France/Front social : la crainte d'une "coagulation" des luttes (SYNTHESE)

Publié le 2018-04-12 à 21:00 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 12 avril (Xinhua) -- Des cheminots aux fonctionnaires en passant par les retraités, les étudiants ou encore le personnel de justice, la fronde sociale contre les réformes du gouvernement prend de l'ampleur en France et fait désormais craindre une "coagulation" des luttes.

La grogne sociale se fait de plus en plus pressante, notamment avec la multiplication des manifestations ou grèves, à quelques jours d'intervalle dans plusieurs secteurs d'activité. Mercredi 11 avril, c'était autour des professionnels de la justice de manifester pour la troisième fois contre le projet de réforme de la justice engagé par le gouvernement.

Avocats, huissiers, greffiers ou encore magistrats ont défilé à Paris pour contester cette réforme, notamment celle relative à la suppression des tribunaux d'instance. "Cette réforme va mettre les justiciables et les usagers à la porte des tribunaux. Car si on supprime les tribunaux d'instance, avec la facture numérique, ils ne pourront plus accéder aux greffiers, aux magistrats", a dénoncé Claude Gigoi, greffière.

La veille, le mardi 10 avril, ce sont les organisations étudiantes qui ont à nouveau manifesté contre la réforme de l'accès à l'université, qui prévoit des "attendus" pour chaque filière. Des mesures qualifiées par les étudiants de "sélection déguisée" qui modifient les conditions d'admission dans les universités en France.

Plusieurs facultés sont bloquées en France par les étudiants. C'est le cas du site Tolbiac de Paris 1, occupé depuis le 26 mars par les étudiants, et dont le président Georges Haddad a demandé mercredi l'intervention des forces de l'ordre pour "rétablir le fonctionnement habituel du centre".

Le lundi 9 avril, les cheminots ont bouclé leur quatrième jour de grève perlée contre la réforme ferroviaire, qui a une nouvelle fois perturbé le trafic sur l'ensemble du réseau SNCF. La troisième étape de cette grève de deux jours sur cinq, étalée sur trois mois, débute ce jeudi soir.

Les fonctionnaires ont également annoncé mardi une nouvelle journée de grève et de manifestation le 22 mai prochain, soit deux mois après la forte mobilisation du jeudi 22 mars dernier sur l'ensemble du territoire contre la réforme de la fonction publique.

A ces mouvements de contestation contre les réformes engagées par le gouvernement s'ajoutent la grève des employés d'Air France, qui perturbe depuis le mois de février le secteur des transports aériens, ou encore les affrontements violents entre les forces de l'ordre et les occupants du site de Notre-Dame-des-Landes, qui s'opposent à leur expulsion des lieux.

Le risque de jonction de ces mécontentements pèse même si les autorités font semblant de l'ignorer, rappelant leur détermination à aller au bout de la réforme et à faire respecter la loi.

"Il y a une grève à la SNCF qui est très dure, une grève à Air France qui va s'amplifier. Il y a des mouvements dans le secteur hospitalier, les étudiants... La crainte du gouvernement et d'Emmanuel Macron, c'est que, au-delà de ce qu'il se passe dans tel ou tel secteur, il y a quelque chose qui pourrait fédérer" ces différents mouvements, analyse sur France Info l'adjoint au directeur de la rédaction de l'Obs, Matthieu Aron.

Cette crainte d'une coagulation des luttes est lisible dans les propos de certains responsables de la majorité, qui invitent les autorités à expliquer davantage le projet de réforme, en réponse aux politiques et syndicalistes qui ont appelé publiquement à une agrégation des luttes, pour contraindre le gouvernement à renoncer à sa politique de réforme.

C'est le cas du président du MODEM, François Bayrou qui a indiqué dimanche dernier sur BFMTV à propos des réformes du gouvernement "qu'il y a des inquiétudes, car le projet social n'a pas été expliqué". Pour le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "il n'y a pas de crainte d'agrégation des luttes", mais "il faut faire attention à tout, notamment à ce qui se passe dans les universités, répondre aux préoccupations".

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a également formulé le même souhait d'expliquer davantage les réformes : "Certains souhaitent faire coaguler tous ces mécontentements. Si nous prenons le temps d'expliquer nos objectifs, cela ne prendra pas", a-t-elle estimé dans une interview au JDD.

Ces appels semblent avoir été entendus. Le président Emmanuel Macron, qui n'a jusque là pas réagi malgré la multiplication des mouvements sociaux, a décidé d'intervenir dans les médias jeudi et dimanche prochain.

