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Tchad : retour volontaire de 53 réfugiés soudanais au pays natal (REPORTAGE)

French.xinhuanet.com   2018-04-16 09:00:38      

N'DJAMENA, 15 avril (Xinhua) -- Une cinquantaine de réfugiés soudanais sont volontairement retournés samedi soir au Darfour, au terme de près d'une quinzaine d'années d' exil, sous l'égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Tchad.

Le camp de réfugiés d'Iridimi, à une quinzaine de kilomètres d'Iriba, le chef-lieu du département de Kobé dans la région du Wadi Fira, frontalière du Soudan, a vécu une journée particulière ce jour-là. Il s'est vidé de 53 de ses occupants qui ont manifesté leur désir de retourner vivre au Soudan, leur pays natal qu'ils avaient quitté pour la plupart en 2004, au plus fort de la guerre qui a décimé cette province occidentale frontalière du Tchad.

A 6h30, des agents du bureau local du HCR, de la Commission nationale pour la réinsertion des réfugiés et des rapatriés (CNARR) et des autres agences humanitaires sont arrivés d'Iriba. Les réfugiés ont été regroupés autour des deux autocars. Leur identité a été vérifiée et on leur a remis des certificats médicaux et de scolarité (pour les enfants scolarisés), ainsi que 6.000 francs CFA par personne (11 euros).

Une fois les bagages chargés, les réfugiés sont montés à bord, chacun muni d'une bouteille d'eau. Parmi eux, plus de femmes que d'hommes et en majorité des enfants, pour la plupart, nés dans ce camp, à l'instar des enfants de Sabir Mahamat Daoud, le désormais ex-secrétaire du comité de vigilance du camp. Ce quadragénaire, chef d'une famille forte d'une trentaine de membres, ne pouvait cacher son excitation de retrouver son village de Chérif Oumra, à une centaine de kilomètres à l'intérieur du Darfour.

A contrario, certains jeunes gens se sont montrés réticents à suivre leurs parents au Soudan. Manaze, 13 ans, s'était même enfuie pour aller se cacher, mais elle a été retrouvée et contrainte d'embarquer avec sa mère et ses quatre frères et sœurs. La jeune fille peinait à se séparer de ses douze copines habillées en abaya noire et coiffées d'un foulard blanc comme elle, qui l'ont accompagnée jusqu'au bus.

De guerre lasse, elle a fini par embarquer... avant de redescendre de l'autocar quelques minutes après, courir vers ses amies et se jeter dans leurs bras, inconsolable. D'intenses moments d'émotion partagés par les dizaines d'autres résidents du camp d'Iridimi venus dire au revoir à leurs compagnons d'infortune.

A 9h, le convoi s'est ébranlé vers Iriba. Devant le poste du Détachement pour la protection des humanitaires et des réfugiés (DPHR), à l'entrée de la ville, il a grossi avec de nouveaux véhicules des agences humanitaires, de gros camions transportant du bétail et de la paille appartenant aux réfugiés. Puis le long cortège s'est remis en marche vers le Soudan, à 65km de là.

A l'entrée de Tiné-Tchad, le sous-préfet est venu à sa rencontre. Escorté par des policiers, gendarmes et militaires, il a conduit le convoi jusqu'au ravin, sec à cette période de l'année, qui sert de frontière naturelle entre les deux villes jumelles de Tiné, entre le Tchad et le Soudan. Le convoi formé uniquement par les réfugiés, les humanitaires et les journalistes a traversé les quelques mètres de sable et sont entrés en territoire soudanais.

Ils ont été accueillis à Tiné-Soudan par une forte délégation conduite par Ahmat al-Djazouli, haut fonctionnaire du ministère soudanais de l'Intérieur et membre de la Coordination des réfugiés, Assadick Ibrahim, préfet de Tiné-Soudan, représentant le gouverneur de la province du Darfour, et Norito Yoshida, représentante résidente du HCR au Soudan. Acclamations et youyous ont salué leur arrivée. A travers les fenêtres métallisés des autocars, les nouveaux arrivés y ont répondu par le sourire.

Entre les dédales des ruines de cette ville, stigmates visibles des atrocités de la guerre du Darfour, les ex-réfugiés ont été aussitôt emmenés au centre d'accueil.

C'est la première fois que les enfants foulaient le sol du pays de leurs pères et mères. Les plus âgés, comme Khatre Bokhit Rabe, mère de 11 enfants dont sept nés à Iridimi, ont tenté d'écraser quelques larmes, des souvenirs enfouis depuis plus d'une dizaine d'années revenant en tête.

"Je travaille pour les Nations Unies depuis 25 ans, mais c'est toujours un jour unique de voir des gens rentrer chez eux", a déclaré Mme Yoshida, qui a remercié le gouvernement tchadien pour l'accueil accordé à ce groupe, ainsi qu'aux milliers d'autres réfugiés encore présents sur son territoire.

Le représentant adjoint du HCR au Tchad, Edward John O'Dwyer, s'est réjoui d'accueillir ce premier convoi de rapatriement volontaire historique. C'est "un très bon signe qui indique que les conditions de retour sont maintenant favorables au Darfour", a-t-il conclu.

