Francophonie: Le président français appelle à "redoubler d'ambition" (PAPIER GENERAL)

Publié le 2018-03-21 à 03:04 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 20 mars (Xinhua) -- A l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie, le président français Emmanuel Macron a détaillé, mardi, lors d'un long discours devant les membres de l'Académie française et quelque 300 jeunes sa "stratégie" pour promouvoir le français afin de le faire passer de la cinquième à la troisième place des langues les plus parlées dans le monde.

"Ce qu'on appelle francophonie aujourd'hui, ce n'est pas cet espace incertain à la périphérie de la France, laquelle en serait le centre, c'est la langue française elle-même", a déclaré, mardi, le président Macron, à l'Institut de France, à Paris, devant les membres de l'Académie française et quelque 300 jeunes réunis à l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie.

Dans un discours de plus d'une heure aux accents parfois lyriques et truffé de références littéraires, le chef de l'Etat français a plaidé en faveur d'"une vision nouvelle, décomplexée, de la francophonie et du multilinguisme".

"La France doit aujourd'hui s'enorgueillir d'être un pays parmi d'autres, qui apprend, parle et écrit en français. C'est ce décentrement qu'il nous faut penser. Le français s'est émancipé de la France, il est devenu cette langue monde, cette langue archipel", a-t-il dit.

"Nous sommes résolus à accomplir un acte de confiance envers notre langue, la francophonie est une sphère dont la France n'est qu'une partie, agissante et volontaire, mais consciente de ne pas porter seule l'avenir du français", a insisté Emmanuel Macron qui place la défense du français au cœur de son quinquennat.

En novembre dernier, dans son discours "à la jeunesse africaine" à Ouagadougou, au Burkina Faso, le président français avait déjà lancé "le défi" de faire du français "la première langue de l'Afrique". En raison du dynamisme démographique de l'Afrique, la francophonie est l'espace linguistique à la plus forte croissance: +143 % prévu entre 2015 et 2065 (+62% pour l'anglais), selon l'ONU.

"Une nouvelle génération militante, de héros ambitieux, doit se lever: les professeurs de langue française. Le professeur de français forge la mémoire, l'esprit. La grammaire et la littérature sont le terreau fertile où l'esprit s'enracine", a lancé M. Macron.

Le français est actuellement la cinquième langue parlée dans le monde après le mandarin, l'anglais, l'espagnol et, suivant les estimations, l'arabe ou l'hindi, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). D'ici à 2065, un milliard de personnes devrait parler français, soit cinq fois plus qu'en 1960.

"Apprendre le français, c'est d'abord l'apprendre en France. Il faut regarder nos propres imperfections, nos propres reculs. Dès le début du quinquennat, nous avons décidé qu'il fallait rouvrir certaines classes, réduire le nombre d'élèves dans des endroits où le français avait reculé", a relevé M. Macron, rappelant qu'un enfant sur cinq arrivé en fin de primaire ne maîtrise pas le français.

Le chef de l'Etat français a évoqué l'ouverture des bibliothèques, "lieu névralgique de la formation personnelle", "combat pour l'émancipation". Concernant les aides à l'apprentissage du français à destination des réfugiés, il a indiqué que les heures qui y sont allouées seront portées de 250 heures actuellement par personne à 400 heures.

Un "nouvel élan" sera donné aux lycées français à l'étranger, qui concernent actuellement 350 000 élèves, a-t-il indiqué. "La France devra accroître le nombre d'étudiants étrangers sur son territoire, le nombreux de ceux qui viennent de pays émergent devra doubler. Les étudiant indiens, russes, chinois seront plus nombreux", a-t-il ajouté.

"La langue française est souvent bousculée par d'autres langues qui visent à l'hégémonie, elle a d'ailleurs reculé ces dernières décennies, parce que nous l'avons parfois abandonné, nous avons décidé d'arrêter d'investir", a poursuivi M. Macron, appelant à "redoubler d'ambition" et à "faire du français une langue majeure d'échange, de communication, non hégémonique".

"Nous encouragerons les universités du monde francophone à développer des cours en ligne numériques. Nous mettrons en place le premier incubateur dédié à l'apprentissage de la langue", a annoncé le président français qui a également insisté sur "le combat médiatique". "La France peut s'appuyer sur France Medias Monde, qui touche 135 millions de personnes. Nous devons parvenir à 250 millions", a-t-il dit.

