardi dans le journal Le Parisien.

Selon ce spécialiste, les fichés S peuvent faire l'objet de mesures administratives plus ou moins poussées (écoutes, filatures...) et on trouve parmi eux des islamistes radicaux, mais aussi des militants d'extrême-droite ou d'extrême-gauche en fonction de leur dangerosité présumée.

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde en mars dernier, l'ancien député du Parti socialiste (PS) et rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats, Sébastien Pietrasanta, appelle à ne pas confondre fiche S et dangerosité de l'individu.

"Les fiches S sont numérotées de S1 à S16, non pas en fonction de la dangerosité de l'individu mais en fonction de la conduite à tenir pour les policiers et les gendarmes en cas de contrôle d'identité", a-t-il expliqué.

La fiche S est utile en cas de contrôle d'identité pour collecter des informations pour le service prescripteur, a indiqué M. Pietrasanta tout en précisant au passage que 60 % des terroristes ayant commis un attentat ces trois dernières années n'étaient pas fichés par les services de renseignement.

Le Conseil d'Etat avait rappelé, dans un avis consultatif après les attentats du 13 novembre 2015, qu'il n'est "pas possible d'autoriser par la loi, en dehors de toute procédure pénale, la rétention, dans des centres prévus à cet effet, des personnes radicalisées".

Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre de droite et aujourd'hui président de la fondation Leaders pour la paix, reconnait sur RTL qu"'on n'est pas capable aujourd'hui de bien mesurer les capacités de passage à l'acte", mais ne partage pas pour autant la position de la droite et de l'extrême-droite qu'il a qualifiée "de polémique qui ne sert pas à grand-chose".

M. Raffarin propose de renforcer davantage les services de renseignement en disposant d'un maillage beaucoup plus serré de l'information de manière à "mieux identifier ceux qui sont capables de passer à l'acte. Mais aussi avoir un dialogue multilatéral avec les pays source de terroristes". Fin

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