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Tchad : retour volontaire de 53 réfugiés soudanais au pays natal (REPORTAGE)

Publié le 2018-04-16 à 09:00 | french.xinhuanet.com

N'DJAMENA, 15 avril (Xinhua) -- Une cinquantaine de réfugiés soudanais sont volontairement retournés samedi soir au Darfour, au terme de près d'une quinzaine d'années d' exil, sous l'égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Tchad.

Le camp de réfugiés d'Iridimi, à une quinzaine de kilomètres d'Iriba, le chef-lieu du département de Kobé dans la région du Wadi Fira, frontalière du Soudan, a vécu une journée particulière ce jour-là. Il s'est vidé de 53 de ses occupants qui ont manifesté leur désir de retourner vivre au Soudan, leur pays natal qu'ils avaient quitté pour la plupart en 2004, au plus fort de la guerre qui a décimé cette province occidentale frontalière du Tchad.

A 6h30, des agents du bureau local du HCR, de la Commission nationale pour la réinsertion des réfugiés et des rapatriés (CNARR) et des autres agences humanitaires sont arrivés d'Iriba. Les réfugiés ont été regroupés autour des deux autocars. Leur identité a été vérifiée et on leur a remis des certificats médicaux et de scolarité (pour les enfants scolarisés), ainsi que 6.000 francs CFA par personne (11 euros).

Une fois les bagages chargés, les réfugiés sont montés à bord, chacun muni d'une bouteille d'eau. Parmi eux, plus de femmes que d'hommes et en majorité des enfants, pour la plupart, nés dans ce camp, à l'instar des enfants de Sabir Mahamat Daoud, le désormais ex-secrétaire du comité de vigilance du camp. Ce quadragénaire, chef d'une famille forte d'une trentaine de membres, ne pouvait cacher son excitation de retrouver son village de Chérif Oumra, à une centaine de kilomètres à l'intérieur du Darfour.

A contrario, certains jeunes gens se sont montrés réticents à suivre leurs parents au Soudan. Manaze, 13 ans, s'était même enfuie pour aller se cacher, mais elle a été retrouvée et contrainte d'embarquer avec sa mère et ses quatre frères et sœurs. La jeune fille peinait à se séparer de ses douze copines habillées en abaya noire et coiffées d'un foulard blanc comme elle, qui l'ont accompagnée jusqu'au bus.

De guerre lasse, elle a fini par embarquer... avant de redescendre de l'autocar quelques minutes après, courir vers ses amies et se jeter dans leurs bras, inconsolable. D'intenses moments d'émotion partagés par les dizaines d'autres résidents du camp d'Iridimi venus dire au revoir à leurs compagnons d'infortune.

A 9h, le convoi s'est ébranlé vers Iriba. Devant le poste du Détachement pour la protection des humanitaires et des réfugiés (DPHR), à l'entrée de la ville, il a grossi avec de nouveaux véhicules des agences humanitaires, de gros camions transportant du bétail et de la paille appartenant aux réfugiés. Puis le long cortège s'est remis en marche vers le Soudan, à 65km de là.

A l'entrée de Tiné-Tchad, le sous-préfet est venu à sa rencontre. Escorté par des policiers, gendarmes et militaires, il a conduit le convoi jusqu'au ravin, sec à cette période de l'année, qui sert de frontière naturelle entre les deux villes jumelles de Tiné, entre le Tchad et le Soudan. Le convoi formé uniquement par les réfugiés, les humanitaires et les journalistes a traversé les quelques mètres de sable et sont entrés en territoire soudanais.

Ils ont été accueillis à Tiné-Soudan par une forte délégation conduite par Ahmat al-Djazouli, haut fonctionnaire du ministère soudanais de l'Intérieur et membre de la Coordination des réfugiés, Assadick Ibrahim, préfet de Tiné-Soudan, représentant le gouverneur de la province du Darfour, et Norito Yoshida, représentante résidente du HCR au Soudan. Acclamations et youyous ont salué leur arrivée. A travers les fenêtres métallisés des autocars, les nouveaux arrivés y ont répondu par le sourire.

Entre les dédales des ruines de cette ville, stigmates visibles des atrocités de la guerre du Darfour, les ex-réfugiés ont été aussitôt emmenés au centre d'accueil.

C'est la première fois que les enfants foulaient le sol du pays de leurs pères et mères. Les plus âgés, comme Khatre Bokhit Rabe, mère de 11 enfants dont sept nés à Iridimi, ont tenté d'écraser quelques larmes, des souvenirs enfouis depuis plus d'une dizaine d'années revenant en tête.

"Je travaille pour les Nations Unies depuis 25 ans, mais c'est toujours un jour unique de voir des gens rentrer chez eux", a déclaré Mme Yoshida, qui a remercié le gouvernement tchadien pour l'accueil accordé à ce groupe, ainsi qu'aux milliers d'autres réfugiés encore présents sur son territoire.

Le représentant adjoint du HCR au Tchad, Edward John O'Dwyer, s'est réjoui d'accueillir ce premier convoi de rapatriement volontaire historique. C'est "un très bon signe qui indique que les conditions de retour sont maintenant favorables au Darfour", a-t-il conclu.

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