Marx est une colonne vertébrale scientifique et politique, selon le réalisateur du "Jeune Karl Marx" (INTERVIEW)

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2018-04-30 à 19:47


(Photo prise par le photographe Kris Dewitte)

PARIS, 30 avril (Xinhua) -- ''Marx m'a accompagné toute ma vie et me permet encore de comprendre et d'analyser tout ce qui se passe aujourd'hui, et il a toujours été comme une sorte de colonne vertébrale scientifique et politique pour moi'', confie le réalisateur haïtien Raoul Peck, dont le dernier film "Le jeune Karl Marx" est sorti en 2017, dans une interview exclusive à Xinhua.

Réalisateur d'une série de films sociaux et politiques comme "I Am Not Your Negro" ("Je ne suis pas votre nègre"), racontant les luttes des Noirs américains à partir d'un texte inédit de l'écrivain James Baldwin, "Lumumba" consacré au premier Premier ministre du Congo-Kinshasa Patrice Lumumba, et celui sur l'auteur du "Capital", Raoul Peck ne cache pas son engagement politique. "Je ne suis pas un cinéaste qui fait les films pour s'amuser ou simplement raconter des histoires", dit-il. "Je fais un cinéma politique inspiré d'un combat présent".

Né en 1953 à Haïti, Raoul Peck a passé une partie de sa jeunesse au Congo, puis est parti en Allemagne pour des études universitaires où il a commencé à étudier Karl Marx, le philosophe, économiste et théoricien politique allemand. N'ayant pas réussi à "rentrer en Haïti pour se battre" après ses études à Berlin en 1983, il est devenu journaliste et photographe, et plus tard réalisateur. Il a été ministre de la Culture d'Haïti de 1996 à 1997.

Pour le réalisateur haïtien, "le cinéma, c'est toujours dans un objectif de combat". L'inspiration du "Jeune Karl Marx" et "I'm Not Your Negro" lui est venue à un moment où il a réalisé que "le monde, et en particulier le monde occidental, se trouvait dans un moment de décadence. La politique est décriée et la montée du populiste un signe que le peuple a un problème avec les dirigeants".

En tant qu'artiste et réalisateur, "il fallait que j'y trouve ma propre réponse, c'était de revenir aux fondamentaux. J'ai eu deux fondamentaux principaux dans ma vie : James Baldwin et Karl Marx", a-t-il confié. "Avec ces deux films, j'espère montrer leurs idées et connaissances à la nouvelle génération pour qu'elle puisse s'accaparer ces idées et se battre. C'est une démarche contemporaine politique engagée".

Raoul Peck a eu la chance d'étudier Marx à partir de 20 ans et a fait quatre ans de séminaire sur "Le capital" dans un cadre universitaire "non dogmatique". "A l'époque, il s'agissait d'utiliser les oeuvres du philosophe, de l'économiste, du politique, de l'historien pour ma propre pensée, une pensée qui a pu se moderniser et qui se met en permanence en question. C'est pour cela qu'aujourd'hui encore, je peux me servir de ces instruments pour analyser ce qui se passe dans le monde".

Il possède un lien très fort avec le théoricien : "Marx m'a accompagné toute ma vie, il a toujours été comme une sorte de colonne vertébrale scientifique et politique pour moi", résume M. Peck.

Son biopic, une production franco-germano-belge qu'il a pris dix ans à monter, se focalise sur la période 1843-1848 au cours de laquelle Marx s'exile notamment à Paris où il se lie d'amitié avec Friedrich Engels. Les deux hommes rejoignent La Ligue des communistes et rédigent la "bible" des révoltes ouvrières en Europe : "Le manifeste du Parti communiste" publié en 1848.

Ce sont les moments les plus importants de la vie de Marx, qui montrent l'évolution de sa pensée et le début de la lutte entre le socialisme utopique, le socialisme anarchiste et le socialisme scientifique amené par Marx, qui aboutiront au "Manifeste", explique le réalisateur.

Il insiste sur l'authenticité du film, dont le scénario a été écrit à partir des correspondances de Marx et d'Engels. "Il y a des scènes qui sont exactement comme dans la correspondance, même les dialogues sont authentiques". C'est important d'amener de l'authenticité à l'histoire quand les gens en Occident ont tellement de préjugés sur le marxisme, sur ce qui est socialiste et communiste, souligne M. Peck.

Pour le réalisateur, la pensée de Marx reste l'instrument parfait pour comprendre le présent. "Le premier chapitre du 'Manifeste', c'est une description de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui (...) Beaucoup de phrases du 'Manifeste' sont des phrases fortes d'aujourd'hui".

Malgré la baisse de l'influence de Marx et du marxisme en Occident, on constate que depuis la crise financière de 2008, Marx est sur toutes les couvertures des journaux économiques en Occident. Aujourd'hui encore, chaque jour il y a un article sur Marx, constate Raoul Peck.

