(Crise syrienne) La décision de Macron d'intervenir en Syrie ne fait pas l'unanimité en France (PAPIER GENERAL)

Publié le 2018-04-14 à 22:00 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 14 avril (Xinhua) -- Le président français Emmanuel Macron a défendu samedi la participation de la France à l'opération militaire engagée dans la nuit aux côtés de Washington et de Londres contre "l'arsenal chimique" syrien, sept jours après l'attaque présumée de la ville syrienne de Douma. Une décision qui ne suscite pas l'unanimité au sein de la classe politique et de la population française.

"J'ai ordonné aux forces armées françaises d'intervenir cette nuit, dans le cadre d'une opération internationale menée en coalition avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni et dirigée contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien", a déclaré le président Macron, dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi.

"Notre réponse a été circonscrite aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques. Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques, qui est un danger immédiat pour le peuple syrien et pour notre sécurité collective. C'est le sens des initiatives constamment portées par la France au Conseil de sécurité des Nations Unies", ajoute le communiqué de l'Elysée.

Selon le ministère de la Défense et l'Elysée, trois cibles ont été frappées par les missiles français: le principal centre suspecté d'abriter les recherches sur des armes chimiques à Damas, et deux sites de stockage et de production situés près de Homs.

Plusieurs chasseurs Rafale, des Mirage 2000 ainsi que des missiles de croisière navals ont été utilisés dans l'opération, ont indiqué les autorités françaises. Quatre vaisseaux de guerre ont été déployés en Méditerranée.

Il s'agit des premières frappes françaises visant des installations du régime de Bachar al-Assad depuis le début du conflit en 2011 en Syrie, où la France est engagée militairement depuis 2015 contre l'organisation Etat islamique (EI).

Damas, soutenu par Moscou, son allié et soutien militaire, a démenti être à l'origine de l'attaque chimique du 7 avril à Douma qui aurait fait plus de 60 morts et de près de mille blessés.

En mai dernier, le chef de l'Etat français, fraîchement élu, avait fixé à l'issue d'un entretien avec Vladimir Poutine à Versailles ses "lignes rouges" en Syrie : l'accès à l'aide humanitaire et le recours aux armes chimiques, "par qui que ce soit" - évoquant une "riposte immédiate de la part des Français" si un tel recours était avéré.

Les frappes françaises ont été justifiées, au nom de la défense du droit international, par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, samedi matin.

Une courte vidéo diffusée dans la nuit sur le compte Twitter de l'Elysée montre le décollage de plusieurs avions de chasse Rafale depuis une base non identifiée, avec cette légende: "Décollage, cette nuit, des forces armées françaises qui interviennent contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien".

Nul doute qu'il sera longuement question de cette opération militaire lors de la seconde intervention médiatique de la semaine pour le président français, confronté dans son pays à une fronde sociale persistante et à l'érosion de sa popularité. M. Macron répondra à Mediapart, BFMTV et RMC dimanche. Son discours devant le Parlement européen, prévu mardi à Strasbourg, devrait également y faire longuement référence.

Un débat aura enfin lieu à l'Assemblée nationale en début de semaine, conformément à l'article 35 de la Constitution.

Depuis son élection en mai dernier, Emmanuel Macron a réitéré à mainte reprises que Paris riposterait en cas d'attaque chimique du régime syrien.

Dans son communiqué de samedi, le chef de l'Etat a indiqué qu'il poursuivrait "avec détermination dans les jours et les semaines à venir" les priorités de la France: "terminer la lutte contre Daech, permettre l'accès de l'aide humanitaire aux populations civiles, enclencher une dynamique collective pour parvenir à un règlement politique du conflit, afin que la Syrie retrouve enfin la paix, et veiller à la stabilité de la région".

En parallèle des réactions de la communauté internationale, de nombreux responsables politiques français se sont exprimés dès samedi matin. Leurs réactions sont divisées.

Le délégué général du parti de la majorité, Christophe Castaner, a salué des frappes "nécessaires et salvatrices pour le peuple syrien", estimant que "la France ne pouvait se tenir aveugle et muette face à cette barbarie".

L'ancien ministre de François Hollande, Manuel Valls, s'est félicité d'une réponse "forte et proportionnée" tandis que l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin a lui aussi apporté son soutien au gouvernement.

Le centriste Jean-Christophe Lagarde a de son côté estimé dans un communiqué que c'était "l'honneur de la France d'être à la hauteur du rôle singulier et historique qui est le sien".

De nombreuses et vives critiques ont par ailleurs été formulées. Le chef de file de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, a ainsi dénoncé sur Twitter "une aventure de revanche nord-américaine, une escalade irresponsable" tandis qu'à l'autre bout de l'échiquier politique, la présidente du Front national a jugé que "ces frappes contre la Syrie engageaient (la France) dans une voie aux conséquences imprévisibles et potentiellement dramatiques".

Le nouveau président du Parti socialiste, Olivier Faure, a pour sa part déclaré sur Facebook que "les attaques chimiques répétées du régime de Damas contre son peuple imposaient une réaction", ajoutant qu'"il était urgent que s'ouvrent de nouvelles discussions dans le cadre des Nations Unies".

La droite a elle aussi critiqué cette opération militaire en Syrie. Le secrétaire général adjoint des Républicains (LR), Julien Aubert a notamment considéré sur Twitter que "pour la première fois de son histoire, la France d'Emmanuel Macron n'était pas du côté du droit".

