France/SNCF: Après un début de grève suivi, le bras de fer s'installe entre les syndicats et l'exécutif (SYNTHESE)

Publié le 2018-04-05 à 22:40 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 5 avril (Xinhua) -- Au lendemain du premier épisode de grève de deux jours sur cinq annoncée jusqu'au 28 juin contre la réforme de la SNCF, la concertation devait reprendre jeudi entre les syndicats de cheminots et le gouvernement, notamment sur la question de la dette de l'entreprise publique, l'ouverture à la concurrence, ainsi que l'organisation de la société et son statut juridique.

Le bilan du début de la grève perlée est un succès pour les syndicats. Mardi et mercredi, seul un TGV sur sept ou huit a circulé, et un train local sur cinq. Cela n'était pas arrivé depuis les grandes grèves de 1995 contre le "plan Juppé" sur les retraites.

Environ un tiers des cheminots a participé à ces premières journées d'action. La mobilisation syndicale s'est révélée particulièrement forte parmi les personnels indispensables à la circulation des trains: les conducteurs (77% mardi et 74% mercredi), les contrôleurs (respectivement 69% et 77%) et les aiguilleurs (39 % contre 46 % ) selon les chiffres fournis par la SNCF. Près d'un cadre sur cinq (une catégorie pourtant traditionnellement peu impliquée) a rejoint le mouvement.

Le Premier ministre Édouard Philippe a annulé son voyage diplomatique prévu de vendredi à dimanche au Mali "compte tenu de l'actualité en France". Invité de France Inter jeudi matin, il s'est déclaré "ouvert" à la reprise d'une partie de la dette de la SNCF par l'État, mais avec "en contrepartie" des "engagements extrêmement clairs, extrêmement fermes, et qui transforment le fonctionnement opérationnel de l'entreprise".

"Je ne veux pas prendre un engagement alors même qu'à ce stade, rien n'a changé dans le fonctionnement de la SNCF (...). Je ne veux pas dire aux Français qu'(ils) vont payer cette dette et la reprendre alors qu'ils n'ont aucun élément leur permettant de penser qu'à l'avenir, on ne va pas tomber dans 3 milliards (d'euros) de déficit" supplémentaire chaque année, a déclaré le chef de l'exécutif.

Le président Macron a de son côté demandé aux ministres de "continuer à expliquer calmement et posément" cette réforme et à "ne jamais stigmatiser personne".

La reprise de la grève est prévue dès samedi 20h, pour deux jours à nouveau, jusqu'à mardi 7h55.

La concertation devait reprendre jeudi dans l'après-midi au ministère des Transports avec les quatre fédérations de syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, Sud, CFDT) ainsi que FO. Au menu des discussions: la question de la dette de la SNCF, qui dépasse les 50 milliards d'euros et coûte un milliard par an, l'ouverture à la concurrence, le financement du ferroviaire, ainsi que l'organisation de la SNCF et son statut juridique. Vendredi, une autre réunion abordera les droits sociaux des cheminots.

Le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire, qui prévoit un recours aux ordonnances sur certains points, sera discuté à l'Assemblée nationale en séance publique à partir du 9 avril, avant un vote prévu le 17 avril. Les premiers amendements, dont celui ouvrant progressivement le secteur à la concurrence, ont été adoptés mardi soir et mercredi matin en commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire.

La CGT, qui a publié le mois dernier son propre rapport sur l'avenir du rail, accuse le gouvernement et la direction de la SNCF d'"enfumage" et de "désinformation" pour "masquer les enjeux véritables de la réforme ferroviaire en cours". Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, l'ancien numéro un de la CGT, Bernard Thibault, estime que le gouvernement se trompe de cible en voulant modifier le statut de la SNCF en société anonyme. "Accuser les cheminots d'être responsables du désastre des politiques publiques est un comble" alors qu'au contraire, leur mobilisation "porte l'intérêt général", écrit-il.

Côté soutien financier aux grévistes, la "cagnotte" lancée le 23 mars par une trentaine d'écrivains, réalisateurs ou encore universitaires avait presqu'atteint jeudi la barre des 300.000 euros.

La bataille de l'opinion est lancée. Gouvernement et syndicats mènent un combat de communication dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pour le moment, Emmanuel Macron se garde bien d'apparaître en première ligne dans ce conflit social.

L'Exécutif commence à s'inquiéter d'un risque de "coagulation" des foyers de mécontentements qui se développent dans l'Hexagone, tandis que les contestataires appellent à la "convergence des luttes".