"A Davos je me suis exprimé en anglais, puis en français. S'exprimer en anglais, c'est d'abord utile et cela montre que le français se construit dans ce plurilinguisme. Mais il faut aussi ramener ceux qui parlent anglais à la langue française. Il y a une francophonie économique qu'il nous faut ré-embrasser, dont il faut retrouver la vigueur", a-t-il poursuivi.

"L'anglais n'a jamais été aussi présent à Bruxelles au moment où nous parlons de Brexit", a-t-il ajouté, plaidant pour un renforcement de la formation linguistique dans les instances européennes.

"Le français doit devenir la langue qui crée le monde de demain. Le français est une langue où se forge le vaste monde. Dans un monde où la principale menace est l'uniformité, la langue française est d'une abondance de sens incomparable", a encore dit le président français.

"L'institut français sera renforcé dans son rôle d'opérateur de la diffusion du français dans le monde. Je souhaite qu'il y ait dix ouvertures par an d'alliances françaises à partir de 2019. Nous en avons rouvert une récemment en Tunisie, je m'en félicite. Je souhaite que les crédits alloués à ces institutions soient sanctuarisés", a-t-il poursuivi.

M. Macron a aussi évoqué la future "cité de la francophonie" qu'il souhaite voir s'installer dans le château de Villers-Cotterêts, ville natale de l'écrivain Alexandre Dumas, où François Ier a signé, en 1539, l'Ordonnance considérée comme l'acte fondateur de la primauté et de l'exclusivité de la langue française.

"Le français est une langue d'émotion, de combat, une langue d'exil, de blessures. Cette langue qui nous a été donné c'est la langue que j'aime. Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai éprouvé des sentiments en les lisant, peut-être avant de les dire", a-t-il dit. Avant de conclure: "Le français ne sera jamais une langue hégémonique, car c'est une langue de combat. Le français continuera à être une langue de traduction et d'étymologie. On aura beau écrire des dictionnaires, il faudra les refaire".

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Francophonie: Le président français appelle à "redoubler d'ambition" (PAPIER GENERAL)

Publié le 2018-03-21 à 03:04 | french.xinhuanet.com

PARIS, 20 mars (Xinhua) -- A l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie, le président français Emmanuel Macron a détaillé, mardi, lors d'un long discours devant les membres de l'Académie française et quelque 300 jeunes sa "stratégie" pour promouvoir le français afin de le faire passer de la cinquième à la troisième place des langues les plus parlées dans le monde.

"Ce qu'on appelle francophonie aujourd'hui, ce n'est pas cet espace incertain à la périphérie de la France, laquelle en serait le centre, c'est la langue française elle-même", a déclaré, mardi, le président Macron, à l'Institut de France, à Paris, devant les membres de l'Académie française et quelque 300 jeunes réunis à l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie.

Dans un discours de plus d'une heure aux accents parfois lyriques et truffé de références littéraires, le chef de l'Etat français a plaidé en faveur d'"une vision nouvelle, décomplexée, de la francophonie et du multilinguisme".

"La France doit aujourd'hui s'enorgueillir d'être un pays parmi d'autres, qui apprend, parle et écrit en français. C'est ce décentrement qu'il nous faut penser. Le français s'est émancipé de la France, il est devenu cette langue monde, cette langue archipel", a-t-il dit.

"Nous sommes résolus à accomplir un acte de confiance envers notre langue, la francophonie est une sphère dont la France n'est qu'une partie, agissante et volontaire, mais consciente de ne pas porter seule l'avenir du français", a insisté Emmanuel Macron qui place la défense du français au cœur de son quinquennat.

En novembre dernier, dans son discours "à la jeunesse africaine" à Ouagadougou, au Burkina Faso, le président français avait déjà lancé "le défi" de faire du français "la première langue de l'Afrique". En raison du dynamisme démographique de l'Afrique, la francophonie est l'espace linguistique à la plus forte croissance: +143 % prévu entre 2015 et 2065 (+62% pour l'anglais), selon l'ONU.