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France/Front social : la crainte d'une "coagulation" des luttes (SYNTHESE)

Publié le 2018-04-12 à 21:00 | french.xinhuanet.com

PARIS, 12 avril (Xinhua) -- Des cheminots aux fonctionnaires en passant par les retraités, les étudiants ou encore le personnel de justice, la fronde sociale contre les réformes du gouvernement prend de l'ampleur en France et fait désormais craindre une "coagulation" des luttes.

La grogne sociale se fait de plus en plus pressante, notamment avec la multiplication des manifestations ou grèves, à quelques jours d'intervalle dans plusieurs secteurs d'activité. Mercredi 11 avril, c'était autour des professionnels de la justice de manifester pour la troisième fois contre le projet de réforme de la justice engagé par le gouvernement.

Avocats, huissiers, greffiers ou encore magistrats ont défilé à Paris pour contester cette réforme, notamment celle relative à la suppression des tribunaux d'instance. "Cette réforme va mettre les justiciables et les usagers à la porte des tribunaux. Car si on supprime les tribunaux d'instance, avec la facture numérique, ils ne pourront plus accéder aux greffiers, aux magistrats", a dénoncé Claude Gigoi, greffière.

La veille, le mardi 10 avril, ce sont les organisations étudiantes qui ont à nouveau manifesté contre la réforme de l'accès à l'université, qui prévoit des "attendus" pour chaque filière. Des mesures qualifiées par les étudiants de "sélection déguisée" qui modifient les conditions d'admission dans les universités en France.

Plusieurs facultés sont bloquées en France par les étudiants. C'est le cas du site Tolbiac de Paris 1, occupé depuis le 26 mars par les étudiants, et dont le président Georges Haddad a demandé mercredi l'intervention des forces de l'ordre pour "rétablir le fonctionnement habituel du centre".

Le lundi 9 avril, les cheminots ont bouclé leur quatrième jour de grève perlée contre la réforme ferroviaire, qui a une nouvelle fois perturbé le trafic sur l'ensemble du réseau SNCF. La troisième étape de cette grève de deux jours sur cinq, étalée sur trois mois, débute ce jeudi soir.

Les fonctionnaires ont également annoncé mardi une nouvelle journée de grève et de manifestation le 22 mai prochain, soit deux mois après la forte mobilisation du jeudi 22 mars dernier sur l'ensemble du territoire contre la réforme de la fonction publique.

A ces mouvements de contestation contre les réformes engagées par le gouvernement s'ajoutent la grève des employés d'Air France, qui perturbe depuis le mois de février le secteur des transports aériens, ou encore les affrontements violents entre les forces de l'ordre et les occupants du site de Notre-Dame-des-Landes, qui s'opposent à leur expulsion des lieux.

Le risque de jonction de ces mécontentements pèse même si les autorités font semblant de l'ignorer, rappelant leur détermination à aller au bout de la réforme et à faire respecter la loi.

"Il y a une grève à la SNCF qui est très dure, une grève à Air France qui va s'amplifier. Il y a des mouvements dans le secteur hospitalier, les étudiants... La crainte du gouvernement et d'Emmanuel Macron, c'est que, au-delà de ce qu'il se passe dans tel ou tel secteur, il y a quelque chose qui pourrait fédérer" ces différents mouvements, analyse sur France Info l'adjoint au directeur de la rédaction de l'Obs, Matthieu Aron.

Cette crainte d'une coagulation des luttes est lisible dans les propos de certains responsables de la majorité, qui invitent les autorités à expliquer davantage le projet de réforme, en réponse aux politiques et syndicalistes qui ont appelé publiquement à une agrégation des luttes, pour contraindre le gouvernement à renoncer à sa politique de réforme.

C'est le cas du président du MODEM, François Bayrou qui a indiqué dimanche dernier sur BFMTV à propos des réformes du gouvernement "qu'il y a des inquiétudes, car le projet social n'a pas été expliqué". Pour le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "il n'y a pas de crainte d'agrégation des luttes", mais "il faut faire attention à tout, notamment à ce qui se passe dans les universités, répondre aux préoccupations".

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a également formulé le même souhait d'expliquer davantage les réformes : "Certains souhaitent faire coaguler tous ces mécontentements. Si nous prenons le temps d'expliquer nos objectifs, cela ne prendra pas", a-t-elle estimé dans une interview au JDD.

Ces appels semblent avoir été entendus. Le président Emmanuel Macron, qui n'a jusque là pas réagi malgré la multiplication des mouvements sociaux, a décidé d'intervenir dans les médias jeudi et dimanche prochain.

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