Le député de la gauche radicale François Ruffin a proposé mercredi l'organisation d'"une grande manifestation nationale commune le samedi 5 mai", lors d'une "assemblée générale" publique en présence de plusieurs centaine de personnes, dont des cheminots, des étudiants et des travailleurs médicaux en grève.

french.xinhuanet.com

France/SNCF: Après un début de grève suivi, le bras de fer s'installe entre les syndicats et l'exécutif (SYNTHESE)

Publié le 2018-04-05 à 22:40 | french.xinhuanet.com

PARIS, 5 avril (Xinhua) -- Au lendemain du premier épisode de grève de deux jours sur cinq annoncée jusqu'au 28 juin contre la réforme de la SNCF, la concertation devait reprendre jeudi entre les syndicats de cheminots et le gouvernement, notamment sur la question de la dette de l'entreprise publique, l'ouverture à la concurrence, ainsi que l'organisation de la société et son statut juridique.

Le bilan du début de la grève perlée est un succès pour les syndicats. Mardi et mercredi, seul un TGV sur sept ou huit a circulé, et un train local sur cinq. Cela n'était pas arrivé depuis les grandes grèves de 1995 contre le "plan Juppé" sur les retraites.

Environ un tiers des cheminots a participé à ces premières journées d'action. La mobilisation syndicale s'est révélée particulièrement forte parmi les personnels indispensables à la circulation des trains: les conducteurs (77% mardi et 74% mercredi), les contrôleurs (respectivement 69% et 77%) et les aiguilleurs (39 % contre 46 % ) selon les chiffres fournis par la SNCF. Près d'un cadre sur cinq (une catégorie pourtant traditionnellement peu impliquée) a rejoint le mouvement.

Le Premier ministre Édouard Philippe a annulé son voyage diplomatique prévu de vendredi à dimanche au Mali "compte tenu de l'actualité en France". Invité de France Inter jeudi matin, il s'est déclaré "ouvert" à la reprise d'une partie de la dette de la SNCF par l'État, mais avec "en contrepartie" des "engagements extrêmement clairs, extrêmement fermes, et qui transforment le fonctionnement opérationnel de l'entreprise".

"Je ne veux pas prendre un engagement alors même qu'à ce stade, rien n'a changé dans le fonctionnement de la SNCF (...). Je ne veux pas dire aux Français qu'(ils) vont payer cette dette et la reprendre alors qu'ils n'ont aucun élément leur permettant de penser qu'à l'avenir, on ne va pas tomber dans 3 milliards (d'euros) de déficit" supplémentaire chaque année, a déclaré le chef de l'exécutif.

Le président Macron a de son côté demandé aux ministres de "continuer à expliquer calmement et posément" cette réforme et à "ne jamais stigmatiser personne".

La reprise de la grève est prévue dès samedi 20h, pour deux jours à nouveau, jusqu'à mardi 7h55.

La concertation devait reprendre jeudi dans l'après-midi au ministère des Transports avec les quatre fédérations de syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, Sud, CFDT) ainsi que FO. Au menu des discussions: la question de la dette de la SNCF, qui dépasse les 50 milliards d'euros et coûte un milliard par an, l'ouverture à la concurrence, le financement du ferroviaire, ainsi que l'organisation de la SNCF et son statut juridique. Vendredi, une autre réunion abordera les droits sociaux des cheminots.

Le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire, qui prévoit un recours aux ordonnances sur certains points, sera discuté à l'Assemblée nationale en séance publique à partir du 9 avril, avant un vote prévu le 17 avril. Les premiers amendements, dont celui ouvrant progressivement le secteur à la concurrence, ont été adoptés mardi soir et mercredi matin en commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire.

La CGT, qui a publié le mois dernier son propre rapport sur l'avenir du rail, accuse le gouvernement et la direction de la SNCF d'"enfumage" et de "désinformation" pour "masquer les enjeux véritables de la réforme ferroviaire en cours". Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, l'ancien numéro un de la CGT, Bernard Thibault, estime que le gouvernement se trompe de cible en voulant modifier le statut de la SNCF en société anonyme. "Accuser les cheminots d'être responsables du désastre des politiques publiques est un comble" alors qu'au contraire, leur mobilisation "porte l'intérêt général", écrit-il.

Côté soutien financier aux grévistes, la "cagnotte" lancée le 23 mars par une trentaine d'écrivains, réalisateurs ou encore universitaires avait presqu'atteint jeudi la barre des 300.000 euros.

La bataille de l'opinion est lancée. Gouvernement et syndicats mènent un combat de communication dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pour le moment, Emmanuel Macron se garde bien d'apparaître en première ligne dans ce conflit social.

L'Exécutif commence à s'inquiéter d'un risque de "coagulation" des foyers de mécontentements qui se développent dans l'Hexagone, tandis que les contestataires appellent à la "convergence des luttes".

Le député de la gauche radicale François Ruffin a proposé mercredi l'organisation d'"une grande manifestation nationale commune le samedi 5 mai", lors d'une "assemblée générale" publique en présence de plusieurs centaine de personnes, dont des cheminots, des étudiants et des travailleurs médicaux en grève.

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