"Une nouvelle génération militante, de héros ambitieux, doit se lever: les professeurs de langue française. Le professeur de français forge la mémoire, l'esprit. La grammaire et la littérature sont le terreau fertile où l'esprit s'enracine", a lancé M. Macron.

Le français est actuellement la cinquième langue parlée dans le monde après le mandarin, l'anglais, l'espagnol et, suivant les estimations, l'arabe ou l'hindi, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). D'ici à 2065, un milliard de personnes devrait parler français, soit cinq fois plus qu'en 1960.

"Apprendre le français, c'est d'abord l'apprendre en France. Il faut regarder nos propres imperfections, nos propres reculs. Dès le début du quinquennat, nous avons décidé qu'il fallait rouvrir certaines classes, réduire le nombre d'élèves dans des endroits où le français avait reculé", a relevé M. Macron, rappelant qu'un enfant sur cinq arrivé en fin de primaire ne maîtrise pas le français.

Le chef de l'Etat français a évoqué l'ouverture des bibliothèques, "lieu névralgique de la formation personnelle", "combat pour l'émancipation". Concernant les aides à l'apprentissage du français à destination des réfugiés, il a indiqué que les heures qui y sont allouées seront portées de 250 heures actuellement par personne à 400 heures.

Un "nouvel élan" sera donné aux lycées français à l'étranger, qui concernent actuellement 350 000 élèves, a-t-il indiqué. "La France devra accroître le nombre d'étudiants étrangers sur son territoire, le nombreux de ceux qui viennent de pays émergent devra doubler. Les étudiant indiens, russes, chinois seront plus nombreux", a-t-il ajouté.

"La langue française est souvent bousculée par d'autres langues qui visent à l'hégémonie, elle a d'ailleurs reculé ces dernières décennies, parce que nous l'avons parfois abandonné, nous avons décidé d'arrêter d'investir", a poursuivi M. Macron, appelant à "redoubler d'ambition" et à "faire du français une langue majeure d'échange, de communication, non hégémonique".

"Nous encouragerons les universités du monde francophone à développer des cours en ligne numériques. Nous mettrons en place le premier incubateur dédié à l'apprentissage de la langue", a annoncé le président français qui a également insisté sur "le combat médiatique". "La France peut s'appuyer sur France Medias Monde, qui touche 135 millions de personnes. Nous devons parvenir à 250 millions", a-t-il dit.

"A Davos je me suis exprimé en anglais, puis en français. S'exprimer en anglais, c'est d'abord utile et cela montre que le français se construit dans ce plurilinguisme. Mais il faut aussi ramener ceux qui parlent anglais à la langue française. Il y a une francophonie économique qu'il nous faut ré-embrasser, dont il faut retrouver la vigueur", a-t-il poursuivi.

"L'anglais n'a jamais été aussi présent à Bruxelles au moment où nous parlons de Brexit", a-t-il ajouté, plaidant pour un renforcement de la formation linguistique dans les instances européennes.

"Le français doit devenir la langue qui crée le monde de demain. Le français est une langue où se forge le vaste monde. Dans un monde où la principale menace est l'uniformité, la langue française est d'une abondance de sens incomparable", a encore dit le président français.

"L'institut français sera renforcé dans son rôle d'opérateur de la diffusion du français dans le monde. Je souhaite qu'il y ait dix ouvertures par an d'alliances françaises à partir de 2019. Nous en avons rouvert une récemment en Tunisie, je m'en félicite. Je souhaite que les crédits alloués à ces institutions soient sanctuarisés", a-t-il poursuivi.

M. Macron a aussi évoqué la future "cité de la francophonie" qu'il souhaite voir s'installer dans le château de Villers-Cotterêts, ville natale de l'écrivain Alexandre Dumas, où François Ier a signé, en 1539, l'Ordonnance considérée comme l'acte fondateur de la primauté et de l'exclusivité de la langue française.

"Le français est une langue d'émotion, de combat, une langue d'exil, de blessures. Cette langue qui nous a été donné c'est la langue que j'aime. Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai éprouvé des sentiments en les lisant, peut-être avant de les dire", a-t-il dit. Avant de conclure: "Le français ne sera jamais une langue hégémonique, car c'est une langue de combat. Le français continuera à être une langue de traduction et d'étymologie. On aura beau écrire des dictionnaires, il faudra les refaire".

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