A l'été 2013, la France était déjà prête à intervenir après des informations faisant état de bombardements chimiques dans la Ghouta orientale, avant d'être contrainte de renoncer à la dernière minute en raison de la volte-face de l'Administration Obama.

french.xinhuanet.com

(Crise syrienne) La décision de Macron d'intervenir en Syrie ne fait pas l'unanimité en France (PAPIER GENERAL)

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PARIS, 14 avril (Xinhua) -- Le président français Emmanuel Macron a défendu samedi la participation de la France à l'opération militaire engagée dans la nuit aux côtés de Washington et de Londres contre "l'arsenal chimique" syrien, sept jours après l'attaque présumée de la ville syrienne de Douma. Une décision qui ne suscite pas l'unanimité au sein de la classe politique et de la population française.

"J'ai ordonné aux forces armées françaises d'intervenir cette nuit, dans le cadre d'une opération internationale menée en coalition avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni et dirigée contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien", a déclaré le président Macron, dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi.

"Notre réponse a été circonscrite aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques. Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques, qui est un danger immédiat pour le peuple syrien et pour notre sécurité collective. C'est le sens des initiatives constamment portées par la France au Conseil de sécurité des Nations Unies", ajoute le communiqué de l'Elysée.

Selon le ministère de la Défense et l'Elysée, trois cibles ont été frappées par les missiles français: le principal centre suspecté d'abriter les recherches sur des armes chimiques à Damas, et deux sites de stockage et de production situés près de Homs.

Plusieurs chasseurs Rafale, des Mirage 2000 ainsi que des missiles de croisière navals ont été utilisés dans l'opération, ont indiqué les autorités françaises. Quatre vaisseaux de guerre ont été déployés en Méditerranée.

Il s'agit des premières frappes françaises visant des installations du régime de Bachar al-Assad depuis le début du conflit en 2011 en Syrie, où la France est engagée militairement depuis 2015 contre l'organisation Etat islamique (EI).

Damas, soutenu par Moscou, son allié et soutien militaire, a démenti être à l'origine de l'attaque chimique du 7 avril à Douma qui aurait fait plus de 60 morts et de près de mille blessés.

En mai dernier, le chef de l'Etat français, fraîchement élu, avait fixé à l'issue d'un entretien avec Vladimir Poutine à Versailles ses "lignes rouges" en Syrie : l'accès à l'aide humanitaire et le recours aux armes chimiques, "par qui que ce soit" - évoquant une "riposte immédiate de la part des Français" si un tel recours était avéré.

Les frappes françaises ont été justifiées, au nom de la défense du droit international, par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, samedi matin.

Une courte vidéo diffusée dans la nuit sur le compte Twitter de l'Elysée montre le décollage de plusieurs avions de chasse Rafale depuis une base non identifiée, avec cette légende: "Décollage, cette nuit, des forces armées françaises qui interviennent contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien".

Nul doute qu'il sera longuement question de cette opération militaire lors de la seconde intervention médiatique de la semaine pour le président français, confronté dans son pays à une fronde sociale persistante et à l'érosion de sa popularité. M. Macron répondra à Mediapart, BFMTV et RMC dimanche. Son discours devant le Parlement européen, prévu mardi à Strasbourg, devrait également y faire longuement référence.

Un débat aura enfin lieu à l'Assemblée nationale en début de semaine, conformément à l'article 35 de la Constitution.

Depuis son élection en mai dernier, Emmanuel Macron a réitéré à mainte reprises que Paris riposterait en cas d'attaque chimique du régime syrien.

Dans son communiqué de samedi, le chef de l'Etat a indiqué qu'il poursuivrait "avec détermination dans les jours et les semaines à venir" les priorités de la France: "terminer la lutte contre Daech, permettre l'accès de l'aide humanitaire aux populations civiles, enclencher une dynamique collective pour parvenir à un règlement politique du conflit, afin que la Syrie retrouve enfin la paix, et veiller à la stabilité de la région".

En parallèle des réactions de la communauté internationale, de nombreux responsables politiques français se sont exprimés dès samedi matin. Leurs réactions sont divisées.

Le délégué général du parti de la majorité, Christophe Castaner, a salué des frappes "nécessaires et salvatrices pour le peuple syrien", estimant que "la France ne pouvait se tenir aveugle et muette face à cette barbarie".

L'ancien ministre de François Hollande, Manuel Valls, s'est félicité d'une réponse "forte et proportionnée" tandis que l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin a lui aussi apporté son soutien au gouvernement.

Le centriste Jean-Christophe Lagarde a de son côté estimé dans un communiqué que c'était "l'honneur de la France d'être à la hauteur du rôle singulier et historique qui est le sien".

De nombreuses et vives critiques ont par ailleurs été formulées. Le chef de file de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, a ainsi dénoncé sur Twitter "une aventure de revanche nord-américaine, une escalade irresponsable" tandis qu'à l'autre bout de l'échiquier politique, la présidente du Front national a jugé que "ces frappes contre la Syrie engageaient (la France) dans une voie aux conséquences imprévisibles et potentiellement dramatiques".

Le nouveau président du Parti socialiste, Olivier Faure, a pour sa part déclaré sur Facebook que "les attaques chimiques répétées du régime de Damas contre son peuple imposaient une réaction", ajoutant qu'"il était urgent que s'ouvrent de nouvelles discussions dans le cadre des Nations Unies".

La droite a elle aussi critiqué cette opération militaire en Syrie. Le secrétaire général adjoint des Républicains (LR), Julien Aubert a notamment considéré sur Twitter que "pour la première fois de son histoire, la France d'Emmanuel Macron n'était pas du côté du droit".

A l'été 2013, la France était déjà prête à intervenir après des informations faisant état de bombardements chimiques dans la Ghouta orientale, avant d'être contrainte de renoncer à la dernière minute en raison de la volte-face de l'Administration Obama.

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