France: sur le dossier Corse, le président Macron ne bougera pas davantage (INTERVIEW)

Publié le 2018-02-08 à 21:55 | french.xinhuanet.com

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PARIS, 8 février (Xinhua) -- L'universitaire Antoine Franzini, spécialiste de la Corse, relève que les annonces faites par le président français Emmanuel Macron sur l'Ile de beauté ne répondent pas aux attentes des dirigeants insulaires, mais il estime dans un entretien à Xinhua que le chef de l'Etat "ne bougera pas davantage".

M. Macron s'est ainsi dit mercredi favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution et à un travail sur la refonte de son article 72 sur l'organisation des collectivités, dans le cadre de la révision qu'il appelle de ses voeux. Il a également proposé aux dirigeants corses de lui faire des propositions visant à aller plus loin, en précisant qu'il faudrait "procéder à cette analyse dans le mois qui s'ouvre".

"L'inscription de la Corse dans la Constitution ne change pas forcément grand chose, mais ce n'était pas si simple pour le président Macron de faire ce pas. Il n'avait pas tellement d'espace. Il ne bougera pas davantage", considère M. Franzini, chercheur en histoire associé à l'université Paris-Est de Marne-La-Vallée. "Elle est assez logique dans le périmètre républicain défini par le chef de l'Etat d'action sur les territoires à partir du centre qui consiste à octroyer certaines compétences aux collectivités territoires mais dans un cadre limité", poursuit-il.

"Ce n'est pas forcément une claque, mais ce n'est pas ce que demandaient les dirigeants corses qui voulaient une solution politique et une autonomie de plein exercice et de plein droit", ajoute le chercheur.

Le président de l'exécutif corse Gilles Simeoni a déploré un "discours en deçà des attentes et des enjeux, non seulement de la majorité territoriale, non seulement de l'ensemble des nationalistes, mais également d'une très grande majorité de Corses".

"Le président Macron a tout de même promis un effort financier considérable de l'Etat pour le développement économique de la Corse en insistant sur son ancrage au coeur de la Méditerranée et en mettant l'accent sur l'écologie", relève l'historien.

"Il y avait une opportunité inédite depuis plus de 40 ans pour tourner la page. Les élections de décembre ont montré l'attachement des Corses aux idées nationalistes, mais dans un climat de non violence. Le président Macron ne l'a pas forcément assez reconnu. Certaines de ses déclarations, mardi, concernant l'assassinat du préfet Erignac risquent de remettre de l'huile sur le feu", estime l'auteur d'"Un siècle de révolution corse".

"Les demandes des Corses s'inscrivent dans une configuration nouvelle, à un moment historique à l'échelle mondiale où les frontières sont remises en question, où les régions bougent, où les rapports de l'Europe et du monde se redessinent. Emmanuel Macron aurait pu saisir la nouveauté de cette demande et ne pas se rabattre sur la dénonciation d'un repli identitaire violent", ajoute-t-il.

"On peut s'attendre à des réactions, en particulier dans la jeunesse corse car une partie d'entre elle est très attachée aux idées nationalistes. Mais je pense que la société corse dans son ensemble n'a pas envie de retrouver un climat de violence", poursuit-il.

Interrogé par Xinhua sur l'éventualité d'un "piège catalan" évoqué par certains analystes, l'historien estime cette idée " très exagérée". "Les réalités en Catalogne et en Corse sont très différentes", insiste-t-il.

Concernant les relations entre l'Etat français et les dirigeants corses dans les prochains mois, le chercheur souligne qu'elles vont "prendre un coup de froid assez sérieux". "Le projet de révision constitutionnelle doit être soumis au Parlement au printemps. On va encore continuer à discuter mais Emmanuel Macron ne bougera pas d'un centimètre", ajoute-t-il.

Antoine Franzini relève enfin que le dossier corse reste l'otage de l'opinion publique, "en particulier parisienne qui est lasse du dossier corse".

Selon un récent sondage Elabe pour BFMTV, près de deux tiers des Français (64%) estiment que l'Etat ne doit pas accorder "ni plus ni moins d'autonomie" à la Corse. Les personnes interrogées se disent également massivement opposées à l'indépendance (74%).

