PARIS, 19 avril (Xinhua) -- Parmi les désaccords et divergences d'intérêt existant dans les relations franco-américaines, "la question de l'avenir de l'accord sur le nucléaire iranien et le retrait des Etats-Unis des accords multilatéraux internationaux, symbolisé par le retrait de l'accord de Paris sur le climat, sont les plus sérieux". Telle est l'analyse de Julien Zarifian, maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise et chercheur invité à l'université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles, dans une interview accordée à Xinhua ce jeudi, à trois jours de la visite du président français aux Etats-Unis.

Interrogé sur les sujets prioritaires qu'aborderont les deux chefs d'Etat, Julien Zarifian a expliqué qu'outre l'avenir de l'accord sur le nucléaire iranien et la position américaine par rapport à l'accord sur le climat, "la question de la Syrie serait très certainement centrale".

"Le président (Macron) souhaite visiblement que la France soit très présente sur le dossier syrien et l'implication militaire de la France aux côtés des Américains et des Britanniques lui a visiblement permis d'influer sur les positions l'exécutif américain sur la question, comme il l'a lui-même indiqué lors de son interview télévisée du 15 avril dernier", a indiqué l'expert français. Il est possible qu'Emmanuel Macron poursuive dans "sa logique de maintenir les Américains engagés en Syrie, tout en cherchant 'une solution politique inclusive' et 'durable', pour reprendre ses termes, dans laquelle tous les grands acteurs régionaux et mondiaux seraient impliqués", a-t-il ajouté.

Concernant l'opération militaire menée conjointement par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni en Syrie, Julien Zarifian a affirmé que la décision d'Emmanuel Macron était motivée par deux objectifs : "le premier est de montrer une certaine fermeté à l'encontre du régime de Damas et, au-delà, que la France est fidèle à des principes et ne transigera (pas) sur la question des violences faites aux populations civiles. Le second est plus géopolitique et vise à montrer que la France demeure une grande puissance diplomatique et militaire et souhaite jouer un rôle actif dans le monde, et en particulier au Moyen-Orient".

"A mon avis ce n'est pas la relation avec les Etats-Unis de Trump qui est si primordiale ici, même si on sait que le président Macron souhaite garder des rapports très cordiaux avec Washington, et ne pas verser dans une forme de rejet des Etats-Unis en opposition aux excès de Donald Trump", a-t-il ajouté.

Interrogé sur l'indépendance diplomatique de la France, Julien Zarifian a déclaré que selon lui, l'idée centrale du président Macron était "que la France continue 'd'exister' sur la scène géopolitique et géoéconomique internationale, et en particulier sur certaines zones du globe et sur certaines thématiques ciblées, tout en imposant, autant que faire se peut, une 'touche' française aux relations internationales, mêlant principes et pragmatisme, concertation et fermeté, 'tradition' et modernité".

Le président français doit se rendre du 23 au 25 avril prochain aux Etats-Unis pour y rencontrer son homologue américain Donald Trump.