 
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Marx est une colonne vertébrale scientifique et politique, selon le réalisateur du "Jeune Karl Marx" (INTERVIEW)

Publié le 2018-04-30 à 19:47 | french.xinhuanet.com


(Photo prise par le photographe Kris Dewitte)

PARIS, 30 avril (Xinhua) -- ''Marx m'a accompagné toute ma vie et me permet encore de comprendre et d'analyser tout ce qui se passe aujourd'hui, et il a toujours été comme une sorte de colonne vertébrale scientifique et politique pour moi'', confie le réalisateur haïtien Raoul Peck, dont le dernier film "Le jeune Karl Marx" est sorti en 2017, dans une interview exclusive à Xinhua.

Réalisateur d'une série de films sociaux et politiques comme "I Am Not Your Negro" ("Je ne suis pas votre nègre"), racontant les luttes des Noirs américains à partir d'un texte inédit de l'écrivain James Baldwin, "Lumumba" consacré au premier Premier ministre du Congo-Kinshasa Patrice Lumumba, et celui sur l'auteur du "Capital", Raoul Peck ne cache pas son engagement politique. "Je ne suis pas un cinéaste qui fait les films pour s'amuser ou simplement raconter des histoires", dit-il. "Je fais un cinéma politique inspiré d'un combat présent".

Né en 1953 à Haïti, Raoul Peck a passé une partie de sa jeunesse au Congo, puis est parti en Allemagne pour des études universitaires où il a commencé à étudier Karl Marx, le philosophe, économiste et théoricien politique allemand. N'ayant pas réussi à "rentrer en Haïti pour se battre" après ses études à Berlin en 1983, il est devenu journaliste et photographe, et plus tard réalisateur. Il a été ministre de la Culture d'Haïti de 1996 à 1997.

Pour le réalisateur haïtien, "le cinéma, c'est toujours dans un objectif de combat". L'inspiration du "Jeune Karl Marx" et "I'm Not Your Negro" lui est venue à un moment où il a réalisé que "le monde, et en particulier le monde occidental, se trouvait dans un moment de décadence. La politique est décriée et la montée du populiste un signe que le peuple a un problème avec les dirigeants".

En tant qu'artiste et réalisateur, "il fallait que j'y trouve ma propre réponse, c'était de revenir aux fondamentaux. J'ai eu deux fondamentaux principaux dans ma vie : James Baldwin et Karl Marx", a-t-il confié. "Avec ces deux films, j'espère montrer leurs idées et connaissances à la nouvelle génération pour qu'elle puisse s'accaparer ces idées et se battre. C'est une démarche contemporaine politique engagée".

Raoul Peck a eu la chance d'étudier Marx à partir de 20 ans et a fait quatre ans de séminaire sur "Le capital" dans un cadre universitaire "non dogmatique". "A l'époque, il s'agissait d'utiliser les oeuvres du philosophe, de l'économiste, du politique, de l'historien pour ma propre pensée, une pensée qui a pu se moderniser et qui se met en permanence en question. C'est pour cela qu'aujourd'hui encore, je peux me servir de ces instruments pour analyser ce qui se passe dans le monde".

Il possède un lien très fort avec le théoricien : "Marx m'a accompagné toute ma vie, il a toujours été comme une sorte de colonne vertébrale scientifique et politique pour moi", résume M. Peck.

Son biopic, une production franco-germano-belge qu'il a pris dix ans à monter, se focalise sur la période 1843-1848 au cours de laquelle Marx s'exile notamment à Paris où il se lie d'amitié avec Friedrich Engels. Les deux hommes rejoignent La Ligue des communistes et rédigent la "bible" des révoltes ouvrières en Europe : "Le manifeste du Parti communiste" publié en 1848.

Ce sont les moments les plus importants de la vie de Marx, qui montrent l'évolution de sa pensée et le début de la lutte entre le socialisme utopique, le socialisme anarchiste et le socialisme scientifique amené par Marx, qui aboutiront au "Manifeste", explique le réalisateur.

Il insiste sur l'authenticité du film, dont le scénario a été écrit à partir des correspondances de Marx et d'Engels. "Il y a des scènes qui sont exactement comme dans la correspondance, même les dialogues sont authentiques". C'est important d'amener de l'authenticité à l'histoire quand les gens en Occident ont tellement de préjugés sur le marxisme, sur ce qui est socialiste et communiste, souligne M. Peck.

Pour le réalisateur, la pensée de Marx reste l'instrument parfait pour comprendre le présent. "Le premier chapitre du 'Manifeste', c'est une description de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui (...) Beaucoup de phrases du 'Manifeste' sont des phrases fortes d'aujourd'hui".

Malgré la baisse de l'influence de Marx et du marxisme en Occident, on constate que depuis la crise financière de 2008, Marx est sur toutes les couvertures des journaux économiques en Occident. Aujourd'hui encore, chaque jour il y a un article sur Marx, constate Raoul Peck.

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