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France: sur le dossier Corse, le président Macron ne bougera pas davantage (INTERVIEW)

Publié le 2018-02-08 à 21:55 | french.xinhuanet.com

PARIS, 8 février (Xinhua) -- L'universitaire Antoine Franzini, spécialiste de la Corse, relève que les annonces faites par le président français Emmanuel Macron sur l'Ile de beauté ne répondent pas aux attentes des dirigeants insulaires, mais il estime dans un entretien à Xinhua que le chef de l'Etat "ne bougera pas davantage".

M. Macron s'est ainsi dit mercredi favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution et à un travail sur la refonte de son article 72 sur l'organisation des collectivités, dans le cadre de la révision qu'il appelle de ses voeux. Il a également proposé aux dirigeants corses de lui faire des propositions visant à aller plus loin, en précisant qu'il faudrait "procéder à cette analyse dans le mois qui s'ouvre".

"L'inscription de la Corse dans la Constitution ne change pas forcément grand chose, mais ce n'était pas si simple pour le président Macron de faire ce pas. Il n'avait pas tellement d'espace. Il ne bougera pas davantage", considère M. Franzini, chercheur en histoire associé à l'université Paris-Est de Marne-La-Vallée. "Elle est assez logique dans le périmètre républicain défini par le chef de l'Etat d'action sur les territoires à partir du centre qui consiste à octroyer certaines compétences aux collectivités territoires mais dans un cadre limité", poursuit-il.

"Ce n'est pas forcément une claque, mais ce n'est pas ce que demandaient les dirigeants corses qui voulaient une solution politique et une autonomie de plein exercice et de plein droit", ajoute le chercheur.

Le président de l'exécutif corse Gilles Simeoni a déploré un "discours en deçà des attentes et des enjeux, non seulement de la majorité territoriale, non seulement de l'ensemble des nationalistes, mais également d'une très grande majorité de Corses".

"Le président Macron a tout de même promis un effort financier considérable de l'Etat pour le développement économique de la Corse en insistant sur son ancrage au coeur de la Méditerranée et en mettant l'accent sur l'écologie", relève l'historien.

"Il y avait une opportunité inédite depuis plus de 40 ans pour tourner la page. Les élections de décembre ont montré l'attachement des Corses aux idées nationalistes, mais dans un climat de non violence. Le président Macron ne l'a pas forcément assez reconnu. Certaines de ses déclarations, mardi, concernant l'assassinat du préfet Erignac risquent de remettre de l'huile sur le feu", estime l'auteur d'"Un siècle de révolution corse".

"Les demandes des Corses s'inscrivent dans une configuration nouvelle, à un moment historique à l'échelle mondiale où les frontières sont remises en question, où les régions bougent, où les rapports de l'Europe et du monde se redessinent. Emmanuel Macron aurait pu saisir la nouveauté de cette demande et ne pas se rabattre sur la dénonciation d'un repli identitaire violent", ajoute-t-il.

"On peut s'attendre à des réactions, en particulier dans la jeunesse corse car une partie d'entre elle est très attachée aux idées nationalistes. Mais je pense que la société corse dans son ensemble n'a pas envie de retrouver un climat de violence", poursuit-il.

Interrogé par Xinhua sur l'éventualité d'un "piège catalan" évoqué par certains analystes, l'historien estime cette idée " très exagérée". "Les réalités en Catalogne et en Corse sont très différentes", insiste-t-il.

Concernant les relations entre l'Etat français et les dirigeants corses dans les prochains mois, le chercheur souligne qu'elles vont "prendre un coup de froid assez sérieux". "Le projet de révision constitutionnelle doit être soumis au Parlement au printemps. On va encore continuer à discuter mais Emmanuel Macron ne bougera pas d'un centimètre", ajoute-t-il.

Antoine Franzini relève enfin que le dossier corse reste l'otage de l'opinion publique, "en particulier parisienne qui est lasse du dossier corse".

Selon un récent sondage Elabe pour BFMTV, près de deux tiers des Français (64%) estiment que l'Etat ne doit pas accorder "ni plus ni moins d'autonomie" à la Corse. Les personnes interrogées se disent également massivement opposées à l'indépendance (74%).

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